Sudan: Enfants soldats - un rapport de l'ONU cite notamment la Birmanie et le Soudan


[WASHINGTON, 30 Novembre 2006] - Selon l'ONU, la Birmanie et le Soudan sont deux des pays où le recours à des enfants soldats persiste bien que la communauté internationale leur ait demandé à plusieurs reprises de mettre fin à cette pratique. Ces deux pays figurent dans le rapport que le secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, a soumis au Conseil de sécurité et dans lequel il cite 38 groupes de 12 pays qui utilisent des enfants dans des conflits armés.

Lors d'un débat d'une journée, le 28 novembre, le Conseil de sécurité a examiné la situation et a condamné avec force l'enrôlement et l'utilisation d'enfants dans les conflits armés, les meurtres et mutilations d'enfants, les viols, les enlèvements et la privation d'aide humanitaire.

« Il importe que l'ONU, le Conseil de sécurité et nos États continuent de consacrer leur attention à la question des enfants dans les conflits armés, en particulier vu les estimations alarmantes selon lesquelles quelque 300.000 enfants participent à l'heure actuelle à une trentaine de conflits dans le monde entier », a dit la représentante des États-Unis chargée des affaires politiques spéciales, Mme Jackie Sanders.

Le sort des enfants soldats est particulièrement sombre en Birmanie, au Soudan, dans certaines régions de la République démocratique du Congo et dans le nord de l'Ouganda où sévit l'Armée de résistance du Seigneur. Cette dernière a enlevé près de 25.000 enfants, « qui sont souvent obligés de participer à des actes de violence extrême, notamment de battre ou de massacrer à coup de machette d'autres enfants qui avaient tenté de s'échapper. Des filles de 12 ans à peine sont données comme « épouses » à des commandants. »

On pense que la Birmanie est le pays qui compte le plus grand nombre d'enfants soldats. L'association Human Rights Watch a documenté l'enrôlement forcé de garçons âgés seulement de 11 ans dans l'armée nationale de la Birmanie, a dit Mme Sanders en ajoutant que les forces birmanes se servaient du viol des adolescentes et des femmes des minorités Shan, Karen, Karenni et autres comme instrument de guerre.

Bien que le régime militaire birman admette l'existence de l'enrôlement d'enfants et qu'il prétende avoir sanctionné cinq responsables et établi une commission en vue d'empêcher cette pratique, des informations continuent d'indiquer que le recrutement d'enfants soldats n'a pas cessé dans ce pays.

Au Soudan, aussi bien les forces armées soudanaises que l'Armée de libération du peuple soudanais recrutent des enfants. Au Darfour, les forces gouvernementales et paramilitaires, les milices djandjawids, la faction de l'Armée de libération du Soudan dirigée par Minni Minawi, et les forces d'opposition tchadiennes recrutent et utilisent des enfants. Selon M. Kofi Annan, « on estime que des milliers d'enfants sont encore associés avec les forces et les groupes armés au Darfour et ont joué un rôle actif dans le conflit entre mai et juillet 2006 ».

En outre, la pratique consistant à commettre des violences sexuelles sur des adolescentes et des femmes d'ethnies différentes persiste, en particulier dans les zones comptant de nombreuses personnes déplacées. D'après l'ONU, quelque 40 % des victimes ont moins de 18 ans, et un grand nombre de ces agressions sont effectuées par des soldats.

Mme Sanders a demandé au gouvernement du Soudan, qui est signataire de la Convention sur les droits de l'enfant et du protocole facultatif concernant la participation d'enfants aux conflits armés, d'accepter sa responsabilité pour l'enrôlement d'enfants soldats et de prendre immédiatement des mesures pour y mettre fin.

Pour sa part, l'association Human Rights Watch souhaite que le Conseil de sécurité prenne des mesures plus énergiques et qu'il applique des sanctions à ceux qui ont recours à des enfants soldats. M. Jo Becker, qui fait partie de cette association, a déclaré à ce propos : « Ces groupes continueront d'utiliser des enfants tant qu'ils n'en subiront pas les conséquences. Le Conseil de sécurité devrait se servir de son pouvoir pour punir les groupes qui ruinent la vie d'enfants vulnérables et pour leur appliquer des sanctions. »

Par ailleurs, malgré les mesures visant à mettre fin à l'exploitation sexuelle d'enfants par le personnel des forces de maintien de la paix de l'ONU, cette exploitation persiste, indique le rapport de l'ONU. De janvier 2004 à août 2006, des enquêtes portant sur 313 membres de ce personnel ont abouti au licenciement de 17 civils et au renvoi chez eux de 17 policiers et de 141 militaires. En outre, 85 autres affaires font encore l'objet d'une enquête.

Parmi les autres groupes armés qui ont recours à des enfants et qui sont cités dans le rapport de l'ONU figurent les Tamil Tigers au Sri Lanka, les Maoïstes au Népal, cinq groupes en République démocratique du Congo, des milices affiliées avec le camp présidentiel et les forces armées des Forces nouvelles en Côte d'Ivoire, l'Alliance pour le rétablissement de la paix et le contre-terrorisme et l'Union des tribunaux islamiques en Somalie, ainsi que des groupes de guérilla aux Philippines et en Colombie.

Mme Sanders a indiqué que les États-Unis appuyaient la surveillance active des États et des groupes armés cités dans le rapport de l'ONU, les pourparlers avec les États et les groupes armés en vue d'élaborer des plans visant à supprimer le recours à des enfants soldats, ainsi que la poursuite des efforts destinés à mettre fin à l'exploitation sexuelle des enfants.

Depuis 2001, les États-Unis ont consacré plus de 34 millions de dollars à la prévention du recrutement des enfants soldats et à la facilitation de leur démobilisation et de leur réinsertion sociale.

pdf: http://fr.allafrica.com/stories/200612010013.htmlAssociation: United States Department of State

Libellés : 

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.