BURUNDI : Banditisme armé et violences sexuelles sont en pleine recrudescence

BUJUMBURA, 17 May 2007 (IRIN) - Les violations des droits humains, et notamment les exécutions pedrpétrées par des bandits armés et les violences sexuelles infligées aux femmes et aux enfants, se poursuivent au Burundi malgré une amélioration du paysage politique, selon une organisation locale de défense des droits de l’Homme.

A l’occasion de la présentation du rapport annuel de la Ligue ITEKA (Ligue burundaise des droits de l'Homme), son directeur, Jean-Marie Vianey Kavumbagu, a déclaré que la mise en place du nouveau gouvernement, en 2005, aurait dû contribuer à améliorer la situation.

A l’inverse, du fait de la circulation continue d’armes au sein de la population civile et de la lenteur du programme de réinsertion sociale des combattants démobilisés, des actes de banditisme armé sont signalés chaque jour en 2007.

Le rapport, intitulé « Le défi d’asseoir une culture de démocratie, de tolérance et de bonne gouvernance », a été rédigé par la Ligue ITEKA et couvre l’année 2006. Il fait état de multiples cas d’exécutions sommaires et souligne la recrudescence alarmante des violences sexuelles, constatée pendant l’année. Y étaient cités 1 930 actes de violences sexuelles, perpétrés en 2006.

« Ce qui est préoccupant, c’est que la plupart des victimes sont des enfants de moins de 12 ans », a expliqué M. Kavumbagu à des journalistes à Bujumbura, la capitale, mardi dernier. « Contrairement aux années précédentes, au cours desquelles la violence sexuelle était principalement le fait de l’armée et des groupes rebelles, 63,2 pour cent des viols ont été imputés à des voisins [et] parfois à des membres de la famille proche ».

« Les cas d’inceste où des enfants sont violés par leur grand-père, leur père ou leur oncle sont fréquents », a-t-il ajouté.

La Ligue ITEKA a appelé les familles à ne pas soustraire des mains de la justice les auteurs de viol, citant le cas d’une victime de 12 ans dont le père avait accepté de retirer sa plainte en échange d’une somme compensatoire de 60 000 francs (60 dollars US), versée par le violeur.

Les nouveaux dirigeants sont responsables, selon le rapport

Le rapport critique également le nouveau gouvernement. « Les Burundais s’attendaient que les nouveaux dirigeants améliorent la situation en matière de droits humains [et] rompent avec un passé de violations massives », a expliqué M. Kavumbagu. « Or, au lieu de faire davantage d’efforts pour conclure les négociations avec le dernier mouvement rebelle, le FNL Palipehutu, ils se sont livrés à une chasse à l’homme pour tenter d’appréhender les individus soupçonnés de soutenir ce mouvement ».

Cela a engendré des violations massives des droits de l’homme, perpétrées par l’armée, les groupes rebelles et les agents des services de renseignements, a-t-il ajouté.

Le rapport appelle le gouvernement à conclure rapidement les négociations portant sur la mise en application d’un accord de paix avec le FNL Palipehutu, afin d’assurer une paix durable. Cela préserverait les civils du banditisme armé et permettrait de démasquer les responsables des exécutions sommaires qui continuent d’être perpétrées dans le pays, peut-on y lire.

Les autorités burundaises ont conclu un accord de paix avec le FNL Palipehutu le 7 septembre, mais cet accord n’a pas été pleinement respecté depuis que le mécanisme conjoint de vérification et de suivi a cessé ses activités, en mars 2007.

Le rapport fait état de cas d’exécutions extra-judiciaires de civils, commises dans les provinces de Muyinga et de Bujumbura Rural, dans le nord-est du pays. On peut y lire que la commission d’enquête mise en place par le ministère de la Justice n’a pas encore publié ses résultats.
Ismael Diallo est directeur de la division des droits de l’homme de l’Opération des Nations unies au Burundi. En novembre, il a averti que les violences sexuelles étaient fréquentes et que les tueries, les arrestations et la torture arbitraires se poursuivaient.

« La situation en matière de droits humains ne s’est vraiment pas améliorée depuis le précédent gouvernement ; elle est plus ou moins restée au même stade, exception faite des abus dont se rendent coupables les services de renseignements, qui, eux, se sont considérablement multipliés », a déclaré M. Diallo.

Bien que l’année 2006 ait été marquée par une censure de la liberté d’expression et par l’emprisonnement de journalistes, d’activistes de la société civile et de grandes figures de l’opposition, le rapport de la Ligue ITEKA précise que l’on constate une certaine amélioration des relations entre le gouvernement et la société civile.

Le Burundi vient à peine de se sortir d’un conflit civil qui aura duré 13 ans, au cours duquel les violations des droits humains étaient fréquentes. Le gouvernement actuel a remporté une victoire écrasante aux élections d’août 2005 en s’engageant à restaurer l’ordre

 

Informations supplémentaires:

pdf: http://www.irinnews.org/Report.aspx?ReportId=72219

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