AFGHANISTAN: Les enfants afghans en danger

KABOUL, 4 juillet 2008 (IRIN) - Les enfants ne souffrent nulle part ailleurs autant qu’en Afghanistan, selon un haut responsable des Nations Unies.

Radhika Coomaraswamy, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, a déclaré à la presse, à Kaboul, le 3 juillet, que pendant son séjour de six jours en Afghanistan, elle avait découvert qu’il fallait « beaucoup de temps à un enfant afghan pour sourire ». Le conflit afghan tue, mutile et touche de plus en plus d’enfants, a-t-elle indiqué.

Mme Coomaraswamy n’a pas communiqué de statistiques précises, mais elle a expliqué que le nombre d’enfants exploités à des fins militaires par les forces hostiles au gouvernement avait augmenté ces derniers mois. Des enfants sont également utilisés comme kamikazes dans les attentats-suicides menés par les Talibans, a-t-elle ajouté>

« C’est une situation terrible […] nous exhortons toutes les parties prenantes au conflit, avant tout les forces hostiles au gouvernement, à prendre les mesures nécessaires pour empêcher l’exploitation des enfants dans le cadre du conflit ».

Des enfants sont également enrôlés dans la police nationale afghane et dans les rangs des milices progouvernementales, où ils deviennent vulnérables aux sévices sexuels, selon Mme Coomaraswamy. « C’est illégal et cela devrait être éradiqué ».

« Des cibles faciles »

Selon les Nations Unies, des enfants sont détenus par toutes les parties belligérantes, mais nul ne sait exactement combien d’enfants se trouvent actuellement dans des centres de détention (même dans ceux des forces américaines et du gouvernement).

D’après le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), les enfants sont souvent encore plus en danger que les personnes directement impliquées dans le conflit.

« Les enfants sont des cibles faciles […] Ils sont particulièrement vulnérables à deux techniques utilisées par les insurgés en Irak, puis en Afghanistan : les attentats-suicides et les engins explosifs improvisés, également appelés bombes des bords de route », selon l’édition 2007 du rapport Child Alert de l’UNICEF.

Des enfants afghans ont également été tués, blessés, déplacés et traumatisés par « l’usage intensif des forces aériennes » par les forces internationales, toujours selon le rapport.

Attentats dans les écoles

Plus de six millions d’élèves sont désormais inscrits dans les écoles, dont près de 40 pour cent sont des filles, d’après le ministère de l’Education. Toutefois, de plus en plus d’attentats sont commis dans les écoles par des individus armés, associés aux insurgés talibans et à d’autres éléments hostiles au gouvernement, et ce phénomène menace sérieusement les progrès réalisés dans le secteur de l’éducation.

Au cours des 18 derniers mois, 311 attentats confirmés ont eu lieu dans des écoles, qui ont fait 84 morts et 115 blessés (parmi les écoliers, les enseignants et autres employés des établissements scolaires). Dans les régions où règne l’insécurité, des centaines d’écoles ont dû fermer, a rapporté l’UNICEF.

L’insécurité, les attitudes conservatrices et la pauvreté ont privé d’éducation plus de deux millions d’enfants en âge d’être scolarisés, principalement dans les provinces instables du sud et du sud-est du pays, selon les organisations humanitaires.

Un nouveau groupe de travail

Les responsables des Nations Unies à Kaboul ont indiqué qu’un rapport global sur le sort des enfants afghans touchés par le conflit serait soumis au Conseil de sécurité des Nations Unies en octobre 2008.

Mme Coomaraswamy a indiqué quant à elle que le but de sa visite en Afghanistan était de créer un groupe de travail chargé de gérer un Mécanisme de suivi et de notification (MRM) pour rendre compte au Conseil de sécurité de la situation quant aux « six graves violations » concernant les enfants et les conflits armés : « le meurtre ou les mutilations d’enfants ; le recrutement ou l’utilisation d’enfants comme soldats ; les viols et autres sévices sexuels graves infligés aux enfants ; les enlèvements d’enfants ; les attentats dans les écoles ou les hôpitaux ; le déni d’accès humanitaire aux enfants ».

Le groupe de travail responsable du MRM sera dirigé par les Nations Unies, mais il fera également intervenir les organisations non-gouvernementales (ONG) et le gouvernement, a indiqué Mme Coomaraswamy.

Plus de la moitié des quelque 26,6 millions de personnes que compte l’Afghanistan (soit environ 13,9 millions de personnes) ont moins de 18 ans, et près de six millions d’Afghans sont des enfants de moins de cinq ans, selon l’UNICEF.

L’Afghanistan affiche le deuxième taux de mortalité le plus élevé du monde chez les nourrissons, après la Sierra Leone, avec 165 décès pour 1 000 naissances vivantes, a rapporté l’UNICEF en juin.

Dans le cadre d’une étude réalisée à partir d’entretiens avec 2 250 enfants, plus de 42 pour cent d’entre eux ont également déclaré ne pas avoir accès aux services de santé les plus essentiels, a révélé un rapport publié en avril par la Commission indépendante afghane de défense des droits humains (CIADDH).

 

pdf: http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=79091

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