Comment parler aux enfants d'événements tragiques

Soumis par Louise le mer, 23/03/2016 - 12:09

[Le 17 novembre 2015] - Les enfants et les jeunes suivent l'actualité à la télévision, sur internet et d'autres médias. L'Ombudsman norvégien pour les enfants donne des règles de base sur la manière de communiquer avec les enfants lors d'événements dramatiques. Un point de départ pour appréhender les besoins des enfants dans de telles situations est d'admettre que les enfants ont, comme les adultes, besoin de comprendre ce qu'il se passe.

Cet article a été publié suite aux attaques de juillet 2011 en Norvège. CRIN l'a traduit et publié de nouveau suite aux attentas perpétrés par l'Etat Islamique dans de nombreux pays du monde.

Voir également :

Les conseils du groupe de presse Bayard jeunesse (Bayard, 14 novembre 2015)
Le document réalisé par le magazine Astrapi pour parler des attentats de Paris avec votre enfant
Le numéro du P'tit Libé sur les attentats (Libération)

L'ombudsman des enfants encourage les enfants et les jeunes perturbés ou qui ressentent le besoin de parler à quelqu'un, de discuter des événements avec leurs parents ou des adultes en qui ils ont confiance.

Les enfants suivent l'actualité

Les enfants et les jeunes suivent l'actualité à la télévision, sur internet et par d'autres médias. Un point de départ pour appréhender les besoins des enfants lors d'événements dramatiques est d'admettre que les enfants ont, exactement comme les adultes, besoin de comprendre ce qu'il se passe.

Les actualités sont adressées aux adultes

Lorsqu'une situation de crise est rendue publique, la description de l'actualité par les médias vise un public composé d'adultes, et non d'enfants. En tant qu'adultes, notre rôle le plus important au lendemain d'événements dramatiques est donc de rester attentif, et d'être de bons relais de l'information pour les enfants et les jeunes.

Bien sûr, les médias ont également une grande part de responsabilité pour garantir que les enfants ne soient pas confrontés à des détails sordides et au pire de la souffrance humaine.

Quelques règles de bases sur la manière de communiquer avec les enfants dans de telles situations :

Recevez ouvertement les questions que les enfants se posent sur ce qu'il s'est passé. Ces questions peuvent porter sur les individus qui ont perpétré ces actes aussi terribles, et pourquoi ils l'ont fait, ainsi que sur les conséquences que pourra avoir l'événement.
Répondez aux questions de manière honnête et vraie, mais d'une façon adaptée à l'âge de l'enfant. La réponse doit porter sur la question que se pose l'enfant. Evitez d'élaborer des mensonges pour protéger les enfants, mais il n'est pas, pour autant, toujours nécessaire de tout dire. Il peut être adapté de protéger les enfants d'images explicites diffusées par les médias, de manière à éviter de les exposer à des sentiments qu'ils pourraient avoir du mal à gérer.
Plus les enfants sont proches de ceux qui ont été affectés, plus il est probable qu'ils auront besoin d'en parler. S'ils ne connaissent pas de personne touchée par l'événement, les enfants doivent être autorisés à penser qu'un événement dramatique ne les concerne pas tant que ça.
Soyez attentifs aux réactions émotionnelles des enfants. Ils peuvent avoir peur, être anxieux, en colère ou triste, et il est important pour eux que les adultes comprennent comment ils vont. Evitez de demander directement à un enfant ce qu'ils ressent. Dites lui plutôt que vous pensez qu'il a l'air anxieux ou triste, si c'est effectivement ce que vous pensez, ou bien parlez plus généralement du fait qu'il est normal de réagir à un tel événement. Donnez lui l'opportunité de parler de ce qu'il ressent s'il le souhaite, mais évitez de lui donner l'impression qu'il devrait être plus ému qu'il ne l'est.
Les enfants discutent souvent des choses sur des périodes plus courtes. Ils peuvent ensuite intégrer ce qu'ils ont appris dans leurs jeux, et continuer d'y faire face par cet intermédiaire. Pour les enfants, le jeu a la même fonction que le langage pour les adultes : c'est un outil pour gérer et maîtriser leurs émotions. Si l'événement apparaît dans les jeux de l'enfant, il n'y a pas de raison de s'inquiéter dans un premier temps. Au contraire, il s'agit d'une réaction saine et naturelle.

Signes alarmants

Certains enfants peuvent être plus affectés que d'autres, et peuvent réagir si fortement qu'ils peuvent par la suite éprouver des difficultés. Les signes les plus importants dans ce cas sont les suivants :

Problèmes de concentration
Troubles du sommeil
Changements dans le comportement de l'enfant, indiquant par exemple un état d'anxiété ou d'agressivité, ou encore un comportement normalement associé à un âge plus jeune que celui de l'enfant : par exemple, si l'enfant mouille son lit ou a peur d'aller se coucher seul.
Cauchemars à propos de l'événement, ou images mentales involontaires perturbantes et récurrentes.

Face à ce type de réactions, il est crucial que l'enfant sache qu'il peut parler à quelqu'un de ce qui le perturbe. Il peut également s'avérer nécessaire de chercher l'aide d'un professionnel, de manière à ce que l'enfant puisse tourner la page sur ces événements et ne pas souffrir de problèmes psychologiques sur le long terme.

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