Tchad : l'offensive rebelle presente le risque de represailles ethniques

Les parties en conflit doivent proteger tous les civils

[NNEW YORK, 13 avril 2006] - Le gouvernement tchadien, les groupes rebelles et leurs partisans a Khartoum doivent garantir que leurs forces ne s'attaquent pas a des civils ou a des groupes ethniques, a declare Human Rights Watch aujourd'hui. Des rebelles cherchant a evincer le president tchadien Idriss Deby sont entres dans N'Djamena, la capitale, dans la matinee du 13 avril.

Parmi les civils en danger se trouvent les 200 000 refugies soudanais qui vivent dans des camps dans la partie est du Tchad, ou les combats se poursuivent le long de la frontiere. Sont egalement en danger les membres du groupe ethnique des Zaghawa, une minorite transfrontaliere au Tchad et au Soudan qui a fait l'objet des attaques du gouvernement soudanais et de ses milices "Janjawid" au Darfour.

"Les commandants rebelles et gouvernementaux doivent ordonner a leurs troupes de proteger tous les civils, quelle que soit leur appartenance ethnique," a declare Peter Takirambudde, directeur executif de la division Afrique a Human Rights Watch. "S'attaquer a des civils et prendre pour cible des groupes ethniques sont des actes defendus par les lois de la guerre."

Le droit international humanitaire, et en particulier le Protocole II aux Conventions de Geneve sur les conflits armes internes, que le Tchad a ratifie en 1997, interdit tant aux forces armees gouvernementales qu'aux groupes rebelles de mener des attaques contre des civils et de menacer des personnes sur la base de leur appartenance ethnique. L'Article 13 stipule que "les populations civiles et les individus civils doivent beneficier d'une protection generale contre les dangers decoulant d'operations militaires" et "ne doivent pas faire l'objet d'attaques. Les actes ou menaces de violence dont le principal objectif est de repandre la terreur parmi la population civile sont interdits."

La principale offensive contre N'Djamena semble etre menee par une coalition rebelle tchadienne, le Front Unique pour le Changement Democratique au Tchad (FUC), basee au Darfour voisin et soutenue par le gouvernement soudanais.

L'offensive sur la capitale a jusqu'ici largement contourne les camps de refugies dans la partie est du Tchad. Cependant, si les rebelles tchadiens allies avec Khartoum prennent le controle de la region frontaliere, les camps de refugies peuvent etre vulnerables aux attaques des milices Janjawid soutenues par le gouvernement soudanais, qui ont lance des raids transfrontaliers de plus en plus frequents au cours des derniers mois.

"La crise interne du Tchad est etroitement liee au conflit du Darfour," a affirme Takirambudde. "La communaute internationale doit mettre Khartoum en garde qu'il sera tenu pour responsable en cas d'abus commis contre des civils par ses partisans."

Le President Idriss Deby, qui a pris le pouvoir grace a un coup d'etat militaire lance depuis le Darfour en 1990, est membre du groupe ethnique des Zaghawa, tout comme de nombreux membres du groupe rebelle du Darfour, l'Armee/Mouvement de Liberation du Soudan (SLA/M).

Autrefois allie du gouvernement soudanais, Deby doit faire face a une opposition nationale croissante ces six derniers mois, y compris de la part de personnes appartenant a son propre clan des Zaghawa.

A l'interieur du Soudan, le gouvernement soudanais a attaque particulierement les Zaghawa au Darfour et dans les medias, utilisant son controle sur les medias pour les accuser de vouloir une "grande terre Zaghawa" et attisant ainsi contre eux les autres groupes ethniques.

"L'instabilite au Tchad presente le risque de nouvelles represailles ethniques au Tchad et au Darfour," a declare Takirambudde. "Etant donne les liens avec le Darfour, les membres de l'ethnie Zaghawa peuvent etre particulierement en danger."

Les relations entre le Tchad et le Soudan se sont profondement deteriorees a la fin de 2005. Les rebelles du Darfour utilisaient depuis longtemps la partie est du Tchad comme base logistique de ravitaillement et recevaient le soutien d'officiers tchadiens. En decembre, les rebelles tchadiens abrites par le gouvernement soudanais au Darfour ont attaque des bases militaires a l'Est du Tchad.

En fevrier, les Soudan et le Tchad ont accepte de normaliser les relations et ont autorise 100 controleurs militaires de l'Union Africaine a patrouiller leur frontiere commune. Les controleurs de l'Union Africaine ont a peine commence a se deployer.

Human Rights Watch a decrit en fevrier l'augmentation des attaques menees au Tchad contre des civils depuis le Darfour dans "Le Darfour saigne : les recentes violations transfrontalieres au Tchad." Human Rights Watch a publie des rapports depuis 2004 detaillant les crimes contre l'humanite, "le nettoyage ethnique," et les crimes de guerre commis par les forces gouvernementales soudanaises contre des civils au Darfour.

pdf: http://www.hrw.org/french/docs/2006/04/13/chad13173.htm

Pays: 
Libellés : 

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.