MAROC: Hausse "effarante" des agressions sexuelles sur des enfants

L'augmentation du nombre d'agressions sexuelles sur les enfants au Maroc est "effarante", selon l'ONG marocaine "Touche pas à mon enfant", qui cite un taux de progression "choquant et dangereux" par rapport à 2007.

L'association affirme avoir recensé 306 cas d'agressions sexuelles sur des enfants en 2008, un chiffre six fois supérieur à celui contenu dans un document de la "Coalition contre les abus sexuels sur les enfants" (collectif d'ONG des Droits de l'Homme) pour le premier semestre 2007.

Dans un rapport rendu public mardi, "Touche pas à mon enfant" souligne que "les cas déclarés par les familles des victimes (...) ne constituent qu'un infime pourcentage des abus commis". Cela s'explique, ajoute l'ONG, par "la sensibilité de cette question au sein d'une société conservatrice comme la nôtre".

"Les agressions sexuelles sont, au Maroc, comme dans beaucoup d'autres sociétés, entourées d'une chape de silence quasi total" car elles sont considérées comme "un sujet tabou", note le rapport, et "même les victimes des sévices sexuels et leurs proches n'osent pas en parler".

"L'augmentation des chiffres déclarés de la pédophilie au Maroc ne signifie pas une augmentation des victimes mais (le fait) qu'on est en train de casser des tabous", a pour sa part relativisé la ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité Nouzha Skalli.

"La pédophilie a toujours existé au Maroc, a-t-elle déclaré à l'AFP. Le fait qu'elle soit révélée au grand jour par les medias et les ONG (...) ne signifie nullement une augmentation directe du nombre des victimes de la pédophilie".

Selon Najat Anwar, présidente fondatrice de l'ONG, "l'augmentation des chiffres de la pédophilie en 2008 est due au développement d'internet, de la persistance du phénomène des 'petites bonnes' et au tourisme sexuel".

"Les données du rapport ont été recueillies par l'Association, a-t-elle insisté dans un entretien à l'AFP, et ne reflètent en aucun cas la réalité au Maroc. Ce ne sont que les cas que l'association a rencontrés".

"Les enfants issus de familles marocaines pauvres sont la cible la plus exposée et convoitée des agressions", ajoute ce rapport, le premier du genre depuis la création de "Touche pas à mon enfant" en 2004.

Il apparaît également que les filles "sont plus exposées aux agressions sexuelles que les garçons" et que la tranche d'âge la plus vulnérable est celle des 0 à 8 ans, selon l'étude.

Les agressions "ont souvent lieu dans le milieu familial" et en des endroits réputés sûrs comme la maison, l'école ou un club sportif. "Les grandes villes sont les foyers des agressions et exploitation sexuelles sous toutes leurs formes en raison du tourisme sexuel, du travail des enfants, de la croissance du nombre d'enfants abandonnés", indique encore le rapport.

"Touche pas à mon enfant" estime que "les faibles sanctions" prises par la justice à l'encontre des agresseurs d'enfants "encouragent la pérennité des agressions".

L'ONG recommande "une implication des autorités compétentes, telles que la police et autres organismes" ainsi que "l'adoption de lois adaptées pour éradiquer ce phénomène".

"Touche pas à mon enfant" appelle aussi au "renforcement des sanctions" dans la législation pénale marocaine.

pdf: http://www.romandie.com/infos/news2/090519161911.dvu49lj3.asp

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