Soumis par crinadmin le
Summary: La cour d'appel de Kénitra a condamné lundi, à 30 ans de prison ferme, un Espagnol accusé de pédophilie. Un précédent dans l'histoire de la justice marocaine dans ce type d'affaire, et une victoire pour toutes les victimes et les associations de défense des droits de l'enfant. Ces dernières appellent aujourd'hui à travailler main dans la main pour lutter en amont contre ce phénomène.
(Le 3 mai 2011) - La cour d'appel de Kénitra a condamné lundi, un ressortissant espagnol à 30 ans de prison ferme pour pornographie et abus sexuels sur une dizaine d'enfants âgés entre 2 et 15 ans. Dans ce type d'affaire, c'est une première au Maroc qu'un criminel soit condamné à une peine aussi lourde, qu'il soit marocain ou étranger. Pour les étrangers par exemple, “on les laissait libres en général, leur demandant seulement de quitter le pays” selon Khadija Ryadi, Présidente de l'AMDH. Nul doute donc que ce verdict redonnera espoir aux nombreuses associations de protection de l'enfance qui s'étaient fortement mobilisées dans cette affaire dont le procès durait depuis six mois. D'ailleurs, le dernier sit-in organisé par l'association “Touche pas à mon enfant” devant la cour d'appel de Kénitra, remonte au 28 mars dernier. Un sit-in auquel avaient pris part plusieurs représentants de la Ligue marocaine de la citoyenneté et des droits de l'Homme, de l'Union des jeunes avocats de la capitale du Gharb, de l'Association marocaine des droits de l'Homme, des artistes et des sportifs, pour dénoncer le laxisme de la justice à l'encontre des accusés. Fin d'un laxisme? Phénomène en recrudescence depuis 2005 notamment, les associations de protection de l'enfance et de droits de l'Homme ont toujours dénoncé le laxisme juridique qui entoure cette problématique. Est-ce que d'autres peines aussi lourdes suivront? Peut-être, peut-être pas. Mais selon Maître Rachid Belarbi, avocat au barreau de Kénitra qui a plaidé pour la cause des victimes, il s'agit là, d'un "jugement sans équivoque qui adresse des messages clairs aux pédophiles qui exploitent les enfants, et d'autre part à l'Etat qui doit revoir sa copie en matière de lutte contre la pédophilie et le tourisme sexuel". Par ailleurs, c'est l'une des rares fois où un dossier de pédophilie est traité en cour d'appel et non en 1ère instance, ce qui prouve la gravité de l'acte. La législation marocaine, même si elle comporte encore quelques lacunes, prévoit pourtant des peines assez sévères à l'encontre des accusés de viols ou de pédophilie: de 5 à 10 ans, de 10 à 20 ans si la victime est mineure, de 20 à 30 ans en cas de circonstances aggravantes. "La loi est là, sévère. Le problème réside dans son application car les juges s'en fichent et condamnent les coupables d'abus sexuels sur enfants à des peines qui vont de un à trois ans de prison, comme pour de simples vols", confie une militante associative. Aujourd'hui, la justice marocaine a pris ses responsabilités mais la lutte contre la pédophilie n'est pas seulement une affaire qui concerne la justice, précise Najat Anwar. Prévenir et sensibiliser "La lutte contre la pédophilie concerne à la fois les institutions gouvernementales, les ONG, les partis politiques et les médias", explique-t-elle. "C'est maintenant qu'il faut commencer à travailler ensemble pour réduire ce phénomène de manière considérable parce qu'il ne s'agit plus seulement de donner des peines lourdes aux coupables, mais il y a un véritable devoir de prévention et de sensibilisation à faire", ajoute Mme Anwar. Maître Belarbi abonde également dans ce sens. “Le Maroc a signé et ratifié la Convention internationale des droits de l'enfant mais dans les faits, l'application fait défaut. Certes la loi est sévère mais aujourd'hui, ce dont nous avons le plus besoin, c'est d'une véritable stratégie de protection de l'enfance et cela commence avant tout par de la prévention.” Maître Rachid Belarbi Pour rappel, fin 2010, le département du Développement social a créé pas moins de quatre unités de protection de l'enfance contre toutes les formes de violence et d'exploitation dans les villes de Marrakech, Casablanca, Tanger et Meknès. Est-ce suffisant pour autant? Sûrement pas. Plus d'informations:
pdf: http://www.aufaitmaroc.com/societe/faits-divers/2011/5/3/un-verdict-exem...