Des familles protègent des enfants sans-papiers

Summary: Un réseau populaire formé de familles et d'enseignants français a commencé à cacher et à protéger des immigrés illégaux et leurs enfants menacés d'expulsion.

[PARIS, 23 juin 2006] - La démarche intervient au lendemain de l'adoption par le gouvernement français de mesures énergiques contre les immigrés illégaux.

Le gouvernement de centre-droit a accordé aux enfants sans-papiers une amnistie, qui prolonge leur séjour en France jusqu' à la fin de l'année scolaire, qui touche bientôt à sa fin.

Il y a 400000 immigrés illégaux en France, parmi lesquels figurent 50000 enfants scolarisés.

Un rêve lointain

Parmi les familles menacées d'expulsion, celle d'Aldini venue de la République démocratique du Congo, il y a cinq ans, pour fuir la guerre civile.

Aldini et son frère Alexis dessinent ce qu'ils aimeraient avoir avant tout: une maison.

Mais pour le moment, il ne s'agit que d'un rêve lointain.
Pendant les deux dernières années, ces enfants, âgés de 7 et 9 ans, ont été obligés de changer de domicile à plusieurs reprises, après que les autorités françaises eurent refusé le droit d'asile à leur mère.

Mais, la police française s'est rendue dans leur école pour tenter de les expulser de force. Par chance, les enfants n'étaient pas là.

Le cas de Juliette et de ses deux fils n'est pas isolé.

A travers la France, un réseau officieux a été mis en place par des familles françaises, horrifiées par la menace d'expulsion qui plane sur les enfants sans-papiers et qui se disent prêtes à les cacher dans leur maison, loin de leurs parents, pour empêcher la police de les expulser.

En vertu de la loi française, il serait illégal d'expulser des enfants sans leurs parents et vice-versa.

Le « Réseau Educations sans Frontières » a promis de poursuivre le combat pour la régularisation des sans-papiers. Ainsi, des familles ont pris en charge des enfants menacés d'expulsion à l'approche de la fin du trimestre et de l'expiration de l'amnistie qui suspendait les expulsions.

Vivre dans la peur.

La question de l'immigration clandestine est devenue un champ de bataille politique entre la gauche et la droite à l'approche de l'élection présidentielle prévue l'année prochaine.

L'opposition socialiste accuse le gouvernement de renforcer la loi sur l'immigration afin de tenter de gagner l'électorat d'extrême droite, bien que le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, ait declaré que les autorités françaises pourraient se montrer clémentes dans quelque 800 cas, dans lesquels des enfants d'immigrés clandestins n'ont aucun lien avec leur pays d'origine.

Mais le "Réseau Education Sans Frontières" affirme que cette démarche ne pourra en rien aider les enfants comme Aldini et Alexis, ajoutant que plusieurs dizaines de milliers d'autres enfants continuent à vivre dans la peur d'être expulsés vers des pays qu'ils connaissent à peine.

Il semble désormais que, plus le gouvernement français de centre-droit adopte des mesures énergiques contre les immigrés illégaux, plus la gauche se mobilise pour résister et plus le nombre d'enseignants qui s'engagent à encourager le respect des valeurs républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité augmente. Des valeurs qui, selon les enseignants de France, doivent encore être défendues aujourd'hui.

Pour l'instant, ils ont trouvé un refuge. Ils habitent chez leur ancienne institutrice, qui risque la prison pour les avoir hébergés. Pour elle, la France a le devoir d'aider ceux qui sont dans le besoin.

"Pendant la seconde guerre mondiale, des gens ont risqué leur vie pour en cacher et en protéger d'autres, ils étaient plus courageux que nous aujourd'hui," ajoute l'enseignante.

" Mais même si nous risquons la prison ou une amende pour nos actes, nous devons parfois enfreindre la loi et contrecarrer l'action du gouvernement à l'encontre des ces personnes. Nous ne pouvons pas juste fermer la porte derrière nous et considérer que ces gens n'existent pas".

Ils ont été merveilleux.

La mère d'Alexis et Aldini affirme que ces enfants sont trop jeunes pour se rappeler leur fuite de la République Démocratique du Congo et que la France est le seul pays qu'ils connaissent.

De même qu'ils ne se souviennent pas de leur père, un prisonnier politique qui était détenu à Kinshasa et qui est décédé aussitôt après sa libération.

Pour Julienne, la mère des deux enfants congolais, sans l'aide de l'institutrice, la famille n'aurait pas trouvé les moyens de survivre.

"Ils ont été merveilleux, dit-elle, les larmes aux yeux. Ils nous ont soutenu financièrement, moralement, physiquement, à tout point de vue.

« Mais j'ai peur, c'est dur de vivre comme ceci, toujours caché. Nous ne pouvons pas retourner au Congo. Notre vie est ici maintenant, depuis cinq ans. Mon mari est mort. Nous n'avons plus rien là-bas».

Owner: Caroline Wyatt et Vénuste Nshimiyimanapdf: http://www.bbc.co.uk/french/highlights/story/2006/06/060623_franceimmigr...

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