Cameroun: Mutilations génitales : Bientôt une loi contre cette pratique au Cameroun ?

Summary: Les 20 femmes députées à l'Assemblée Nationale du Cameroun entendent organiser une descente sur le terrain pour évaluer l'ampleur de cette pratique déshumanisante, ce qui pourrait déboucher sur la proposition d'un projet de loi pour lutter contre ce fléau.



[DOUALA, 13/06/2006]-De nombreuses femmes ont versé des larmes jeudi dernier, à l'hémicycle du palais des verres de Ngoa-Ekélé. Venues participer à une campagne de sensibilisation des femmes députés de la nation sur les méfaits de la mutilation génitale, elles n'ont pas pu retenir leurs larmes pendant le témoignage d'une victime de cette pratique humiliante et déshonorante. Cette dernière raconte qu'elle a subi cette torture alors qu'elle venait de mettre au monde son premier enfant. Il était question de lui enlever l'appétit sexuel, et de la transformer en "véritable femme". Une autre victime dit stoïquement avoir consacré sa vie à consommer la Guinness, dans l'espoir de retrouver à travers cette "drogue" son désir sexuel, soustrait par la main perfide de sa mère génitrice.

Selon les statistiques de l'Organisation des nations unies (Onu), 20 % de femmes Camerounaises sont victimes de la mutilation génitale. Les zones les plus réputées pour cette pratique son Ejaghan et Boki dans le département de la Manyu, province du Sud-Ouest, la communauté Arabe Choa dans l'Extrême Nord et quelques villages de la province de l'Est. Tout se joue alors que l'enfant a encore entre une et deux semaines. Un âge qui ne lui permet pas de s'opposer à cette pire forme d'animalisation de l'être humain. A Ejaghan dans le Sud-Ouest, près de 600 femmes ont été mutilées ces trois dernières années. C'est pour attirer l'attention des femmes parlementaires sur cette violation des droits fondamentaux de la femme, que la Cameroon Young Jurists Legal Resource Center (CYJuLeRC), une jeune association créée en 2003 et installée à Buea, a organisé cette campagne. Reportages vidéo et photo ont ainsi été présentés aux députés à l'Assemblée Nationale. Tout ceci agrémenté de témoignages vivants inédits.

L'honorable Rose Abunaw Agbor, députée Rdpc et vice-présidente de l'Assemblée Nationale n'en revient pas. Après avoir visionné ces reportages, elle a aussitôt marqué sa détermination à soutenir la lutte contre ce fléau. " Les 20 femmes députées à l'Assemblée Nationale de notre pays ont été profondément touchées par cette pratique. Mais puisque nous ne pouvons rien entreprendre sans observer nous-mêmes, je me propose dans les jours qui viennent de saisir mon patron qui est le président de l'Assemblée Nationale. Lorsqu'il va nous donner le quitus, nous allons descendre sur le terrain avec lui pour rencontrer les actrices de cette pratique et les victimes. Les représentants de toutes les organisations pouvant nous aider dans cette lutte seront associés à cette descente. Ce n'est qu'au retour et au regard des constats dégagés sur le terrain que nous pourrons envisager de proposer un projet de loi dans ce sens ", confie la vice-présidente de l'Assemblée Nationale qui envisage ce périple peu après le 15 juillet. Les filles victimes de cette honteuse pratique courent également de nombreux risques d'infection. D'autant que les mêmes ciseaux peuvent être utilisés pour plusieurs personnes, sans que l'on ne prenne le soin de les stériliser. " La chose la plus gênante, c'est que la douleur est grande pendant cette opération. L'on peut en juger par l'écoulement continu du sang. Parfois même après la mutilation, certaines filles chutent et se retrouvent sur un lit d'hôpital en train de recevoir du sang. De telles pratiques peuvent d'ailleurs entraîner la stérilité totale ", explique l'honorable Rose Abunaw Agbor.

Créée en 2003, la Cyjulerc qui regroupe essentiellement des juristes, est une association qui ambitionne de défendre les droits bafoués des enfants et des femmes. Elle a été financièrement soutenue dans son initiative visant à lutter contre la mutilation génitale par la coopération canadienne. " En 1977, l'Organisation Mondiale de la Santé a pris une résolution pour planifier l'éradication de ce fléau. Il était question de donner 10 ans aux pays concernés pour sensibiliser les communautés. Le Cameroun a signé cette convention. Mais depuis, rien n'est fait. Aucune loi n'a été adoptée. Voilà pourquoi nous sommes venues vers les parlementaires parce qu'elles sont mieux placées pour résoudre ce problème ", déclare Mme Ayuk Esther, la présidente de l'association.

Informations supplémentaires

Owner: Joseph Flavien Kankeupdf: http://fr.allafrica.com/stories/200606130817.htmlAssociation: Le Messager

Pays: 
Libellés : 

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.