CONFLITS ARMÉS : la Colombie

Summary: Ce document d’information présente un contexte historique du conflit armé en Colombie et son impact sur les enfants.

Le contexte historique

Le conflit interne

Violations des droits de l’homme

Sources


Le contexte historique

Bien qu’il s’agisse de la plus ancienne démocratie d’Amérique Latine, la Colombie est ravagée depuis plusieurs décennies par un violent conflit impliquant des groupes armés hors-la-loi et des cartels de la drogue impliqués dans de graves violations des droits de l’homme. Le pays a été affaibli par la présence des trois branches de la cordillère des Andes, la division de la société par intérêts de classe et un gouvernement qui ne parvient pas à exercer un contrôle efficace sur de grandes parties de son territoire. Les forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) représentent le groupe le plus ancien et le plus important parmi les insurgés d’extrême-gauche. Il constitue également l’une des armées de guérilla les plus riches au monde. Ce groupe a été créé en 1964 dans le but de renverser le gouvernement en place pour y installer un régime Marxiste. Dans les années 1990, les forces paramilitaires d’extrême-droite se sont attaquées au groupe d’insurgés. Au cours de la même période, un nouveau groupe d’insurgés est apparu : l’Armée de libération nationale (ELN) avec ses centaines de kidnappings et ses attaques sur les infrastructures comme les oléoducs.

Depuis 2002, le gouvernement a repris le contrôle d’une bonne partie du territoire occupé par les insurgés, suscitant l’espoir que le conflit touchait à sa fin. En novembre 2012, les Farc et le gouvernement ont débuté des négociations de paix sur six enjeux principaux : la réforme agraire, la participation politique, le désarmement des insurgés, le trafic de drogue, les droits des victimes et la mise en oeuvre de l’accord de paix. Peu après cette annonce, le leader de l'Armée de libération nationale (ELN) a fait savoir que son groupe était également intéressé par une négociation de paix avec le gouvernement.

Le conflit interne

L’origine de la guerre civile

Le conflit armé interne en Colombie remonte à la période de « La Violencia », suivant l'assassinat du leader du front populaire, Eliécer Gaitán, le 9 avril 1948. La période de la Violencia dura au moins 10 ans, pendant lesquels les deux partis politiques officiels, les conservateurs et les libéraux, étaient en conflit. On estime que la violence a coûté la vie à au moins 200 000 personnes. Le conflit prit fin en 1958 avec la signature de l’accord de partage de pouvoir, connu sous le nom de « Front National » (de 1958 à 1974), qui élimina la concurrence politique. Cette situation suscita la répression et des attaques envers toute activité politique hormis celles des deux partis officiels, dont les communistes ont le plus souffert.

Les attaques contre les enclaves communistes donnèrent naissance à une douzaine de mouvements de la guérilla de gauche entre 1960 et 1970, ce qui obligea le gouvernement à s’engager dans une campagne militaire prolongée. Figuraient parmi les acteurs les plus importants, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), l'Armée de libération nationale (ELN) et le mouvement M-19.

Les activités des guérillas ont engendré l’apparition d’organisations paramilitaires d’extrême droite, à savoir les Forces unies d'autodéfense de Colombie (AUC). Bien que niées par le gouvernement, des accusations ont été avancées quant au lien entre ces organisations paramilitaires et l’Etat, livrant guerre aux guérillas et protégeant les propriétaires, barons de la drogue et hommes d’affaires, des attaques et enlèvements par la guérilla.

En réalité, il semblerait que bon nombre des personnes impliquées, appartenant aux rebelles de gauche comme aux paramilitaires de droite, soient employées par des cartels de la drogue et des hommes d’affaires – qui, les uns comme les autres, reçoivent le soutien de la police ou de l’armée colombienne. Ironiquement, les États Unis distribuent une aide au gouvernement colombien dont le but déclaré serait de renforcer la démocratie et de lutter contre le trafic de stupéfiants et le terrorisme.

Les accords de paix et la nouvelle menace

Les négociations de paix incitèrent le mouvement M-19 à conclure un accord initial de cessez-le-feu avec le gouvernement en 1990, puis de nouveau en 2006, ce qui provoqua la démobilisation d’environ 32 000 membres des AUC. Cependant, le gouvernement n’a jamais vérifié si tous les membres des AUC avaient effectivement été démobilisés, et a échoué à démanteler les réseaux criminels du groupe et son système de soutien. Par conséquent, certains groupes ou certaines sections n’ont jamais été démobilisés, d’autres se sont réarmés après le processus, ce qui leur a permis de former de nouveaux groupes.

En novembre 2015, le gouvernement colombien et les Farc ont annonc que l’accord de paix devrait être signé le 23 mars 2016 au plus tard, avec seulement un dernier point à négocier concernant le désarmement et la démobilisation. Les Farc ont accepté de rendre leurs armes dans les soixante jours suivant la signature. Ce traité de paix mettra un terme à plus de cinq décennies de conflit interne. Cependant, les définitions imprécises et le potentiel recours à l’amnistie font craindre que certains responsables de violations des droits de l’homme, échappent à la justice. Les Farc et le gouvernement ont accepté de créer une « Juridiction spéciale pour la Paix », qui aura compétence pour juger toute personne directement ou indirectement impliquée dans la commission de « crimes graves » lors de leur participation au conflit armé. Les personnes admettant leur responsabilité pour la commission de crimes graves seront condamnés à une peine de « restriction de libertés » allant de 5 à 8 ans et pourront ainsi échapper à la prison. L’objectif principal étant la recherche de « responsabilité », il semble certain que la majorité des violateurs des droits de l’homme échappent à la justice puisque le terme n’a pas été correctement défini.

Enfin, malgré l’affaiblissement des insurgés et la démobilisation officielle des forces paramilitaires, de nouveaux gangs sont apparus dans le but de reprendre le trafic de drogues autrefois diriger par les paramilitaires. Ces gangs constituent la principale nouvelle menace en Colombie.

Les violations des droits de l’homme

L’impact humain du conflit est énorme, avec au moins 50 000 morts et un nombre important de personnes déplacées à l'intérieur de son territoire, l’un des plus importants dans le monde. La plupart de ces personnes déplacées ont, par ailleurs, disparu. En décembre 2014, six millions de personnes étaient considérées comme déplacées à l’intérieur du territoire, dont 35% d’enfants.

Attaques contre l’éducation

Selon le rapport du Représentant Spécial du Secrétaire Général pour les enfants et les conflits armés, en 2014, il a été relevé 12 cas d’écoles endommagées par des tirs croisés ainsi que 11 cas d’écoles utilisées à des fins militaires par les parties au conflit. En mai 2014, les forces armées ont découvert 76 bouteilles à gaz entreposées par les insurgés dans une école, mettant ainsi la vie des enfants en danger. De plus, la présence d’unités des forces armées à proximité ou devant des écoles pendant les heures de classe a mis les locaux scolaires et les enfants en danger. Les enseignants ont également été l’objet de menaces de la part des FARC ou de l’ELN. En 2014, trois enseignants ont été tués par des groupes armés non identifiés.

Recrutement d’enfants soldats

En 2014, l’ONU a confirmé 343 cas de recrutement et d’utilisation d’enfants par des groupes armés. La même année, 198 enfants avaient été recrutés par les FARC, 52 par l’ELN et le reste par des groupes démobilisés et d’autres groupes armés.

Le 12 février 2015, les Farc ont annoncé qu’ils avaient relevé l’âge du recrutement à 17 ans, constituant toujours une violation de la CDE et de son Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.

La majorité des enfants recrutés par les gangs sont ensuite vus comme des criminels par l’État et non comme des victimes. Les gangs recrutent de jeunes enfants, souvent âgés d’une dizaine d’années, dans toutes les parties de la ville qu’ils contrôlent.

Meurtres et mutilations d’enfants

En 2014, l’ONU a relevé au moins neuf enfants tués et 60 grièvement blessés. Des enfants, principalement des filles, ont également été victimes d’actes de violence sexuelle commis par des membres de groupes armés, notamment de groupes démobilisés, et dans certains cas par des membres des forces armées nationales.

Violence contre les enfants

En 2015, le Comité des droits de l’enfant s’est inquiété des actes de torture et d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants commis à l’égard des enfants par les agents du gouvernement et/ou par les insurgés. Il s’est également préoccupé de la hausse des faits de violence contre les enfants commis par les gangs dans les rues.

Selon Human Rights Watch, les gangs sont connus pour abuser sexuellement des filles - dans le but de faire passer un message à leur famille ou de les punir pour avoir refuser de devenir la petite-amie de l’un d’entre eux.  

Information complémentaire sur les violations persistantes exercées à l’égard des enfants en Colombie :

Sources :

Insight on conflict

http://www.insightonconflict.org/conflicts/colombia/conflict-profile/

Amnesty International

https://www.amnesty.org/en/latest/news/2015/09/colombia-agreement-must-guarantee-justice-for-the-millions-of-victims-of-the-armed-conflict/

UN articles

https://childrenandarmedconflict.un.org/countries/colombia/

http://tbinternet.ohchr.org/_layouts/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRC/C/COL/CO/4-5&Lang=En

Human Rights Watch

https://www.hrw.org/news/2015/03/04/colombia-new-killings-disappearances-pacific-port

BBC articles

http://www.bbc.co.uk/news/world-latin-america-11400950

http://www.bbc.co.uk/news/world-latin-america-31449443

http://www.bbc.co.uk/news/world-latin-america-34338208

 

Mis à jour le 4 Décembre 2015

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