Un petit nombre de pays tient en otage le sommet des Nations unies sur les droits humains, la sécurité et la pauvreté (6 Septembre 2005)

Summary: Déclaration conjointe d'Amnesty International,
de Human Rights Watch, d'OXFAM
International et de l'appel mondial à agir
contre la pauvreté.


Amnesty International, Human Rights Watch et Oxfam International lancent
un appel à un petit nombre de pays « causeurs de troubles » pour qu’ils
cessent de tenir en otage le sommet des Nations unies à propos de
mesures cruciales concernant les droits humains, la sécurité, les actes de
génocide et la réduction de la pauvreté. Ces gouvernements ont provoqué
une crise dans les négociations sur le projet de déclaration finale, à
quelques jours seulement de la plus grande réunion de dirigeants
mondiaux de l’histoire, qui doit se tenir à New York du 14 au 16 septembre.

Les trois organisations, ainsi que l’Appel global à agir contre la pauvreté,
plus grand mouvement de lutte contre la pauvreté, ont déclaré que les
actions d’un petit nombre de pays menaçaient de saborder le sommet. Les
objections élevées par certains de ces États semblent avoir pour but de
bloquer l’adoption d’un accord significatif plutôt que de renforcer le courant
actuel ou de soulever des préoccupations légitimes. La façon de faire de
ces pays varie selon les sujets, mais à elles toutes, leurs actions sont en
train d’affaiblir sérieusement les projets d’accord sur le Conseil des droits
humains, la réduction de la pauvreté ou la prévention des actes de
génocide, en dépit du soutien d’une majorité de gouvernements en faveur
de ces mesures.

Oxfam s’inquiète particulièrement de voir qu’un petit nombre de pays sont
déterminés à bloquer une mesure historique en préparation concernant la «
responsabilité [des gouvernements] de protéger les civils », qui pourrait
empêcher à l’avenir que ne se reproduisent des génocides tels que ceux du
Rwanda. Les pays essayant de bloquer cette mesure sont l’Inde, l’Égypte,
l’Algérie, le Pakistan, le Vénézuéla, Cuba, l’Iran, la Syrie et la Russie. Les
États-Unis essaient également d’affaiblir la mesure en proposant à présent
de remplacer « l’obligation » de protéger par « la responsabilité morale ».

« Les gouvernements africains faisant pression en faveur de l’adoption
d’une mesure visant à prévenir les actes de génocide demandent au
monde d’agir, a déclaré Nicola Reindorp, qui dirige le bureau new-yorkais
d’Oxfam. Pourtant un petit groupe de gouvernements « causeurs de
troubles » semble déterminé à briser tout espoir d’accord sur un agrément
qui pourrait sauver des vies. »

La proposition de créer un nouveau Conseil des droits humains faisant
davantage autorité, siégeant tout au long de l’année, apte à traiter de la
question des droits humains dans tous les pays et disposant d’un véritable
mandat pour pouvoir faire face à toutes les situations en matière de droits
humains, doit être l’une des principales réalisations de ce sommet. Une
écrasante majorité d’États de toutes les régions du monde l’ont approuvée.
Amnesty International et Human Rights Watch ont exprimé leur
préoccupation, cependant, face au blocage exercé par une quinzaine de
pays, menés par Cuba et comprenant le Vénézuéla, le Myanmar, le
Turkménistan, le Pakistan, la Biélorussie, le Vietnam et la Syrie qui
empêchent toute avancée concernant cette importante réforme.

« La possibilité de voir un petit nombre d’États, affichant un bilan
profondément préoccupant en matière de droits humains, bloquer la
création d’un organisme de défense des droits humains plus efficace, a un
côté ironique mais surtout honteux », a déclaré Peggy Hicks, directrice en
charge de la campagne de sensibilisation mondiale de l’organisation
Human Rights Watch.

« Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants attendent de ce sommet
quelque chose de mieux que des négociations sans scrupules sur les droits
humains, a déclaré Yvonne Terlingen, représentante d’Amnesty
International auprès des Nations unies. Seule une réforme forte et
ambitieuse peut dépasser la politique politicienne, le double système de
valeurs et la sélectivité qui ont terni l’image de la Commission actuelle des
droits de l’homme. Les dirigeants du monde doivent se comporter en
visionnaires et avec hardiesse pour ne pas gaspiller cette occasion
unique. »

Les États-Unis ont également proposé de supprimer certains passages
concernant la réduction de la pauvreté, notamment ceux relatifs à l’aide au
développement à l’étranger, à l’éducation et à l’allègement de la dette et
de rayer du texte l’expression « Objectifs de développement du
Millénaire » - sur lesquels la communauté internationale s’est mise d’accord
dans le but de faire diminuer de moitié la pauvreté dans le monde. En
outre, les États-unis veulent supprimer toute référence à des contrôles
concernant les armes de petit calibre dans le document final.

« Nous courons maintenant le danger réel de voir les engagements
qu’avaient pris certains gouvernements il y a cinq ans, à propos de la
réduction de la pauvreté, remis gravement en cause au sommet des
Nations unies, a déclaré Kumi Naidoo, qui préside l’Appel mondial à agir
contre la pauvreté. Nous ne pouvons permettre que des pays en voie de
développement soient poussés à donner leur accord à un document final
qui lèsera la majorité des peuples. »

Complément d’information :

Responsabilité de protéger : cette mesure impliquerait que les
gouvernements s’accordent à reconnaître qu’il leur incombe de protéger
les civils face à des actes de génocide, crimes contre l’humanité, nettoyage
ethnique et crimes de guerre, lorsque le gouvernement des pays
concernés n’a pas la volonté ou la capacité de le faire. Parmi les pays
tentant de bloquer cette mesure figurent l’Égypte, l’Algérie, le Pakistan, le
Vénézuéla, l’Inde, la Russie, Cuba, l’Iran et la Syrie. Les États-Unis ne
veulent pas se retrouver dans l’obligation d’agir dans ce cas de figure. La
majorité des États, notamment le Groupe des États africains, l’Union
européenne, le Chili, l’Argentine, le Pérou, le Japon, Singapour, l’Australie,
la Nouvelle-Zélande et le Canada sont favorables à ce que le sommet
entérine cette « responsabilité de protéger ».

L’Appel mondial à agir contre la pauvreté est la plus importante coalition de
lutte contre la pauvreté dans le monde. Ensemble, les organisations qui en
font partie représentent plus de 150 millions de personnes dans le monde.
La campagne vise à réaliser une avancée marquante dans la lutte contre la
pauvreté en 2005. Elle s’adresse aux dirigeants du monde, leur
demandant de «s’éveiller » et de prendre des mesures concrètes aux
Nations unies pour parvenir aux objectifs de développement du Millénaire
et mettre fin à la pauvreté une fois pour toutes.

Les objectifs de développement du Millénaire sont au nombre de huit. Plus
de 190 gouvernements les ont approuvés en 2000. Ils visent à
l’éradication de la pauvreté grâce à l’action des pays développés et des
pays en voie de développement. Ils se concentrent principalement sur
l’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim, la possibilité pour tous de
suivre un cycle d’éducation primaire, la promotion de l’égalité entre
hommes et femmes, la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de
la santé des mères, la lutte contre le VIH/sida, la malaria et autres
maladies qu’il est possible de prévenir, l’assurance d’un environnement
durable et la mise en place d’un partenariat mondial pour le
développement. Le premier objectif de développement du Millénaire, qui
était d’arriver à un nombre égal de filles et de garçons scolarisés d’ici 2005,
est déjà manqué.

Source: www.amnestyinternational.be/doc/article.php3?id_article=5879 -

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