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Summary: Les insurgés d’Al-Shabab ont empêché des milliers de personnes qui fuyaient les régions somaliennes frappées par la sécheresse d’accéder à l’aide humanitaire à Mogadiscio ; ils les ont emmenés de force à 50 kilomètres au sud de la capitale, dans un camp de fortune où l’aide est extrêmement limitée.
[Le 7 septembre 2011] - « Ces gens voulaient aller à Mogadiscio pour obtenir de l’aide. Et au lieu de cela, ils ont été amenés ici, » a dit un journaliste de Mogadiscio qui s’est rendu au camp K50 où vivent actuellement 45 000 réfugiés dans des abris inadéquats, sous la menace croissante de la maladie et de la faim. « Ces gens sont devenus des pions. Je ne crois pas qu’ils comprennent pourquoi ils ne reçoivent pas la même attention que les réfugiés de Mogadiscio, » a t-il ajouté, en demandant, comme la plupart de ceux qui parlent d’Al-Shabab, à garder l’anonymat. Tandis qu’à Mogadiscio, des centaines de milliers de personnes ont accès à de la nourriture et à d’autres formes d’aide humanitaire – malgré la multiplication des postes de contrôle aux mains des miliciens – l’insécurité empêche de nombreuses agences humanitaires internationales d’atteindre les zones extérieures à la capitale, même des zones aussi proches que le K50. Un travailleur humanitaire de la capitale a dit à IRIN qu’Al-Shabab empêchait les personnes déplacées (DPI) d’atteindre la ville « pour deux raisons : d’abord ils ne veulent pas abandonner la zone qu’ils contrôlent. Deuxièmement, ils ne veulent pas donner l’impression d’être incapables d’aider les démunis et le départ de ceux-ci est une façon d’admettre qu’ils n’ont pas confiance dans le groupe [d’Al-Shabab]. » Dans l’enceinte du camp K50, « se trouvent quelque 7 500 familles [45 000 personnes]. Ces gens sont confrontés à de nombreux problèmes, dont la faim, la pénurie d’eau, le manque d’abris et de très mauvaises conditions d’assainissement, » a dit à IRIN un travailleur humanitaire somalien travaillant dans le camp. « Leur santé se détériore de jour en jour, » a t-il ajouté. Quand ils arrivent, surtout de Bay et de Bakool, deux régions du sud frappées par la sécheresse, « beaucoup de gens souffrent de malnutrition et arrivent avec des enfants qui sont eux aussi malnutris. Le jour où j’étais dans le camp, a t-il dit, six enfants sont morts et certains jours, il en meurt encore davantage. » Dans son rapport du 5 septembre, l’Unité d’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition de l’ONU (FSNAU) a indiqué qu’au moins quatre millions de personnes étaient en situation de crise en Somalie, « dont 750 000 qui risquent la mort dans les quatre prochains mois en l’absence d’une réponse adéquate. » Selon la FSNAU, des dizaines de milliers de personnes sont déjà mortes, dont plus de la moitié étaient des enfants. « Si le niveau de réponse reste le même qu’actuellement, la famine devrait encore s’étendre au cours des quatre prochains mois. » Les enfants les plus sévèrement touchés Il a indiqué qu’il y avait eu une épidémie de rougeole et de diarrhée dans le camp. « Certains enfants, en arrivant ici, souffrent déjà de nombreuses affections dues à leur état de faiblesse. » M. Abdi a dit que la clinique manquait « pratiquement de tout. Nous avons besoin de médicaments et de travailleurs sanitaires supplémentaires. Les besoins sont trop importants, et l’aide si réduite. » Il a jouté qu’il n’y avait que deux médecins pour s’occuper des 45 000 habitants du camp, « qui ont tous besoin d’une manière ou d’une autre d’une assistance médicale immédiate. » Pour M. Abdi, le plus urgent serait d’avoir un centre de nutrition thérapeutique dans le camp. « Une grande partie des enfants qui arrivent ici sont si faibles qu’ils ne sont pas capables de se nourrir normalement. » Le Cheikh Abdullahi Sheikh Ali, membre du comité local de lutte contre la sécheresse qui assiste les personnes déplacées, a dit que les agences humanitaires désirant aider pouvaient le faire à par l’intermédiaire du comité. « Nous nous assurerons que toute assistance destinée [aux DPI] leur parvienne. » Il a indiqué que certaines agences fournissaient des rations mensuelles aux personnes déplacées. « La situation s’est un peu améliorée, mais les besoins demeurent. » « Il faut nous faire confiance pour la distribution [de l’aide]. Je ne sais pas quelle garantie supplémentaire je peux donner. »
Shafie Mohamed Abdi, un médecin volontaire qui organise une clinique dans le camp K50, a dit à IRIN que presque tous les enfants du camp souffraient de malnutrition et de maladies liées à la famine. « De nombreuses femmes enceintes et mères allaitantes meurent également de faim. »