SOMALIE: L’accès humanitaire autorisé dans les zones aux mains d’Al-Shabab

Summary: Alors que l’on signale de plus en plus de décès d’enfant causés par la malnutrition, le groupe d’opposition somalien Al-Shabab a autorisé plusieurs organisations humanitaires à se rendre dans certaines zones qu’il contrôle, dans la région centre-sud du pays, notamment en Basse Shabelle, l’une des deux régions que les Nations Unies ont déclarées en situation de famine.

[Le 27 juillet 2011] - Depuis le 24 juillet, les responsables de l’organisation non gouvernementale (ONG) internationale Kuwait Direct Aid, ainsi que ceux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant Rouge distribuent des vivres en Basse Shabelle. 

Les Nations Unies ont déclaré la famine dans les régions de Bakool et de Basse Shabelle le 20 juillet, précisant que dans l’ensemble du pays, 3,7 millions de personnes (soit la moitié de la population) étaient touchées par la crise, dont quelque 2,8 millions dans le sud du pays. 

Le taux de malnutrition s’élève à 30 pour cent dans le sud, atteignant 50 pour cent dans certaines régions de Bakool et de Basse Shabelle. Les taux de mortalité les plus élevés atteignent plus de six morts pour 10 000 par jour, selon les statistiques du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

D’après l’UNICEF, la malnutrition grave affecte un enfant sur cinq dans la plupart des régions du sud, et un enfant sur trois dans les régions les plus touchées, notamment dans celle de Bay. 

Toujours selon l’UNICEF, la malnutrition aiguë touche désormais 780 000 enfants (340 000 enfants atteints de malnutrition sévère et 440 000 de malnutrition modérée), contre 476 000 en janvier (103 000 enfants atteints de malnutrition sévère et 373 000 de malnutrition modérée), et 82 pour cent de tous les enfants atteints de malnutrition aiguë - soit 640 000 – (310 000 cas de malnutrition aiguë sévère et 330 000 cas de malnutrition aiguë globale) vivent dans le sud. 

Les centres nutritionnels 

Mohamed Bashir Ibrahim, directeur de Kuwait Direct Aid, a expliqué à IRIN que l’ONG avait ouvert deux centres nutritionnels en Basse Shabelle, qui offrent leurs services à 24 000 enfants de moins de 15 ans. L’organisme dirige désormais des centres nutritionnels dans trois régions du sud, a-t-il ajouté. 

« Avec la collaboration de plusieurs autres organisations, nous nous sommes rendus en Basse Shabelle en mai 2011 pour évaluer la situation dans la région ; nous nous sommes intéressés à 15 villages, soit 4 800 familles », a expliqué M. Ibrahim. « Nous avons découvert que 70 pour cent des enfants de moins de cinq ans étaient atteints de malnutrition aiguë. Ensuite, nous avons contacté les autorités de la région pour leur expliquer qu’il fallait ouvrir ces centres nutritionnels ». 

« Nous avons été renvoyés vers l’administration régionale d’Al-Shabab, qui nous a par la suite autorisés à ouvrir deux centres de nutrition en Basse Shabelle. Au début, on prévoyait de nourrir au moins 500 enfants par jour dans chaque centre de nutrition, situés à Kurtunwarey et à Bulo-Mareen, mais le nombre a augmenté pour atteindre quelque 1 800 enfants de tous âges, y compris des femmes enceintes et des mères allaitantes. Aujourd’hui, en moyenne, les centres accueillent chaque jour au moins 800 personnes ». 

Le 22 juillet, Ali Mohamed Rage (Ali Dhere), porte-parole d’Al-Shabab, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Mogadiscio que la situation dans le centre-sud de la Somalie n’était pas aussi grave qu’on le laissait entendre. M. Rage a également déclaré que certaines organisations humanitaires avaient accepté d’opérer dans les zones sous le contrôle du groupe. 

« Si certaines organisations n’ont pas été autorisées à opérer dans les régions sous notre contrôle, c’est parce qu’elles ne font pas d’humanitaire ; ce qu’elles font, en fait, c’est de la politique », a expliqué M. Rage.

Le 24 juillet, les responsables du CICR et du Croissant Rouge ont distribué des vivres à 24 000 personnes, à Bardhere, dans la région de Gedo, dans le centre-sud de la Somalie. 
Etat des lieux 

« L’évaluation que nous menons depuis deux mois a révélé qu’au moins 10 à 15 personnes (dont une majorité d’enfants) mouraient chaque jour dans les régions du centre-sud frappées par la sécheresse. Environ un tiers des personnes touchées par la sécheresse sont déjà arrivées à Mogadiscio ; un autre tiers a franchi les frontières éthiopienne, kenyane et yéménite, et la majorité du tiers restant se compose de personnes mourantes ou trop faibles pour quitter leur domicile et partir ailleurs », a déclaré le Conseil de la société civile dans un communiqué.

Le groupe a appelé les organisations humanitaires à aider en priorité ce dernier groupe de population. 

Selon M. Ibrahim de Kuwait Direct Aid, la situation est de plus en plus grave dans les régions de Bakool et de Basse Shabelle, toutes deux aux mains d’Al-Shabab. 

« Nous prévoyons désormais d’ouvrir d’autres centres nutritionnels à Sablale, à Dacaraha, à Qoryolay et dans les villages situés le long du fleuve, afin de nourrir environ 12 000 personnes vulnérables dans ces régions », a indiqué M. Ibrahim. « Chaque jour, au centre de Dhobley, que nous avons ouvert la semaine dernière, nous nourrissons environ 150 enfants atteints de malnutrition». 

Mogadiscio, Mohamed Abdi Hussein, journaliste local, a déclaré à IRIN que l’ONG Muslim Aid avait distribué des secours à 5 000 familles la semaine dernière, notamment de l’huile de cuisine, du riz, du sucre et de la farine. La plupart des familles vivent dans des quartiers de la ville tombés aux mains d’Al-Shabab, principalement dans les camps de déplacés de Km50. 

pdf: http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?reportid=93343

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