SOMALIE: Aide d'urgence pour les enfants sous-alimentés de Mogadiscio

Summary: Sur les quelque 14 000 enfants mal nourris présents dans les 50 camps de la capitale somalienne, qui accueillent les personnes déplacées par la sécheresse, au moins un millier se trouvent dans un état critique ; les responsables gouvernementaux ont lancé un appel pour recevoir une aide immédiate.

[Le 26 juillet 2011] - « Selon les éléments recueillis par le ministère et ses organisations partenaires, les camps de Mogadiscio, qui accueillent les personnes déplacées en raison de la sécheresse, comptent quelque 14 000 enfants souffrant de malnutrition sévère », a dit à IRIN Aden Ibrahim, le ministre de la Santé du gouvernement fédéral de transition (TFG) somalien. 

« Le ministère se concentre sur les enfants de moins de cinq ans, car la plupart d’entre eux souffrent de maladies telles que la rougeole, la diarrhée, la malnutrition, etc. ». 

Selon le dernier communiqué du centre de presse du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), plus d’un demi-million d’enfants sévèrement malnutris se trouvent en danger de mort imminente dans la Corne de l’Afrique. L’agence a indiqué que l’accès à la nourriture des populations devait être immédiatement amélioré. 

L’UNICEF a indiqué qu’en Somalie, « les taux de mortalité de la population sont supérieurs aux taux qui permettent de décréter l’état de famine, ils ont dépassé les deux décès pour 10 000 personnes par jour ou les quatre décès d’enfants pour 10 000 enfants par jour. En Somalie, sur un total de 3,7 millions de personnes ayant un besoin urgent d’aide alimentaire, on compte jusqu’à 1,85 million d’enfants.. Cela représente une augmentation de 85 pour cent depuis la mi-2010, et une augmentation de plus de 35 pour cent, ou un million de personnes, depuis janvier dernier ». 

L’agence a indiqué qu’il était nécessaire d’assurer un approvisionnement rapide en nourriture afin de stabiliser la situation critique des enfants et des familles qui se déplacent. 

« Le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë est passé de 476 000 en janvier à 780 000, et 82 pour cent d’entre eux se trouvent dans le sud – où l’on comptabilise 640 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë », a indiqué l’UNICEF. « Les taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans sont supérieurs à quatre décès pour 10 000 enfants par jour dans toutes les zones du sud où des données ont pu être obtenues, et atteignent 13 à 20 décès pour 10 000 enfants par jour dans les zones fluviales et agropastorales de Basse Shabelle ». 

L’agence a ajouté : « Il a été très difficile, mais pas impossible, de mettre en œuvre les opérations humanitaires, car les essais pour accéder au sud se multiplient. L’UNICEF continuera à travailler avec le gouvernement, les agences des Nations Unies, les organisations non gouvernementales (ONG) internationales et un réseau de partenaires nationaux compétents en 2011 afin de répondre aux besoins urgents de 1,85 millions d’enfants ». 

Des hôpitaux débordés 

Selon Lul Mohamoud Mohamed, la directrice de l’hôpital Banadir – le plus important de Mogadiscio – le nombre d’enfants malnutris augmente quotidiennement, à un rythme alarmant. 

« En raison de l’augmentation du nombre d’enfants malnutris à Mogadiscio et du fait que l’hôpital couvre une partie importante de la ville, le nombre de kits nutritionnels est suffisant pour ce mois-ci seulement ; le mois prochain, nous n’aurons plus de kits nutritionnels », a-t-elle dit. 

L’hôpital Banadir est l’un des deux hôpitaux qui accueillent les enfants malnutris, dont la plupart viennent du sud de Mogadiscio. 

« L’hôpital SOS est le second établissement qui accueille les enfants à Mogadiscio, au nord de la ville », a dit Mme Mohamed. « Au sud, où se trouvent la plupart des personnes déplacées, seul l’hôpital Banadir propose des soins aux enfants malnutris ». 

Selon un rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, des données scientifiques ont montré que la sous-alimentation chronique au cours des deux premières années de la vie d’un enfant entraîne des dommages irréversibles, ce qui veut dire que les enfants ne développeront peut-être jamais pleinement leur potentiel mental et physique. 

« Un enfant de moins de deux ans chroniquement privé de la nutrition dont il a besoin subit des dommages mentaux et physiques irréversibles », a indiqué le PAM. « Cette carence nutritionnelle le rend plus vulnérable à la maladie toute sa vie durant et fait de lui un membre moins productif de la société. En outre, pendant les situations d’urgence, la vulnérabilité des enfants augmente et il en va de même pour l’incidence des maladies, ce qui constitue une double menace envers la santé et le bien-être des personnes ». 

L’agence a ajouté que les enfants ayant souffert de malnutrition chronique quand ils étaient petits courent un grand risque d’être atteints plus tard d’affections chroniques telles que diabète et maladies cardiovasculaires. 

L’école est finie 

Entre temps, les enfants d’âge scolaire des familles pauvres de Mogadiscio ne vont plus à l’école, car la ville ne compte aucun établissement public. 

Hussein Shire Jima'ale, un enseignant de l’école privée Muqdisho Primary School de Mogadiscio, a dit à IRIN : « La ville compte des centaines d’écoles privées ; les frais de scolarité varient ; ainsi, les collèges demandent entre 10 et 12 dollars par élève par trimestre, tandis que les écoles primaires demandent de 7 à 10 dollars par élève par trimestre. 

« Cela a affecté les enfants de Mogadiscio ; je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles les enfants se retrouvent dans la rue, car leurs familles n’ont connu que la violence et les déplacements au cours de ces 20 dernières années et n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité ». 

M. Jima'ale a dit que le gouvernement avait « un certain » contrôle sur seulement trois écoles, qui accueillent 700 élèves ; « toutes les anciennes écoles publiques sont maintenant des établissements privés ». 

pdf: http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?reportid=93328

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