Pédophilie: l'ONU épingle l'inaction du Vatican

[Le 16 janvier 2014] - Le Comité de l'ONU pour les droits des enfants a demandé jeudi au Vatican d'expliquer les mesures prises pour lutter contre la pédophilie dans l'Eglise, après plusieurs scandales que le Saint-Siège est accusé d'avoir cherché à étouffer et minimiser. "Quels changements ont été apportés au code de conduite pour prévenir ces abus sexuels? Quelles sanctions ont été prises contre les clercs ayant eu une conduite inappropriée?", a demandé une des expertes du Comité, Sara Oviedo. "Quelles actions ont été prises pour affronter ce problème et changer la situation? Qu'en est-il de la coopération avec les autorités locales? Qu'en est-il des réparations pour les victimes?", a-t-elle poursuivi. 

"Nous savons que des progrès ont été faits", mais "est-ce que les enfants (...) ont la possibilité d'être entendus, surtout s'il s'agit de victimes?", a-t-elle ajouté, demandant s'il existait un mécanisme au sein de l'Eglise pour permettre aux enfants de faire part des violences sexuelles dont ils peuvent être l'objet. 

"L'Eglise veut devenir un exemple de bonne conduite"

Elle a également demandé à la délégation du Vatican de donner plus d'informations sur les membres et les objectifs de la Commission pour la protection des mineurs dont la création a été annoncée en décembre 2013. Le Vatican, qui a pris la parole en premier lors de la session, a pour sa part défendu son action devant l'ONU en matière de lutte contre la pédophilie dans l'Eglise. "Ceux qui commettent des abus se trouvent parmi les membres des professions les plus respectées, et malheureusement, y compris par les membres du clergé et parmi d'autres représentants de l'Eglise", a déclaré le représentant du Vatican auprès des Nations unies à Genève, Silvano Tomasi. "L'Eglise catholique veut devenir un exemple de bonne conduite", a-t-il assuré. 

"Il n'y a aucune excuse pour toute forme de violence ou d'exploitation des enfants", a-t-il dit, soulignant que selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) 150 millions de filles et 73 millions de garçons avaient été victimes de violences sexuelles (statistiques de 2006). "La réponse du Saint-Siège au triste phénomène des abus sexuels sur mineurs a été articulée à divers niveaux", a-t-il expliqué aux experts. Il a rappelé que le Vatican avait ratifié la Convention des droits de l'enfant en 1990, et ses protocoles - dont l'un concerne la pornographie infantile - en 2000. Il a également souligné, sans détailler, que le Saint-Siège avait formulé des "directives" en la matière pour faciliter le travail des églises locales. Ces dernières ont elles aussi développé des recommandations pour éviter les abus, a-t-il dit, citant la Charte pour la protection des enfants et des jeunes adoptée par l'Eglise catholique américaine en 2005. 

Refus de répondre à un questionnaire

La session de Genève survient à un moment où la pédophilie dans l'Eglise fait encore la une dans plusieurs affaires : la direction du mouvement conservateur des Légionnaires du Christ, encore discrédité par le scandale de pédophilie dans lequel est impliqué son fondateur, le père mexicain Marcial Maciel, est réunie pour procéder à sa refonte. 

Le Saint-Siège a notamment refusé en décembre au Comité de l'ONU de répondre à un questionnaire envoyé en juillet concernant les dossiers de pédophilie sur lesquels la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi (CDF, ancien Saint-Office) enquête. Le Vatican estime que son enquête ecclésiastique doit être tenue secrète pour protéger témoins et victimes, et qu'il n'est pas compétent pour la collaboration entre Eglise et justices nationales. 

Deux conceptions s'opposent : celle des associations de victimes qui considèrent que le Vatican devrait être tenu pour responsable pénalement des crimes de ses évêques et de ses prêtres. Celle du Vatican qui juge qu'il n'est pas responsable d'actes commis dans les diocèses.

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avec l'AFP

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