Soumis par Louise le
[Le 2 août 2016] - Victime d'une agression sexuelle en mai dernier, une jeune mexicaine âgée de 14 ans n'a pas été autorisée à avorter. Le juge a décidé de requalifier le crime en «attentat à la pudeur», qui est un délit mineur…
«Un délit mineur»
«Le procureur avait qualifié cette affaire de viol, mais le juge, par une manœuvre légale, a transformé ce crime en attentat à la pudeur, ce qui est un délit mineur», a expliqué à l'AFP Alex Alí Méndez, avocat de GIRE. «Cela retire à cette jeune fille le droit à l'avortement, qui est autorisé par le Code pénal de Sonora en cas de viol», a-t-il ajouté. L'association et ses avocats sont en train d'étudier la possibilité d'un recours contre cette décision. «Il est possible que la victime devra se rendre à Mexico pour pouvoir avorter», a commenté Regina Tamés, qui a qualifié cette probabilité d'«absurde». Elle a rappelé que le Mexique, parmi les membres de l'OCDE, détenait le triste record concernant les abus sexuels à l'encontre des enfants âgés de moins de 14 ans.
«C'est le pays de l'impunité totale»
Elle avait 13 ans, lorsqu'en mai dernier, l'adolescente a été violée. C'était les vacances scolaires, et elle était seule chez elle. L'agresseur était un collègue de travail de son père. Accompagnée de ses frères, la victime est immédiatement allée porter plainte. Un examen médical a mis en évidence «des traces de violence et un état de stress post-traumatique». Pourtant, à aucun moment le personnel médical ne lui a proposé la contraception d'urgence. Elle n'a pas non plus été informée sur un éventuel traitement qui permet d'éviter les maladies sexuellement transmissibles. «Au Mexique, bien que la loi autorise les petites filles victimes de viol à mettre un terme à leur grossesse, les autorités leur disent: «Tu dois garder l'enfant»», regrette la directrice de l'association GIRE. «C'est le pays de l'impunité totale. Parfois, ces gamines meurent durant l'accouchement, mais les autorités continuent malgré tout de se réjouir de ces naissances».
Depuis le 24 avril 2007, la capitale du Mexique autorise l'avortement sans restrictions, jusqu'à douze semaines de grossesse. Toutefois, les jeunes filles mineures ont besoin d'obtenir le consentement de leurs parents. Au-delà de cette limite, l'avortement est passible de trois à six mois de prison. En juin dernier, la Cour suprême mexicaine avait rejeté un projet visant à dépénaliser l'avortement. Arturo Zaldivar, le membre de la Cour suprême qui en était à l'initiative, avait déclaré que l'article 334 du code pénal mexicain constituait «une véritable discrimination envers la santé des femmes.» Avec ce projet de loi, il souhaitait élargir les possibilités d'avortement à des femmes souffrant d'autres pathologies, et déclarer inconstitutionnelles les peines de prison en cas d'avortement illégal. La Cour a tout de même reconnu que la question de l'avortement était au coeur des problématiques actuelles du Mexique. Elle a laissé entendre qu'une nouvelle proposition pourrait être élaborée et débattue, dans les prochains mois.
Fin juillet, l'ONU a interpellé l'État de Veracruz sur une réforme dans la loi sur l'avortement, qui vise à «garantir le droit à la vie dès la conception».
L'organisation a estimé qu'il s'agissait d'une régression contraire à la constitution mexicaine et aux droits des femmes.