Soumis par crinadmin le
Summary: Au Maroc, près de 10% des enfants de 5 à 14 ans travaillent pour faire vivre leur famille et 30’000 sont employés comme domestiques. Au-delà de ces chiffres, pour ces domestiques, une réalité implacable s’impose: chaque année, des petites bonnes meurent des suites de tortures. La semaine dernière, la mort de la jeune Fatima a bouleversé les esprits. Ce dernier drame en date oblige Terre des hommes et ses partenaires de terrain à poursuivre le combat et à poser cette simple question : combien d’enfants assassinés faudra-t-il encore pour que la situation évolue au Maroc ?
Au Maroc, près de 10% des enfants de 5 à 14 ans travaillent pour faire vivre leur famille et 30’000 sont employés comme domestiques. Ces filles et garçons se retrouvent souvent bien loin de chez eux et ne bénéficient d’aucune protection. Bien que le travail des enfants de moins de 15 ans soit interdit dans le pays, dans la vallée du Souss, il est encore fréquent de croiser des enfants travaillant dans les champs agricoles ou envoyés en milieu urbain comme "petites bonnes". Au-delà de ces chiffres, pour ces domestiques, une réalité implacable s’impose: chaque année, des petites bonnes meurent des suites de tortures. La semaine dernière, la mort de la jeune Fatima a bouleversé les esprits. Ce dernier drame en date oblige Terre des hommes et ses partenaires de terrain à poursuivre le combat et à poser cette simple question: combien d’enfants assassinés faudra-t-il encore pour que la situation évolue au Maroc? Une enfant torturée succombe à ses blessures Khadija, Zineb et Fatima ont en commun d’être mineurs, d’avoir été forcées à travailler comme domestiques mais surtout d’avoir été torturées par leurs propres employeurs. Dimanche dernier, ce fut au tour de Fatima, 14 ans, de venir s’ajouter à cette sombre liste. La jeune fille, qui travaillait chez un gendarme et une institutrice, a été brûlée au thorax, au visage et aux mains. Fatima a finalement succombé à ses blessures aux urgences de l’hôpital Hassan II d’Agadir. Les bourreaux auraient même tenté de nier toute responsabilité en affirmant que la bonne avait été victime d’une chute dans la baignoire. Protéger les victimes Ce cas n’est malheureusement pas isolé, bien au contraire. Il relance une nouvelle fois le débat sur le traitement réservé aux enfants mineurs employés comme domestiques et surtout, selon la presse marocaine, sur la clémence de la justice envers les tueurs de "petites bonnes". En juillet 2011 à El Jadida, la petite Khadija, à peine 10 ans, trouvait la mort des suites de tortures exercées par la fille de l’un de ses employeurs. La coupable fut condamnée à 10 ans d'emprisonnement. Pourtant l’article 392 du code pénal marocain stipule que "quiconque donne intentionnellement la mort à autrui est coupable de meurtre et puni à la réclusion à perpétuité." A l’été 2009, à Oujda, un juge local et son épouse furent également impliqués dans des tortures infligées à la jeune Zineb. Au final, on se demande encore qui a eu le plus de chance: la jeune Zineb qui survécut par miracle à ses blessures ou le mari innocenté et sa femme condamnée à seulement trois années de prison. La convention internationale relative aux droits de l’enfant, ratifiée par le Maroc et par conséquent devant être appliquée dans la législation nationale, condamne sévèrement de tels crimes. Tdh plaide donc au travers d’arguments forts. Tout d’abord, les familles doivent abandonner la pratique consistant à engager des enfants. Deuxièmement, le gouvernement doit véritablement mettre en application la loi relative au travail des enfants afin de les protéger juridiquement. Enfin, tout effort doit être réalisé de concert avec la société civile marocaine pour mettre en place un réel plan de protection des enfants victimes d’exploitation par le travail. A l’image des projets de protection mis en œuvre par Tdh dans les régions d’Agadir et de Taroudant, l’objectif prioritaire doit être la mise en place d’un système de protection de l’enfance qui soit adopté à l’échelle nationale. Les agents de Tdh en collaboration avec leur partenaire Oum El Banine interviennent auprès des associations, des Imams et des élus locaux pour qu’ils puissent veiller eux-mêmes à la protection des enfants les plus vulnérables, à ce que les familles puissent trouver d’autres solutions pour survivre et s’assurer de la bonne application des lois qui régulent le travail et la protection des enfants. Désormais, tout un réseau d’associations et d’organisations locales plaide auprès des autorités marocaines pour la finalisation et l’application concrète de la législation, en particulier la nouvelle loi autorisant les inspecteurs du travail à pénétrer dans les domiciles privés afin d’enquêter sur les violations de la loi.