Louise Arbour appelle les Etats à soutenir la création du Conseil des Droits de l'Homme

La Haute Commissaire aux droits de l'homme, Louise Arbour, a appelé aujourd'hui les Etats Membres à adopter la résolution sur le Conseil des droits de l'homme, présentée hier par le président de l'Assemblée générale, estimant que si le projet n'était pas « idéal », rien ne permettait de penser qu'en négociant plus longtemps on parviendrait à un meilleur résultat.

« La proposition de création du Conseil des droits de l'homme, présentée par le président de l'Assemblée générale, offre une occasion unique » de « redynamiser » la promotion des libertés fondamentales partout dans le monde. « Ne pas l'adopter, c'est risquer de faire considérablement reculer la cause des droits de l'homme », a déclaré Louise Arbour, Haut Commissaire aux droits de l'Homme, dans un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

Selon Louise Arbour, le texte permettra en effet « au futur conseil de s'attaquer de façon plus objective et crédible, aux violations des droits de l'homme dans le monde entier ».

« Il fixe des critères pour les nouveaux pays membres auxquels il sera demandé de s'engager expressément en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme », a indiqué la Haut Commissaire.

« Il prévoit également la suspension des membres qui commettent des violations flagrantes et systématiques de ces droits », a-t-elle fait observer.

« À la différence de la Commission, le Conseil sera tenu d'examiner périodiquement le bilan en matière de droits de l'homme de tous les pays, à commencer par ses membres », a-t-elle fait remarquer.

« Aucun pays n'échappera à ce contrôle et les pays ne pourront plus s'abriter derrière leur statut de membre de l'organe principal de l'ONU s'occupant des droits de l'homme pour se protéger ou protéger leurs alliés contre des critiques ou une condamnation pour des violations de droits », a-t-elle souligné.

« Le Conseil se réunira également pendant plus longtemps tout au long de l'année et pourra ainsi réagir rapidement face à des crises émergentes dans le domaine des droits de l'homme », a-t-elle ajouté.

« Les auteurs potentiels de violations des droits de l'homme seraient avertis que le monde les surveille en permanence, et pas seulement pendant six semaines au printemps, au moment où la Commission se réunit traditionnellement », a-t-elle encore dit.

Revenant sur le bilan de la Commission des droits de l'homme, appelée à être remplacée, Louise Arbour a rappelé qu'elle avait « donné à la communauté internationale la Déclaration universelle des droits de l'homme et un certain nombre de traités essentiels pour protéger les libertés fondamentales ».

« Au cours de ses sessions annuelles, la Commission a appelé l'attention sur un grand nombre de problèmes et de débats liés aux droits de l'homme. Elle a permis de porter les doléances de certaines personnes sur la scène mondiale et a été la seule instance internationale où soient confrontés la société civile et les auteurs d'exactions », a expliqué la Haut Commissaire.

« Le Conseil conservera ces importantes fonctions ainsi que le système actuel d'enquêteurs indépendants sur les droits de l'homme. L'un de ces experts a été parmi les premiers à mettre en garde contre l'imminence d'un génocide au Rwanda », a-t-elle précisé.

« Soyons clairs : la proposition dont est saisie actuellement l'Assemblée générale est le fruit d'un compromis. Ce ne peut pas être le modèle idéal, et rien ne permet de penser qu'en négociant plus longtemps on parviendra à un meilleur résultat », a-t-elle estimé.

« Mais même une institution qui est parfaite sur le papier est vouée à l'échec si la communauté internationale ne procède pas au changement nécessaire dans la culture de la défense des droits de l'homme », a-t-elle souligné, rappelant que la Commission elle-même avait été « entravée dans son action ».

« Le cas du Rwanda est tristement instructif à cet égard. Là, les procédures de la Commission ont fonctionné mais les avertissements des enquêteurs n'ont pas été entendus », a-t-elle déploré.

« Pour que le nouveau Conseil fonctionne, la volonté politique et l'engagement de la communauté internationale auront tout autant d'importance que des modifications, quelles qu'elles soient, de la structure ou des méthodes de travail», a conclu Louise Arbour.

Hier, le Secrétaire général avait aussi appelé les Etats Membres à ne plus différer, au risque de saper la crédibilité des Nations Unies, l'adoption du texte présenté par le président de l'Assemblée générale, Jan Eliasson.

Lors d'une rencontre avec la presse au siège de l'ONU à New York, Kofi Annan avait souligné que si sa proposition d'élire les membres du nouveau conseil à la majorité des deux tiers de l'Assemblée générale n'avait pas été retenue, « de nombreux éléments introduits par Jan Eliasson, lors des négociations, avaient permis, de façon générale, d'améliorer la qualité du texte ».

Hier également, le représentant des Etats-Unis John Bolton, avait estimé, lors d'une rencontre avec la presse à New York, que le texte ne répondait pas à toutes les attentes et qu'il faudrait poursuivre les « négociations intergouvernementales ».

 

pdf: http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=11924&Cr=droits&Cr1=arbour

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