FRANCE: La fessée et la gifle en question

Summary: 80% des français revendiquent sans, état d’âme d’avoir pratiqué la fessée et 60 % estiment que cela a été une bonne chose.

La campagne médiatique de Fondation pour l'enfance pour en terminer avec la pratique de gifle et la fessée à l'encontre des enfants malgré sa qualité au mieux fait une nouvelle fois sourire, au pire apparait totalement inadaptée quand il faut au contraire nous dit-on asseoir l'autorité des parents sur les enfants.

80% des français revendiquent sans, état d'âme d'avoir pratiqué la fessée et 60 % estiment que cela a été une bonne chose. Bien évidemment on passe trop vite de la fessée à la maltraitance à enfant. Nombre de parents qui pratiquent la fessée ou la gifle ne sont pas de parents maltraitants ; il n'en reste pas moins qu'ont raison ceux qui développent que poser l'interdit de la violence physique aux enfants contribuera à délégitimer ces « abus de violence « que sont les actes de maltraitance. Surtout il faut que nous progressions encore collectivement dans cette idée qu'on peut exercer de l'autorité sur un enfant sans exercer de la violence physique à son égard.

J'ai déjà témoigné ici combien notamment des parents issus de l'immigration africaine sont convaincus de n'avoir plus d'autorité sur leurs enfants en France car ils se voient dénier le droit de les maltraiter.

Tous les pédagogues et psychologues le disent et l'affirment : la fessée et la gifle sont l'arme d'adultes en situation de faiblesse qui croient que ce passage à l'acte est de nature à souffler la flamme de l'opposition infantile ; en fait, ils se font du bien pour dépasser leur colère ou gérer leur angoisse d'adultes mais ils ne règlent aucun problème. Au mieux, cette séquence violente va ouvrir une nouvelle séquence qui inéluctablement sera celle du dialogue.

Heuseusement même les pratiquants de la gifle et de la fessée l'admettent.

Sortons donc de la réflexion basique selon laquelle »Une gifle n'a jamais fait de mal à personne et j'en ai reçu quand j'étais jeune et je ne suis pas mort ! « qui ne font guère avancer le débat ;

Observons que nos voisins européens qui abrogent les châtiments corporels ne gèrent pas moins mal que nous le débat relatif à l'autorité nécessaire aux enfants pour les structurer

La campagne de la Fondation s'inscrit dans un programme engagé par le Conseil de l'Europe – pas moins ! – pour en terminer avec les châtiments corporels sur le continent. Je rappellerai pour la n° ième fois ici que Mme Morano alors ministre de la famille et présidente en exercice du conseil des ministres de la famille européen, a signé le 10 septembre 2008 à Stockholm l'appel du Conseil de l'Europe pour l'abrogation des châtiments corporels. Le jour même 17 ministres européens et la reine de Suède lui ont emboité le pas.

Mme Nadine Morano ministre de la famille a relativisé son geste dès qu'elle est arrivée en France. La ministre s'est en effet demandé comment assumer le débat sur l'autorité en étant en phase avec ses collègues de l'intérieur et de la justice en abrogeant la fessée ? Mme Morano était inquiète de délégitimer les parents dans leur autorité sur leurs enfants quand trop associé délinquance à démission des parents L'équation lui est apparue insoluble en remettant le pied sur la terre de France alors même qu'il lui eut suffit d'affirmer que l'autorité parentale moderne est d'abord morale et c'est bien parce qu'elle a été réaffirmée que ceux des enfants qui la négligent devront rendre des comptes.

La France semble avoir oublié le geste politique posé par son ministre en exercice qui ne s'est pas vanté de son geste lors des Etats généraux de l'enfance consacré à la protection des enfants. Il faudra bien demain l'interroger sur la suite que la France entend donner à cet engagement politique. Mme Edwige Antier, pédiatre et député UMP de Paris, a déposé une proposition de loi pour condamner les châtiments corporels; sera-t-elle programmée ?

A défaut d'initiative publique la parole de la France à l'étranger ne vaudrait pas grand-chose.

Sur un sujet comme celui –ci il faut quitter l'émotionnel et le Café du commerce.

Puissance paternelle, autorité parentale, responsabilité parentale

Un peu d'histoire ne nuit jamais. Ici aussi le passé éclaire pour expliquer les enjeux modernes. Il n'est donc pas inutile de rappeler que jusqu'au 4° siècle, sous nos cieux, le père disposait d'un pouvoir de vie et de mort hérité des romains sur son enfant. Elever un enfant signifiait qu'on le montait à bout de bras au peuple des amis et proches pour signifier qu'on le faisait sien et qu'on s'en occuperait. A défaut s'il restait au sol, il était voué à mourir. Les parents disposaient donc d'un pouvoir discrétionnaire sur l'enfant avant que petit à petit l'Etat – en l'espèce la Royauté, ne vienne cantonner cette puissance paternelle en offrant son aide notamment au parent confronté à un enfant récalcitrant. On rappellera que l'enfance s'achevait à 25 ans pour les filles et à 30 ans pour les garçons ce qui compte tenu de l'espérance de vie laissait peu de possibilité pour l'enfant d'être autonome si ses parents étaient en vie. Le roi a tenté de montrer à ses ouailles l'intérêt qu'ils trouveraient à lui obéir et à reconnaitre sa légitimité sur eux.

Au milieu du 17° siècle, le roi de France qui était donc en affirmation d'autorité sur ses sujets en vint même à leur faire une offre de services finalement aux accents très marxiste. Il proposait des réponses en phase avec l'origine sociale de la famille. Aux galères les enfants de la plèbe, aux colonies les fils de » bourgeois et au couvent ou à la bastille les fils de nobles !

Il a fallu attendre 1958 pour que l'on passe de la puissance paternelle et au droit de correction qui en découlait à l'autorité parentale qui, non seulement associe les deux parents, mais finalise cette autorité : elle n'est confiée au parent ou tuteur que pour veiller sur la santé, la bonne hygiène, la sécurité et éducation à l'enfant. Le rapport parents-enfant ne définit plus à travers un pouvoir des uns sur l'autre. Surtout, devenue fonction sociale l'autorité parentale plus que jamais relève du contrôle sociétal.

Certes les parents se voient reconnaitre un pouvoir de coercition sur leur enfant, non pas parce qu'ils sont propriétaire de leur enfant – l'enfant personne n'appartient à personne sinon à lui-même ! -, mais pour etre au service de l'objectif de protection et d'éducation qui leur est assigné.

Les violences légères comme la fessée et la gifle sont alors tolérées par la loi de la part des parents – et d'eux seuls, pas des enseignants ou des travailleurs sociaux - dès lors qu'il n'en résulte pas de trace.

On s'interroge même aujourd'hui dans la foulée du Conseil de l'Europe s'il ne faudrait pas abolir carrément les châtiments corporels survivance d'un temps passé.

Les résistances sont évidentes chez ceux qui pensent qu'il ne peut pas y avoir autorité sans violence. Ce ne sont pas seulement certains des Maliens de France ou des Haïtiens qui développent ce discours liant autorité et violence, mais des « bourgeois « bien de chez nous.

En adoptant en 1990 les termes de la convention internationale des droits de l'enfant le gouvernement de l'époque sous la présidence de François Mitterrand s'est demandé s'il ne fallait pas passer dans notre droit du concept d'autorité parentale à celui de responsabilité parentale avec le souci, plus que jamais, d'affirmer que la fonction parentale était moins un pouvoir sur le corps ou l'âme de l'enfant qu'un engagement dont d'ailleurs on devait rendre des comptes.

Pour le coup on y renonça car il a répugné à un gouvernement de Gauche de laisser penser que les parents ne disposeraient plus explicitement plus de l'autorité même s'il allait de soi qu'on ne peut pas avoir de responsabilité sans les pouvoirs liés à leur exercice.

Identifier publiquement qui doit faire quoi pour l'enfant ?

En tout cas, plus que jamais dans la famille comme dans l'ensemble du champ social la première des questions est bien celle d'identifier qui a vocation à exercer de l'autorité. Il s'agit déjà de le dire dans les lois applicables, loi de la République ou loi familiale, ce qui n'est pas aussi évident qu'il y parait.

Observez les difficultés de là Gauche comme à Droite depuis 15 ans de gérer la question de l'autorité au sein de la famille recomposée. Qui exerce l'autorité parentale entre les parents biologiques et les beaux parents. Le vide actuel permet à nombre d'enfants et d'adolescent de dire à leur beau père ou à la belle – mère « Qui tu es toi pour me commander ? ». La peur est réelle en instituant les beaux pères de désinvestir les pères a lors même que père et beau-père ne sont pas dans le même registre.

Owner: Jean-Pierre Rosenczveigpdf: http://jprosen.blog.lemonde.fr/2011/04/30/la-fessee-et-la-gifle-legitime...

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