De Nouvelles formes de violences au travail émergent selon le BIT

GENÈVE (Nouvelles du BIT) – La violence au travail, de l’intimidation au «mobbing», en passant par les menaces de collaborateurs psychologiquement instables, jusqu’au harcèlement sexuel et l’homicide, augmente dans le monde entier et pour atteindre même des niveaux épidémiques dans certains pays, selon une nouvelle publication du BIT.
 
Qui plus est, le coût global des violences sur le lieu de travail se chiffre en millions de dollars de pertes induites par l’absentéisme et les congés maladie consécutifs à ces violences.
 
Cette étude relève également que les professions autrefois considérées comme à l’abri de ce genre de violences, comme l’enseignement, les services sociaux, les bibliothèques ou les services médicaux, sont désormais exposées à une violence croissante, tant dans les pays en développement que dans les pays industrialisés.
 
Ces informations sont le fruit d’une nouvelle étude intitulée «La Violence au Travail», Troisième édition 1/, par Vittorio Di Martino, expert international en matière de stress et de violence sur le lieu de travail, et Duncan Chappell, ancien président du New South Wales Mental Health Review, Australie et du Commonwealth Arbitral Tribunal, Royaume-Uni.
 
«L’intimidation, le harcèlement, le ‘mobbing’ et les comportements assimilés peuvent être aussi destructeurs que la violence physique», affirment les auteurs. «Aujourd’hui, la précarité de beaucoup d’emplois engendre une pression énorme sur les lieux de travail, et on constate que ces formes de violence sont de plus en plus fréquentes.»
 
Les auteurs abordent également le problème grandissant du terrorisme et de ce «nouveau visage de la violence sur le lieu de travail qui contribue au mélange déjà explosif des actes agressifs au travail.
 
Tendances régionales et coûts
 
Une enquête a été menée en l’an 2000 dans les 15 pays de l’Union européenne de l’époque. Cette enquête a montré que les pressions, harcèlements et intimidations y étaient des procédés largement répandus. En Allemagne, une étude de 2002 a évalué que plus de 800 000 travailleurs étaient victimes de mobbing, impliquant souvent un groupe de travailleurs prenant un collègue pour cible dans le but de le harceler psychologiquement. En Espagne, on estime à 22 pour cent le nombre de fonctionnaires de l’administration publique victimes de mobbing. En France, le nombre d’actes d’agression contre des travailleurs du secteur des transports, y compris les conducteurs de taxi, est passé de 3 051 en 2001, à 3 185 en 2002.
 
Au Japon, le nombre de cas portés devant les conseillers de la cour s’élevaient à 625 572  entre avril 2002 et mars 2003. Parmi ceux-ci, 5,1 pour cent, soit presque 32 000, relevaient de harcèlement et d’intimidation, alors que, d’avril à septembre 2003, des 51 444 demandes de consultations, 9,6 pour cent concernaient des cas de harcèlement et d’intimidation.
 
Dans les pays en développement, les travailleurs les plus vulnérables sont notamment les femmes, les migrants et les enfants. En Malaisie, 11 851 cas de viols et de brutalités sur le lieu de travail ont été rapportés entre 1997 et mai 2001. Le harcèlement et les abus sexuels sont un vrai problème en Afrique du Sud, Ukraine, Koweït, Hong-Kong, Chine, pour ne citer qu’eux.
 
En Afrique du Sud, ceux qui travaillent dans les services médicaux subissent de plein fouet la violence au travail. Une enquête menée sur une période de 12 mois dans le secteur de la santé a montré que 9 pour cent des employés du secteur privé de la santé ont subi des violences physiques, ce chiffre monte jusqu’à 17 pour cent parmi les employés du secteur public.
 
Une note plus positive: l’étude cite des améliorations en Angleterre, Pays de Galles et Etats-Unis. En Angleterre et au Pays de Galles, quelque 849 000 incidents de violence sur le lieu de travail ont été relevés en 2002-2003: ce chiffre, qui comprenait 431 000 agressions physiques et 418 000 menaces a baissé de 1,3 million par rapport à la précédente enquête. Aux Etats-Unis, où l’homicide est la troisième cause de mortalité au travail, le nombre de meurtres sur le lieu de travail a baissé ces dernières années, avec une tendance semblable pour les agressions non mortelles. Néanmoins, le rapport souligne qu’approximativement 61 pour cent des victimes sont des femmes. Ce, notamment à cause du nombre élevé de femmes dans les emplois considérés comme les plus exposés aux risques d’agressions.
 
Le coût de la violence sur le lieu de travail, pourtant élevé, est souvent difficile à calculer. Dans certains pays, comme l’Australie, le coût estimé pour les employeurs serait de 6 à 13 milliards de dollars australiens et, dans d’autres régions comme l’Union européenne, les études montrent une corrélation significative entre les arrêts maladies et l’exposition à la violence au travail.
 
Perspectives
Cependant, une prise de conscience croissante du besoin de traiter le problème de la violence au travail a permis le développement de stratégies de préventions nouvelles et efficaces. L’étude met en évidence un certain nombre «de meilleures pratiques» des gouvernements, des entreprises et des syndicats locaux et nationaux du monde entier. Ces pratiques ont mis en œuvre avec succès des politiques et des programmes de formation de prévention contre la violence «tolérance zéro».
 
En fait, beaucoup de pays ont maintenant explicitement reconnu le concept de violence dans leur législation nationale sur la santé et la sécurité au travail. Par exemple, la Finlande, la Suède, la France, la Belgique, le Canada, la Pologne et l’Argentine ont, tous, soit adopté une nouvelle législation qui traite des problèmes de violence au travail, soit amendé leurs lois et règlements actuels pour prendre en considération ces problèmes.
 
Depuis longtemps et de façon constante, l’OIT s’est engagée à éradiquer la violence au travail par une série de conventions fondamentales sur la protection des travailleurs et sur la dignité au travail. En 2004, l’OIT  a publié un Recueil de directives pratiques sur la violence au travail dans le secteur des services et mesures visant à combattre ce phénomène 2/, qui traite de l’étendue et la gravité des actes de violence dans différentes industries du secteur tertiaire. En outre, l’OIT, en association avec le Conseil international des infirmières, l’Organisation Mondiale de la Santé et des Services Publics Internationaux, a développé des directives pour combattre la violence au travail dans le secteur de la santé.
 
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1/              Violence at Work, Third edition, Duncan Chappell et Vittorio Di Martino. (Seulement disponible en anglais.). ISBN 978-92-2-117948-1, Bureau international du Travail, Genève, 2006.
 
2/              Recueil de directives pratiques sur la violence au travail dans le secteur des services et mesures visant à combattre ce phénomène, Bureau international du Travail, Genève, 2004.
Pour plus d’informations ou pour acquérir l’une de ces publications, veuillez vous référez à www.ilo.org/publ.
 

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