AUSTRALIE : le malaise des médecins face à la détention de migrants mineurs

[14 octobre 2015] - Des organisations australiennes de médecins ont de nouveau fait part lundi de leur malaise face à la détention de mineurs dans les centres de rétention pour migrants, estimant que ces enfants, une fois soignés ne devraient pas y retourner.

L'Australie est la cible de vives critiques pour sa politique extrêmement restrictive en matière d'immigration, dont un des aspects les plus controversés est la détention des migrants sur des îles du Pacifique et de Papouasie-Nouvelle Guinée.

Dans une tribune publiée par le Sunday Herald Sun, des médecins de l'Hôpital royal pour enfants de Melbourne (RCH) ont estimé dimanche que les enfants sortis des camps pour être soignés ne pouvaient ensuite y être renvoyés.

Des préoccupations relayées par l'Association médicale australienne (AMA), principale organisation professionnelle de médecins.

Lundi, le président de l'AMA, Brian Owler, a expliqué que les souffrances psychologiques endurées en détention par les enfants plaçaient les médecins devant un dilemme éthique.

"Les médecins sont dans une position très compliquée", a déclaré M. Owler à la radio publique.

"Nous serions négligents si nous devions renvoyer dans un environnement que nous estimerions néfaste un enfant que nous venons de soigner dans nos hôpitaux", a-t-il ajouté.

"C'est ce que disent les médecins de l'Hôpital royal pour enfants de Melbourne (RCH). Nous ne pouvons pas renvoyer un enfant dans un environnement où il risque d'être maltraité"

Un avis partagé par le Collège royal australasien des médecins (RACP).

"La santé et le bien être des enfants ne peuvent jamais être matière à compromis", a déclaré dans un communiqué le président du RACP, Nick Talley. "Aucun enfant ne devrait être maintenu en détention."

Canberra a mis en oeuvre ces dernières années une politique très stricte critiquée avec véhémence par les organisations de défense des droits de l'Homme.

Les bateaux de clandestins sont systématiquement refoulés par la marine australienne.

Ceux qui parviennent néanmoins à gagner les rives sont placés dans des camps de rétention sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée ou sur l'île de Nauru, dans l'océan Pacifique.

Même si leur demande d'asile est jugée légitime après instruction de leur dossier, Canberra ne les autorise pas à s'installer en Australie.

L'Australie a signé en septembre 2014 un accord controversé avec le Cambodge, l'un des pays les plus pauvres du monde, prévoyant que les migrants ayant obtenu le statut de réfugié à Nauru puissent, s'ils le veulent, s'installer de façon permanente au Cambodge.

En contrepartie, Pnom Penh recevra des millions de dollars d'aide sur quatre ans. Mais seules quatre personnes ont accepté cette solution.

Vendredi, le ministre australien de l'Immigration Peter Dutton a indiqué que des négociations étaient en cours avec d'autres pays pour accueillir ces réfugiés, y compris les Philippines.

Selon M. Owler, environ 200 migrants mineurs sont actuellement détenus, dont la moitié en Australie. Selon les derniers chiffres du gouvernement australien, 86 enfants sont détenus à Nauru.

La politique très restrictive de l'Australie a été promue par l'ancien Premier ministre Tony Abbott. Mais rien n'indique que son successeur, Malcolm Turnbull, issu du même parti, envisage de changer de politique.

"Personne ne souhaite voir d'enfants en détention et nous avons travaillé très dur pour réduire ce nombre", a déclaré lundi M. Turnbull.

"Notre politique de protection de nos frontières est dure (...) mais elle a prouvé qu'elle était la seule façon d'empêcher davantage de décès de migrants en mer tout en protégeant notre souveraineté et nos frontières."

L'Australie s'est récemment engagée à accueillir à titre exceptionnel 12.000 réfugiés syriens.


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