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André Lokisso présente aux lecteurs son action pour la réinsertion des enfants soldats en Afrique et leur demande de soutenir l’AIED, l’association qu’il a créée à cet effet. Jan de Bosch Kemper, après une longue carrière au BREDA à Dakar, a institué par testament une fondation pour l’alphabétisation des jeunes sourds au Sénégal. Un groupe de collègues, anciens ou en activité, a créé à l’Unesco, à l’instar des collègues de Genève et de New York, une section de l’Association 1 % pour le développement. Site web: www.aied.info - CCP La Source 38.819.40 R 033
LIEN note avec plaisir que Martin Almada continue son combat pour dénoncer les tortionnaires du plan Condor et la défense des droits de l’homme. Après le prix Nobel alternatif en 2002, il vient de recevoir à Berlin en décembre 2005 l’European Solar Energy Prize 2005 pour son travail d’alphabétisation et de réinsertion des jeunes dans le cadre d’une action pour le développement des énergies renouvelables. L’action de Roger Aujame en faveur des hôpitaux en Afghanistan sera présentée dans notre prochain numéro.
R É I N S É R E R L E S E N F A N T S D É M O B I L I S É S
L’idée de la création d’une association pour la réhabilitation et la réinsertion des enfants et des jeunes ex-combattants m’est venue à la veille de mon départ à la retraite (mai 2000). Au cours d’une mission à Genève, pour représenter l’Unesco à la 56e session de la Commission des Droits de l’homme, j’ai eu l’occasion, à la suite de mon exposé sur la situation des enfants soldats, de discuter avec différents acteurs intéressés par cette problématique. (Agences des Nations Unies, pays concernés, ONG et autres représentants de la société civile). Les déclarations et les rapports de ces différentes délégations ont tous insisté sur les expériences de violence vécues par ces enfants et sur leur exploitation. Ces tristes réalités ont interpellé plus d’un participant. Ainsi les encouragements des uns et des autres m’ont décidé à faire quelque chose qui me permettrait de me joindre à tous ceux qui ont engagé un combat sans merci contre ce nouveau fléau, de rendre service et de partager avec d’autres mon expérience au bénéfice de ces enfants, victimes de la folie des adultes. Un groupe d’amis et moi-même avons commencé, dès mon départ de l’Unesco, les démarches pour la création d’une association selon la loi de 1901. L’association « Assistance à l’intégration des enfants démobilisés » (AIED) est née le 13 juin 2000. Nous voulions, par une telle initiative apporter notre modeste contribution à la lutte contre la pauvreté et à la consolidation de la paix en Afrique et dans d’autres pays en développement. Les contacts à Genève m’avaient permis de tirer un certain nombre de leçons. Sur cette base, nous avons élaboré un programme d’action en deux volets: - un programme de sensibilisation des pays du Nord sur la problématique des enfants soldats. Il s’agit de faire prendre conscience de la situation de l’enfant soldat afin de susciter des solidarités, des partenariats en vue de la mobilisation des ressources dont nous avons besoin pour nos interventions sur le terrain. - le lancement de projets opérationnels en vue de la réhabilitation et de la réinsertion de ces enfants. L’absence criante d’une stratégie pertinente de réhabilitation et de réinsertion des enfants démobilisés est certainement l’une des leçons tirées de mes contacts à Genève. Aussi avons-nous mis au point une approche originale et novatrice : nous voulons éviter de confier à tout prix, comme par le passé, l’enfant démobilisé tout comme l’enfant de la rue, à l’école traditionnelle, peu appropriée en raison de la durée du cursus et de ses programmes souvent coupés de la vie active. Nous voulons aussi éviter de confier la responsabilité de l’éducation de ces enfants à leur seule famille d’origine ou de tutelle, en général très pauvre et pas toujours capable d’assumer, dans ces conditions, ses fonctions primaires. L’enfant démobilisé comme l’enfant de la rue est devenu adulte de façon prématurée, il a vécu dans un environnement de violence et de ce fait il est habitué à l’action. L’originalité de notre démarche vise la mise en œuvre de projets qui privilégient des formations intensives de courte durée (formation générale et formation technique et professionnelle) basées sur une pédagogie active, la formation en alternance et le principe d’éducation permanente. Nous voulons aussi nous démarquer de l’approche par un « traitement social ». La plupart des initiatives dans ce domaine se contentent d’apporter une aide matérielle et/ou financière instantanée afin de répondre aux besoins immédiats des enfants soldats. Cette approche relève d’un souci humanitaire et garde encore sa pertinence, mais sa principale limitation, c’est de ne pas suffisamment tenir compte du long terme et de l’autonomisation du bénéficiaire, elle place l’enfant soldat dans une situation de double dépendance, vis-à-vis de la structure d’accueil et vis à vis de sa famille.
Dans nos projets, nous préconisons de faire passer l’enfant du statut social d’ « assisté » à un statut d’« acteur »de son propre développement et de celui de son pays, avec la création de villages coopératifs comme lieux d’insertion professionnelle et sociale. Une telle approche présente plusieurs avantages, notamment:
- obtenir dans un laps de temps assez court des effets visibles et durables;
- offrir à l’enfant à l’issue de sa formation un cadre de suivi sûr et faciliter son insertion dans le monde du travail ;
- stimuler la discipline, l’esprit d’équipe et l’esprit d’initiative; - assurer un minimum d’organisation en vue d’une utilisation optimale des énergies et des moyens disponibles et ainsi éviter les risques de saupoudrage;
- favoriser la concentration et la coordination des différents apports extérieurs;
- permettre une évaluation tant au niveau de l’enfant que de l’ensemble du projet.
Certes, pour plusieurs raisons, et les ressources financières notamment, nous ne sommes pas encore parvenus à mettre en œuvre nos projets opérationnels basés sur cette stratégie. Cependant, nous commençons progressivement à gagner la confiance d’un certain nombre de partenaires. L’AIED a été conviée à des conférences internationales et à des réunions techniques (sur les enfants de la guerre, à Valence, Espagne, novembre 2003; sur les Droits de l’homme dans les pays de l’espace francophone avec l’Organisation internationale de la Francophonie, avril 2003, à Brazzaville, Congo...). Nous avons par ailleurs effectué, au mois de septembre 2001, conjointement avec une ONG américaine financée par USAID, une mission technique d’identification en République Démocratique du Congo sur la situation des enfants soldats dans ce pays. En région parisienne, avec l’aide des autorités françaises, l’AIED a lancé une campagne de sensibilisation (conférence débat, expositions, …) sur la problématique des enfants soldats. Nous avons soumis notre projet pilote de réhabilitation et réinsertion des enfants démobilisés en
RDC à des bailleurs de fonds. Ce projet comprend deux actions régionales, l’une aux environs de Kinshasa et la seconde aux environs de Bukavu (Sud-Kivu). La réalisation de ce projet dépend de l’intérêt que chacun accorde à la lutte contre la pauvreté, surtout sous sa forme de l’enfant soldat ex-combattant. Au-delà de l’aide humanitaire, j’espère vous avoir convaincus qu’il est nécessaire de réinsérer l’enfant
soldat dans la société en faisant de lui un acteur du développement. Si votre contribution peut aider un
jour un enfant soldat à se socialiser via l’éducation, vous aurez fait œuvre utile. Pour conclure, vous qui venez de faire l’effort de lire cet article vous pouvez également nous apporter, dans la mesure de vos moyens et par vos relations, votre soutien (matériel, financier et moral) dans votre domaine de compétence. Nous pouvons attendre de vous des volontaires pour la traduction de nos documents, pour l’organisation de manifestations génératrices de moyens financiers… Nous avons donc vraiment besoin de votre aide, elle nous est très précieuse. Nous comptons beaucoup sur vous et vous assurons déjà de notre profonde reconnaissance.*
André Lokisso
* AIED, 35, avenue Victor Hugo, 91440 - Bures s/ Yvette, France, - E-mail: [email protected]