Soumis par crinadmin le
[DAKAR, le 29 mars 2006] - Des centaines de milliers d’enfants risquent de mourir de faim cette année dans les pays du Sahel, la région la plus pauvre de la planète, ont annoncé mardi les Nations unies. « La situation est grave et les prochaines semaines seront déterminantes », a fait remarquer Hervé Ludovic de Lys, directeur du Bureau régional pour l’Afrique de l’ouest d’OCHA - Bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires humanitaires. Les Nations unies ont lancé mardi un appel de fonds pour l’année en cours d’environ 92 millions de dollars américains pour couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels de quelque cinq millions de personnes vulnérables vivant au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie et au Niger. Les images d’enfants nigériens squelettiques diffusées l’année dernière sur les chaînes de télévision avaient choqué la communauté internationale. Les bailleurs avaient alors apporté une aide massive au pays pour l’aider à faire face à un grave déficit céréalier, aux conséquences d’une rare mais dévastatrice invasion acridienne et à une hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires, dans un contexte d’extrême pauvreté. Et selon l’ONU, en dépit des bonnes récoltes de 2005, les populations du Niger et des autres pays sahéliens se préparent à vivre des mois difficiles, d’avril à octobre 2006, la période de soudure précédant les prochaines récoltes et pendant laquelle les greniers sont généralement vides. La crise alimentaire de l’année précédente a contraint de nombreux ménages à s’endetter et alors qu’ils sont encore en train de rembourser leurs dettes, les prix des denrées alimentaires de base restent très élevés. Au Niger, par exemple, les familles ayant emprunté un sac de mil au printemps 2005, pour disposer de semences ou de nourriture, en ont remboursé trois en octobre de la même année. Les enfants sont les plus vulnérables et la malnutrition est responsable de la mort de plus de 300 000 d’entre eux - soit un plus de la moitié des morts d’enfants enregistrées dans la région, a indiqué Théophane Nikyema, Directeur Adjoint du bureau régional de l’UNICEF. Les enquêtes menées au cours des derniers mois par l’UNICEF dans les pays sahéliens ont permis d’évaluer les besoins nutritionnels des populations en 2006. Le nouvel appel de fonds lancé mardi vient compléter l’appel humanitaire consolidé pour l’Afrique de l’ouest, lancé fin décembre par les Nations unies et d’un montant de 152 millions de dollars, ce qui porte le montant total des appels à 244 millions. Selon Christine Van Nieuwenhuyse, Directrice Adjointe du bureau régional du Programme Alimentaire Mondial (PAM), les fonds récoltés serviront à couvrir les besoins alimentaires des quelques cinq millions de personnes menacées de famine, mais aussi à renforcer les capacités des centres nutritionnels, les banques de céréales locales et à trouver des solutions à long terme aux problèmes chroniques de la faim. « Nous devons trouver des solutions à long terme », a-t-elle expliqué au cours d’une conférence de presse à Dakar, la capitale sénégalaise. « Les enfants malnutris portent pendant de nombreuses années les séquelles de ces carences. La malnutrition engendre la pauvreté qui, à son tour est responsable de la malnutrition ». Pour Oxfam, une personne sur trois au Niger ne mange pas à sa faim, et ce chiffre pourrait doubler dans les six prochains mois si la communauté internationale ne fait rien pour venir en aide à ces populations. « Une solution urgente est impérative, mais il faut avant tout une réelle volonté et une action soutenue en faveur d’un engagement à long terme », a indiqué Natasha Quist, Directrice du Bureau régional pour l’Afrique de l’ouest d’Oxfam Grande-Bretagne. « Sans cela, les populations du Sahel continueront d’être les plus vulnérables, les plus marginalisées et les plus exposées aux crises alimentaires dans le monde ».