Cote d'Ivoire: Une femme blâmée par la communauté pour avoir tenté de sauver sa fille d'un excision

Summary: Chaque mois, des petites filles dont l’âge varie entre 5 et 18 ans sont enlevées de force souvent à l’insu de leurs parents, pour être conduites dans la forêt sacrée et y subir l’excision. Cette histoire relate l’expérience d'une femme d’un village de la région de Danané dont la fille a été enlevée par une exciseuse issue d’un autre village.

Chez les Dan de l’ouest de la Côte d’Ivoire, l’on continue de pratiquer l’excision dans les villages malgré la ratification par l’Etat de Côte d’Ivoire de la Convention des Nations
Unies sur l’élimination des violences à l’égard des femmes et malgré l’adoption par le parlement d’une loi portant repression des violences à l’égard des femmes notamment les mutilations génitales féminines.

Ainsi chaque mois, des petites filles dont l’âge varie entre 5 et 18 ans sont enlevées de force souvent à l’insu de leurs parents, pour être conduites dans la forêt sacrée et y subir l’excision.

Cette histoire relate l’expérience d’une femme d’un village de la région de Danané dont la fille a été enlevée par une exciseuse issue d’un autre village.

En effet, c’était le samedi 11 mars 2006, dame Kalou se rend très top le matin au champ pour y chercher du bois en vue de faire cuire la nourriture pour sa famille et pour vaquer à quelques travaux champêtres.

A son retour, le soir aux environs de 16 heures, à quelques mètres du village, elle entendit le village bouillonner des chants et de cris d’allégresse. Elle s’interrogea sur les raisons de cette rejouissance.

Mais non loin de sa voie, elle trouve un groupe de filles qui d’une mine triste et la fixèrent des yeux et la saluèrent. Dame Kalou dépose alors le tas de fagots qu’elle avait sur la tête et répondit aux salutations. Puis elle leur demande : « Où est ma fille votre camarade ?». Après plusieurs hésitations, les filles lui répondirent : « Elle est dans la forêt sacrée »,  déclaration qui signifiait que la fille de dame Kalou avait été emmenée dans le sanctuaire pour y être excisée.

Après avoir entendue cette réponse des amies de sa fille, dame Kalou très en colère et matchette à la main se dirigea tout droit dans le sanctuaire pour arracher sa fille des mains de l’exciseuse. Une fois dans le sanctuaire, elle frofère des menaces : « Assassins, criminelles, arrêtez ! Ne touchez pas à ma fille ! Rendez-la moi ! »

Il était tard puisque sa fille avait déjà subi l’épreuve de l’excision. Mais elle venait de violer une coutume en pénétrant violemment et avec des menaces à l’intérieur du sanctuaire servant de cadre au rite de l’excision. Poussée par son désir de sauver sa fille des griffes de ses femmes exciseuses qui ôtent à la femme une partie de sa dignité et de son honneur, dame Kalou venait de violer la coutume.

C’est ainsi qu’elle sera ligotée et rouée de coups puis conduite chez les notables du village où elle est accusée non seulement de violer la coutume mais aussi de violence sur les femmes gardiennes du sanctuaire.

Devant l’effervescence des femmes qui avaient porté plainte contre Dame Kalou et pour calmer la situation, le chef se contente de rappeler aux plaignantes qu’il n’a pas autorisé la cérémonie d’excision et il fixe un autre rendez-vous pour juger l’acte commis par dame Kalou.

Avant même le jour du jugement, des jeunes du village se mirent à la menacer et à proférer à son endroit, des méchancetés. Elle se trouve alors isolée, incomprise car nul ne voyait le bienfondé de l’acte qu’elle avait posé.

C’est ainsi que s’étant souvenue d’une campagne de sensibilisation sur les mutilations génitales de l’ONG SILOE à laquelle elle avait assisté, elle décide de se rendre au siège de l’ONG dans la ville de Danané pour la saisir de l’affaire. Les agents de SILOE lui promettent de lui porter assistance le jour du jugement devant le conseil de village.

Les responsables de la cellule protection de l’ONG se rendent alors dans le village pour rencontrer le chef du village. ne fois sur le terrain, les responsables de la cellule rencontrent tous les acteurs de cette affaire (notables, femmes du village plaingnantes, les jeunes) et fixent avec le chef un rendez-vous au jeudi 16 mars pour juger l’affaire. Ils leurs font comprendre que l’excision était condamnée par la loi.

Le jour du jugement arrivé, les membres de la cellule protection au nombre de 5, assistent au jugement. Dame Kalou est condamnée non pour avoir défendu sa fille mais pour s’être introduit dans le sanctuaire avec une matchette à la main. Il lui est demandé des excuses publiques.

Séance tenante demande pardon aux femmes pour la violence avec laquelle elle s’est introduite dans le sanctuaire.

Les membres de la cellule protection de l’ONG SILOE ont profité pour attirer l’attention des femmes et de l’assistance des dangers de l’excision. Ils ont fait savoir à tous que c’était une pratique condamnée par les lois internationales et les lois nationales.

Pour finir, le chef du village publiquement prit la parole pour demander à SILOE de lui faire parvenir tous les documents légaux relatifs à l’excision. Il dit ensuite qu’il n’était plus possible d’exciser une fille à l’insu de ses parents et que les parents qui voudront exciser leurs filles devront s’engager par écrit pour dégager toute responsabilité.

Owner: Gombleu Kouadi Claude-Médardpdf: http://www.crin.org/docs/Une femme tente d'arracher sa fille des mains d'une exciseuse.doc

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