Formes de violence : **Trafic**

Quest-ce que le trafic ou traite de personnes ?

LEtude de lONU sur la violence contre les enfants estime à 8,4 millions le nombre denfants travaillant dans les pires formes de travail des enfants, dont 1,2 millions sont victimes de traite (UNVC, 2006: 243). En fait, on le sait, il est très difficile de savoir exactement combien de personnes sont impliquées dans lindustrie de la traite de personnes. Ceci est dû, en partie, à la présence dobstacles qui empêchent de mesurer les activités clandestines et illégales, mais aussi à la difficulté détablir une définition du termetraiteet de dissocier cette pratique de la migration. La traite de personne a été décrite pour la première fois dans leProtocole de Palerme, dont lintitulé complet est le Protocole de lOrganisation des Nations Unies visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, protocole additionnel à la Convention de lOrganisation des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (2000).  Larticle 3 du présent Protocole désigne la traite de personne comme :

« le recrutement, le transport, le transfert, lhébergement ou laccueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à dautres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus dautorité ou dune situation de vulnérabilité ou par loffre ou lacceptation de paiements ou davantages pour obtenir le consentement dune personne ayant autorité sur une autre aux fins dexploitation ».

 

Les Etats confondent parfois la traite et la vente denfants. Ils interdisent la traite mais pas la vente. Bien que ces pratiques se recoupent, elles sont différentes. Par exemple, un enfant peut être victime de traite sans être vendu, puisque pour quil y ait traite, il suffit quil y ait déplacement de lenfant. Ni acheteur, ni vendeur ne sont nécessaires.

Le lien entre la traite denfants et les autres formes dexploitation est très inquiétant. Selon le réseau mondial ECPAT International, « toute victime de traite devient bien plus vulnérable aux abus sexuels et à lexploitation puisquelle se retrouve loin des structures de soutien qui lui sont familières, à savoir, sa famille et sa communauté ». En ce sens, une attention particulière a été portée à la traite de femmes et denfants à des fins dexploitation sexuelle. Bien que beaucoup détudes et dinitiatives touchent également à lexploitation au sens large, qui inclut le travail domestique et dautres formes de travail (entre autres le mariage forcé et ladoption), celles-ci se concentrent souvent spécialement sur lexploitation sexuelle.

 

En réalité, de nombreuses raisons font que les enfants deviennent victimes de traite. Pour nen citer que quelques-unes, lexploitation par le travail, le travail domestique, lexploitation sexuelle, la conscription militaire, le mariage, ladoption illégale, les activités sportives (par exemple pour servir de jockey de chameaux), la mendicité et pour leurs organes. 

Larticle 35 de la Convention relative aux droits de l'enfant oblige les Etats Parties « à prendre toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher lenlèvement, la vente ou la traite denfants à quelque fin que ce soit et sous quelque forme que ce soit ». 

La traite est citée parmi les pires formes de travail des enfants à larticle 3 de la Convention 182 du BIT concernant linterdiction des pires formes de travail des enfants et laction immédiate en vue de leur élimination (1999).

Comment lutter contre ?

Le Centre des migrants asiatiques (AMC, 2000: 18) argumente que la clé pour les militants des droits de lhomme est de comprendre la différence entre migration et traite de personnes :

« Il faut souligner que la migration est un phénomène général. La traite nest quun simple mode de migration. Si lon exagère lacte de traite et quon le sort de son contexte (en ce qui concerne la migration), cela devient stratégiquement contre-productif dans le cadre de la lutte pour la protection des droits de lhomme, puisque : (a) la traite introduit la migration dans un contexte de répression et de prévention de la criminalité, plutôt que de considérer, en premier lieu, les droits de lhomme de ces migrants, puis daborder la traite dans le contexte des droits de lhomme ; (b) la traite devient un instrument utilisé par les gouvernements pour développer des approches plus restrictives en matière de migration au sens large ».

Les gouvernements utilisent des mesuresanti-traiteet soutenantles droits de lhommepour pouvoir ensuite adopter des approches plus restrictives en matière de migration en général. Les contrôles renforcés des frontières font que les enfants dépendent plus de tierces personnes. Ainsi, ils deviennent plus vulnérables aux violations de leurs droits liés à la migration et à la traite. Il arrive que les discours liés à la traite denfants donnent lieu à la reproduction de stéréotypes racistes. En Europe, les communautés Roms, par exemple, sont souvent citées comme victimes et auteurs de traite denfants. Comme le rapporte Save the Children : « Certaines communautés qui sont déjà exclues socialement utilisent le terme detraitepour effacer toute distinction qui pourrait exister entre leurs activités criminelles, leurs pratiques traditionnelles et leurs stratégies de survie (OConnell Davidson and Farrow, 2007: 36).

Lorganisme ECPAT présente largument que les Etats doivent adopter des lois efficaces contre la traite, qui criminalisent les trafiquants plutôt que les victimes. Cette organisation soutient dailleurs les programmes « qui sattaquent aux causes principales de la traite denfants, qui développent des mesures pour renforcer la mise en œuvre de lois contre la traite denfants, et qui fournissent un accompagnement de qualité aux victimes ». Elle travaille, par ailleurs, de concert avec les organes dapplication de la loi, entre autres, sur des activités de formations, et soutient des études danalyses situationnelles et des campagnes de sensibilisation. Apprenez-en plus ici.

O’Connell Davidson et Farrow (2007: 56) dressent également une liste des façons dont les agences de défenses des droits des enfants abordent le problème de la traite et de la migration. Ils argumentent :

  • Quen reconnaissant que « la migration en soi nest pas, par nature, mauvaise pour les enfants », les organisations abordent une politique « qui met en valeur la circulation des individus aux frontières indépendamment de leur statut socio-économique » ;

  • Que les organisations de défense des droits des enfants « se concentrent clairement sur le rôle du gouvernement dans la prévention, lautorisation ou la création de conditions migratoires qui rendent les enfants vulnérables aux abus et à lexploitation, tout en reconnaissant pleinement la qualité des enfants (y compris des enfants défavorisés) pour les agences migratoires » ;

  • Que ce soit à des fins de collecte de fonds ou à dautres fins, « les agences de [sauvegarde des droits des enfants] sabstiennent de représenter la migration des enfants et les problèmes rencontrés par les enfants migrants de quelque façon qui puisse être utilisée pour justifier les mesures répressives politiques et qui contribue à la vulnérabilité des enfants et de leurs proches. Le matériel nécessaire aux débats et campagnes surla traite denfantreprésentent très clairement ce danger. A cause de cette exagération constante sur la passivité et l innocencedes enfants touchés, et de la représentation de latraite comme un phénomène qui implique des milliers de jeunes enfants, transportés de force au-delà des frontières par des bandits de la mafia, qui leur font ensuite subir des conditions desclavage sexuel, le discours sur la traite denfanta déplacé le problème du contexte plus large de migration qui le renferme, et la catégorisé en tant quecrime organisé ».

Veuillez cliquer ici pour accéder à davantage de documentation au sujet de la traite denfant.


Lectures recommandées

Union interparlementaire et UNICEF (2005), Combattre la traite des enfants. Guide à lusage des parlementaires no. 9. Disponible sur : http://www.unicef.org/publications/files/IPU_combattingchildtrafficking_GB%281%29.pdf

Références

Asian Migrant Yearbook (2000), Migration Facts, Analysis and Issues in 1999, Aisian Migrant Centre: Hong Kong.

O’Connell Davidson, J.  and C. Farrow, (2007) Child Migration and the Construction of Vulnerability (Stockholm: Save the Children Sweden). Accessible at:  http://www.childtrafficking.com/Docs/savechild_07_cmcv_0108.pdf


L
étude du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les enfants (2006). Accessible ici : http://www.unviolencestudy.org/

pdf: http://www.crin.org/docs/traite.doc

Web: 
http://www.crin.org/violence/search/closeup.asp?infoID=9331

Pays

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