CONFLITS ARMÉS : le Soudan et le Soudan du Sud

Summary: Cette note décrit le contexte des conflits armés au Soudan et au Soudan du Sud et leur impact sur les enfants.

Le Soudan a obtenu son indépendance en 1953, avec la fin de la domination anglo-égyptienne du pays. Depuis, des gouvernements civils et militaires instables se sont succédé. Des tensions constitutionnelles non résolues avec le Sud ont causé une guerre civile à grande échelle entre le Sud et le Nord du pays de 1953 à 2005.

Le Soudan, autrefois le plus grand pays d'Afrique et l’un des États les plus diversifiés géographiquement, se scinda en deux pays en juillet 2011 à la suite du référendum d’autodétermination organisé en janvier. Plus de 98% de la population s'est révélée favorable à la séparation lors du vote, qui fit de la République du Soudan du Sud la plus jeune nation au monde.

Le Soudan est depuis longtemps déchiré par des conflits armés, forçant le déplacement interne d’environ six millions de personnes ; le plus grand nombre au monde de personnes déplacées interne. La guerre civile entre le Nord et le Sud éclata deux fois, coûtant la vie à plus de deux millions de personnes. Le conflit qui perdure dans la région Ouest du Darfour a amené 2,7 millions de personnes à quitter leur domicile, et en a tué plus de 200 000 autres.

Omar El-Bashir, président actuel du Soudan arrivé au pouvoir suite à un coup d'État de l'armée en 1989, fait à présent face à un mandat d'arrêt émis par la cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

Le Soudan a ratifié la Convention des droits de l'enfant, le 3 août 1999, le protocole facultatif concernant l'implication d’enfants dans les conflits armés le 26 juillet 2005 et accéda au protocole facultatif concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants le 2 novembre 2004. 

Le Soudan du Sud quant à lui, n'a pas encore ratifié la Convention et ses protocoles facultatifs.

Les enfants sont les plus touchés par le conflit du Soudan du Sud et au Darfour. Jusqu’à présent, les autorités soudanaises ont échoué à mettre en application une législation destinée à les protéger. Quatorze parties du Soudan et deux du Soudan du Sud figurent sur la liste de la honte du Secrétaire général des Nations Unies en tant que parties qui recrutent, tuent ou mutilent des enfants, commettent des actes de violence sexuelle et attaquent des écoles et des hôpitaux. (En savoir plus sur la liste de la honte et sur les fonctions de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés.)

Les groupes et forces armés recrutent et kidnappent des enfants (10 000 enfants sont encore associés aux groupes et forces armés), et mènent des attaques contre les civils, y compris les enfants. La violence sexuelle contre les filles et les femmes est utilisée comme arme de guerre. 36% des filles se marient avant l'âge de 18 ans ; la mutilation génitale chez les femmes et la corruption touchent 68% des filles et des femmes, principalement dans le Nord du Soudan. Seuls 39% des enfants sont enregistrés à la naissance. Lire la liste complète des violations continuelles des droits des enfants au Soudan.

 

Le conflit au Darfour

Le conflit au Darfour éclata en 2003 à l’ouest du Soudan. Différents facteurs en ont été à l’origine, la perception de l'Ouest du pays comme marginalisé notamment, ainsi que des tensions grandissantes relatives aux ressources de la zone.

L'Armée de libération du Soudan (ALS) et le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE) commencèrent à attaquer des cibles gouvernementales dès le début de l'année 2003, accusant Khartoum d'oppresser les africains Noirs en faveur des arabes. Le gouvernement central fournissait des armes à la milice se revendiquant arabe du nom de Janjawid. La population au Darfour raconte que les Janjawid patrouillent en dehors des camps, tuant les hommes et violant les femmes qui s’aventurent trop loin à la recherche de bois ou d'eau.

Les Nations Unies estiment qu'entre 200 000 et 300 000 personnes sont mortes au Darfour depuis le début du conflit. Actuellement, sur une population globale d'environ 6,2 millions de personnes, on estime à 4,7 millions le nombre de personnes directement touchées par le conflit. Rien qu'en 2008, 310 000 personnes étaient délocalisées ou ont récemment été délocalisées, ramenant le nombre actuel de personnes touchées par le déplacement interne à 2,7 millions.

La moitié des personnes touchées par le conflit sont des enfants, et parmi eux, 700 000 ont grandi ne connaissant rien d'autre que le conflit.

Environ 200 000 personnes ont fui au Tchad, pays avoisinant. La plupart d'entre eux campent toujours le long de la frontière, sur une étendue de 600 kilomètres, et sont toujours vulnérables face aux attaques soudanaises.

Les zones de l'est du Tchad et du Darfour ont les mêmes origines ethniques, et la violence s'est donc répandue au-delà des frontières, les deux voisins s'accusant réciproquement de soutenir des groupes rebelles sur leurs territoires respectifs. Depuis la signature de l'accord de paix en 2010, les attaques transfrontalières ont cessé.

Le conflit au Darfour a récemment évolué vers une nouvelle phase : le gouvernement de Khartoum se repose de plus en plus sur les milices non arabes pour attaquer les civils et les rebelles dans l'Est de la région tourmentée.

 

En 2009, la Cour pénale internationale émit un mandat d'arrêt contre le président Omar El-Bashir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Suite à cette décision, le président interdit l'accès à plusieurs agences humanitaires d'opérer dans le Nord du Soudan.

 

Enfants touchés par le conflit armé (de janvier 2009 à février 2011)[1]:

- un total de 501 enfants, dont 6 filles, étaient associés à un minimum de dix groupes et forces armés du Darfour;

- 27 enfants one été tués et 36 autres mutilés[2];

- les Nations Unies ont reçu 52 allégations de violence sexuelle.

 

Le conflit du Soudan du Sud

Une majorité écrasante de Soudanais du Sud ont voté pour la sécession lors du référendum de janvier 2011.

Peu après l’accession du Soudan à son indépendance en 1956, des tensions constitutionnelles non résolues entre le Nord et le Sud aggravèrent la situation et une guerre civile de grande ampleur éclata. Les choses rentrèrent temporairement dans l’ordre en 1972 mais le conflit reprit en 1983 lorsque la loi sur la Sharia fut introduite. Au Sud, le conflit était mené par le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) et sa branche armée, l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS).

Le conflit sévit pendant vingt ans, jusqu'à ce que l'accord de paix global (CPA) soit signé en janvier 2005. Le conflit aurait coûté la vie à plus de deux millions de personnes, et quatre millions auraient été déplacées. Le CPA était aussi à l’origine du référendum sur l'indépendance du Sud.

Depuis l'indépendance du Soudan du Sud, les disputes continues avec le Soudan ont entraîné une augmentation des tensions entre les deux pays, principalement dues aux problèmes pétroliers ainsi qu'aux trois zones très contestées du Kordofan du Sud, du Nil Bleu, et de l'Abiye. Au sein du territoire du Soudan du Sud, les combats entre les groupes rivaux de l'État du Jonglei ont causé la mort de centaines de personnes et le déplacement d'environ 100 000 autres depuis son indépendance.

Le référendum pour les résidents de la région frontalière de l'Abiye concernant leur décision de rejoindre le Nord ou le Sud fut reporté en raison de questions quant à l’admissibilité des votants. Le conflit prend racine dans les inégalités qui existent entre les agriculteurs des Dinka Ngod, qui voudraient rejoindre le Soudan du Sud, et les éleveurs de bétail de la tribu arabe des Misseriya.

Le conflit en zone frontalière du Kordofan du Sud oppose les forces gouvernementales du Nord au peuple Nuba, largement chrétien et en faveur de l’APLS.

 

Enfants touchés par le conflit armé en 2011[3]:

- 352 cas de recrutement ou d'abus d'enfants ;

- 104 enfants ont été tués et 78 autres mutilés ;

- 21 écoles étaient utilisées par l’APLS et 10 autres supplémentaires ont été endommagées suite aux combats ayant lieu entre les différents groupes armés ;

- 602 enfants ont été signalés enlevés.

 

Sources :

- Le Wiki des droits des enfants : http://wiki.crin.org/mediawiki/index.php?title=Sudan
http://wiki.crin.org/mediawiki/index.php?title=South_Sudan

- Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés : http://childrenandarmedconflict.un.org/countries/south-sudan/
http://childrenandarmedconflict.un.org/countries/sudan/

- BBC, profil du Soudanhttp://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/country_profiles/820864.stm

- BBC, profil du Soudan du Sud http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-14069082

- UNICEF: http://www.unicef.org/sudan/overview.html

 

Traduction : Stephanie Miroux

 


[1] Rapport du Secrétaire général sur les enfants impliqués dans les conflits armés au Soudan, Conseil de sécurité des Nations Unies, S/2011/413, 5 juillet 2011.

[2] Le nombre exact d’enfants victimes d’attaques aériennes du gouvernement, des combats au sol entre les groupes armés ainsi que des conflits ethniques est inconnu en raison des restrictions visant la sécurité et de l’accès limité aux zones touchées, ainsi que les déplacements de population.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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