Tuberculose ultra-résistante: l'urgence requiert de nouveaux outils et de nouvelles stratégies

[PARIS/GENEVE, le 30 octobre 2006] - Compter sur les stratégies actuelles de l'Organisation Mondiale de La Santé (OMS) pour faire face à la tuberculose ultra-résistante serait catastrophique, a alerté Médecins Sans Frontières lors de conférences de presse organisées simultanément à Paris et à Genève. Les médicaments et diagnostics disponibles sont incapables de faire face à la maladie.

Un rapport MSF, qui sera présenté cette semaine lors de la 37ème Conférence mondiale de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires à Paris, montre qu'aucun des médicaments actuellement en cours de développement, même s'ils sont prometteurs, ne permettra d'améliorer de façon radicale le traitement de la tuberculose dans un futur proche. L'OMS doit donc revoir ses priorités en matière de tuberculose et engager des actions concrètes pour accroître les fonds dédiés à la Recherche et au Développement (R&D).

Avec 450.000 nouveaux cas de tuberculose résistante enregistrés tous les ans, le problème de la résistance aux traitements s'amplifie d'année en année. Les patients ultra-résistants ne répondent pas aux principaux antibiotiques utilisés pour traiter la tuberculose ni à deux types de médicaments de deuxième ligne, rendant tout traitement pratiquement impossible. De plus, la pandémie de sida rend la tuberculose ultra-résistante particulièrement alarmante, les malades co-infectés risquant de mourir avant même que les tests ne confirment leur résistance aux traitements, comme l'a montré une récente épidémie en Afrique du Sud.

« La tuberculose ultra-résistante peut potentiellement faire des ravages là où sévit le sida. Continuer de traiter la tuberculose ultra-résistante avec les mêmes médicaments serait catastrophique, explique le Dr. Françoise Louis, référente tuberculose et sida à MSF. Cela reviendrait à tenter d'éteindre un incendie avec un tuyau percé. »

Pour répondre à l'urgence, l'OMS doit travailler avec les autorités réglementaires et les compagnies pharmaceutiques afin d'obtenir une procédure accélérée de mise à disposition des traitements en cours de développement (procédure « fast-track »), et en permettre l'utilisation la plus rapide possible aux malades qui en ont besoin. Cela suppose que l'OMS soit moteur sur ces questions et ne se contente plus d'en déléguer la responsabilité.

L'émergence de la tuberculose ultra-résistante reflète l'échec de l'approche de l'OMS face au problème de la tuberculose. L'organisation a notamment négligé la R&D pour de nouveaux médicaments et diagnostics dont le besoin est pourtant urgent pour réduire le nombre de décès dus à la tuberculose qui s'élève à 2 millions chaque année. Les médicaments les plus récents ont été développés dans les années 50 et 60. Le test le plus courant à été mis au point il y a plus d'un siècle et permet de détecter la tuberculose dans la moitié des cas seulement. Ces outils sont encore moins efficaces pour les patients co-infectés par le sida et la tuberculose.

« L'épidémie en Afrique du Sud devrait nous alerter sur le problème de la tuberculose à grande échelle », souligne le Dr Tido von Shoen-Angerer, directeur de la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF. « Mais aucune mesure d'urgence ni investissement majeur dans la R&D ne sont engagés pour que les connaissances scientifiques basiques sur la tuberculose se traduisent par de nouveaux médicaments. Cela seul permettrait de raccourcir et d'améliorer les traitements et les tests diagnostiques pouvant être utilisés dans les pays en situation précaire. »

Informations supplémentaires

pdf: http://www2.paris.msf.org/site/communiques.nsf/pages/cpALL301006566

Libellés : 

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.