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Summary: La tempête tropicale qui a fait plus de 650 morts et plusieurs centaines de disparus aux Philippines les 17 et 18 décembre – en particulier sur l’île de Mindanao, dans le sud du pays – a pris les autorités par surprise.
[Le 20 décembre 2011] - « Nous ne nous y attendions pas du tout », a dit à IRIN l’ancien général d’armée Benito Ramos, haut responsable de la défense civile des Philippines et directeur du Centre national de gestion et de réduction des risques de catastrophes (NDRRMC), le 19 décembre, évoquant le trajet inhabituel de la tempête Washi. « Le nord de Mindanao ne s’est jamais trouvé sur le trajet des tempêtes. Cela explique pourquoi les responsables locaux n’étaient pas préparés », a dit M. Ramos. « Tout le monde dormait quand les inondations ont frappé, un peu avant l’aube. Le chaos s’est ensuivi dans l’obscurité ». La plupart des quelque 20 typhons qui touchent chaque année les Philippines frappent l’île de Luzon, dans le nord du pays. La tempête Washi a provoqué des pluies torrentielles dans quelque 13 provinces, entraînant des glissements de terrain, des crues éclairs et le débordement des cours d’eau, a indiqué le NDRRMC. « C’est arrivé le soir et il faisait très sombre. L’électricité a été coupée et de nombreuses victimes vivaient près d’un cours d’eau », a dit Gwendolyn Pang, secrétaire générale de la Croix-Rouge philippine (PNRC). « C’était une combinaison de plusieurs facteurs. Il y a eu de fortes précipitations au-dessus des régions montagneuses, les cours d’eau ont débordé et c’est arrivé pendant la marée haute… Les gens ont été pris par surprise : ils n’étaient pas préparés pour une telle catastrophe », a-t-elle dit, évoquant aussi la question du réchauffement climatique. Les villes d’Iligan et de Cagayan de Oro, sur la côte nord de Mindanao, ont été les plus durement touchées. De mémoire d’homme, cette région n’avait jamais connu de tempête aussi violente. Selon le communiqué publié par le NDRRMC le 19 décembre, quelque 143 000 personnes ont été affectées par la tempête. Parmi elles, 46 561 ont été accueillies dans 47 centres d’évacuation et plus de 1 500 autres se sont réfugiées chez des amis ou des proches. M. Ramos a dit qu’il s’agissait de la pire tempête depuis Ketsana, qui avait fait 400 victimes à Manille en 2009. Réveillés par le bruit de l’eau « Nous n’avions pas le temps de récupérer des vêtements secs et des provisions. Nous nous sommes agrippés les uns aux autres et nous sommes sortis de la maison », a-t-elle dit, ajoutant que ses fils adolescents ont attaché une corde autour d’un arbre pour les aider à traverser la rue et à atteindre un édifice à deux étages où ils ont attendu qu’on leur vienne en aide. « Tout le monde était dans la même situation. Les gens criaient le nom de leurs proches qui manquaient à l’appel. C’était terrible ». Selon l’organisation Save the Children, au moins 50 000 enfants ont été pris dans les inondations. « Nous craignons que de nombreux enfants aient été séparés de leurs parents pendant la tempête, et notre priorité est de les retrouver aussi rapidement que possible », a dit Anna Lindenfors, directrice nationale de Save the Children pour les Philippines. « Nous sommes particulièrement inquiets pour les enfants qui sont coincés dans des zones auxquelles nous ne pouvons accéder à cause des dommages causés par la tempête ». M. Ramos a dit que l’accès à l’eau potable devenait également problématique à cause de la contamination des principales sources d’approvisionnement par les eaux de crue. Il a aussi exhorté le public à donner généreusement. La tragédie survient quelques jours seulement après que les Nations Unies ont lancé un appel de fonds de 38 millions de dollars pour venir en aide à près de 700 000 habitants du centre de Mindanao, où des inondations ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes plus tôt cette année. Depuis plusieurs dizaines d’années, l’île est également le théâtre d’une rébellion armée qui entraîne le déplacement permanent de milliers de personnes, et notamment de familles déjà affectées par les catastrophes. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), une équipe d’évaluation du gouvernement et l’équipe humanitaire nationale (Humanitarian Country Team, HCT) ont été déployées sur le terrain à Mindanao. Des résultats préliminaires sont attendus plus tard dans la journée.
Alicia Mapuyag, une mère de cinq enfants d’Iligan, a dit que le bruit de l’eau qui pénétrait à l’intérieur de leur petite maison les avait réveillés et qu’en l’espace de quelques minutes seulement, ils barbotaient dans une eau trouble.