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Summary: La jeune Malala Yousufzai, connue pour son combat contre les talibans et pour le droit des femmes à l'éducation, a survécu miraculeusement, mardi 9 octobre, à une tentative d'assassinat perpétrée par les rebelles à la sortie de son école dans le nord-ouest du pays.
[le 9 octobre 2012] - Des chirurgiens ont retiré une balle de l'épaule de la militante pakistanaise de 14 ans. Des médecins locaux avaient indiqué en premier lieu qu'elle était "hors de danger" car une balle ayant touché son crâne n'avait pas atteint le cerveau, mais des médecins d'un hôpital de Peshawar, grande ville du nord-ouest où elle a été transportée, avaient par la suite jugé son état "critique". Une équipe de médecins pakistanais s'est rendue mercredi au chevet de la militante antitaliban pour déterminer si elle avait besoin de traitements médicaux à l'étranger. "Aucune décision n'a été prise jusqu'à présent", a ajouté ce responsable militaire. Un Boeing 737 du transporteur pakistanais PIA était sur le tarmac de l'aéroport de Peshawar, prêt à transporter au besoin l'adolescente à l'étranger, la destination la plus probable étant Dubaï. PREMIER PRIX NATIONAL POUR LA PAIX La jeune fille s'était fait connaître en 2009, à 11 ans, en dénonçant sur un blog de la BBC les violences commises par les talibans, qui incendiaient les écoles pour filles et assassinaient leurs opposants dans sa vallée de Swat, comme dans les régions voisines depuis 2007. La jeune fille avait été filmée, en larmes, dans un documentaire télévisé dans lequel elle expliquait vouloir devenir médecin. Elle avait reçu l'an dernier le premier prix national pour la paix créé par le gouvernement pakistanais et avait fait partie des nominés au prix international des enfants pour la paix de la fondation néerlandaise Kids Rights. Malala Yousufzai a été attaquée en plein jour par des combattants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaida, devant son école de Mingora, la principale ville de Swat, reprise par l'armée aux rebelles en 2009. Un responsable de la police locale, Rasool Shah, a indiqué qu'un des assaillants avait arrêté le bus avant d'ouvrir le feu. "L'un d'eux, qui avait une petite barbe, est monté et a demandé aux enfants laquelle d'entre elles était Malala. Il a tiré trois fois : la première balle a atteint Malala à la tête, la seconde a frappé l'épaule d'une de ses camarades d'école et la troisième a légèrement blessé une autre fille à la jambe", a-t-il déclaré. "ELLE EST DANS UN ÉTAT CRITIQUE" La jeune fille a été transportée dans un hôpital proche de Mingora, où les médecins l'ont d'abord jugée extrêmement chanceuse. La jeune fille a ensuite été transférée dans un hôpital militaire de Peshawar, où le pronostic était bien moins optimiste en début de soirée. "Elle est dans un état critique, a jugé un des médecins locaux, en soulignant que la balle s'était logée près de la nuque après lui avoir traversé la tête. Elle est en soins intensifs et semi-consciente, mais pas sous respirateur artificiel. Les trois à quatre jours prochains seront déterminants pour sa survie." L'attaque a été revendiquée par Ehsanullah Ehsan, porte-parole du TTP : "Nous l'avions prévenue plusieurs fois qu'il fallait qu'elle cesse de parler contre les talibans, qu'elle arrête de soutenir les ONG occidentales et qu'elle prenne le chemin de l'islam." "Quiconque critiquera les talibans subira le même sort", a-t-il déclaré à l'AFP par téléphone et depuis un lieu inconnu. L'assaut a été condamné par le président Asif Ali Zardari, qui a toutefois indiqué qu'il n'entamerait pas la détermination de son gouvernement à combattre les rebelles islamistes et à défendre le droit des femmes à l'éducation. LES ÉTATS-UNIS ET L'UE CONDAMNENT CETTE ATTAQUE "Nous condamnons fermement l'attaque contre Malala. La violence dirigée contre les enfants est barbare, c'est un acte de lâcheté", a commenté la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland. La diplomate a exprimé les sentiments des Etats-Unis à l'égard de la jeune fille, "des autres blessées et de leurs familles". La représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton a, elle, dénoncé mercredi une "agression ignoble". Mme Ashton "a été consternée d'apprendre qu'une écolière pakistanaise de 14 ans, Malala Yousufzai, a été attaquée hier par des extrémistes pour avoir défendu le droit des filles à l'éducation dans la vallée de Swat", une région longtemps contrôlée par les talibans, a indiqué son porte-parole dans un communiqué. "La bravoure de Malala, pourtant si jeune et la position de principe qu'elle défend sont une source d'admiration pour nous tous", a ajouté Mme Ashton.