LIBAN : Les parents violeurs de leurs enfants bénéficient, au Liban, de circonstances atténuantes

Summary: Selon une étude nationale réalisée en 2008, 16,1 % des enfants au Liban ont été victimes d’une ou de plusieurs formes d’abus sexuel allant de l’attouchement jusqu’à la relation sexuelle complète.

[Le 29 mars 2012] - « Les Libanais sont pris par les conflits politiques au moment où notre société souffre de plusieurs problèmes tout aussi graves, sinon plus, comme le trafic des enfants et les violences sexuelles exercées sur les enfants. » Comble des combles, on s’aperçoit que, selon la législation encore en vigueur au Liban, les parents violeurs de leurs enfants bénéficient de circonstances atténuantes...

C’est par ces mots que le secrétaire général du Conseil supérieur de l’enfance (CSE), Élie Mekhaël, résume les objectifs d’un atelier de travail organisé par le CSE, Dar el-Amal et l’ONG marocaine Amane à l’intention des médias et axé sur les abus sexuels dont sont victimes les enfants au Liban. Un atelier de travail qui a également pour but de discuter des moyens de coopération avec les différents médias afin de sensibiliser l’opinion publique au problème de la violence sexuelle contre les enfants et par conséquent d’œuvrer à le prévenir. « Notre objectif est aussi de communiquer aux journalistes, qui sont un important partenaire, les informations nécessaires et un certain savoir-faire concernant la problématique de l’enfance au Liban, notamment l’abus sexuel, note-t-il. C’est un problème réel et la loi libanaise souffre de plusieurs lacunes qui ne permettent pas de protéger d’une manière efficace les enfants victimes de violences sexuelles. »

En effet, selon une étude nationale réalisée en 2008 par le Conseil supérieur de l’enfance, l’ONG KAFA et Save the Children, 16,1 % des enfants au Liban ont été victimes d’une ou de plusieurs formes d’abus sexuel allant de l’attouchement jusqu’à la relation sexuelle complète. Roula Lebbos, assistante sociale et responsable du bureau du Mont-Liban de l’Union pour la protection de l’enfance (UPEL), fait remarquer pour sa part que l’UPEL reçoit chaque semaine non moins de dix cas d’enfants victimes d’une forme ou d’autre de violence.

« Les lois en vigueur permettent d’alléger la responsabilité de l’abuseur si ce dernier est un membre de la famille, déplore Élie Mekhaël. Cela va à l’encontre des droits de l’enfant. L’abuseur doit être sanctionné et d’une manière proportionnelle à son acte, quelle que soit sa relation ou le degré de parenté avec l’enfant. »

Le concept de l’âge constitue lui aussi une lacune observée au niveau de la loi libanaise. Selon « la Convention des droits de l’enfant, toute personne âgée de moins de 18 ans est considérée comme un enfant », explique Élie Mekhaël. « Or dans la loi libanaise, les sanctions émises contre l’abuseur sont allégées si l’enfant a plus de 15 ans, poursuit-il. Pour combler ces lacunes, nous travaillons sur la réforme des lois en vigueur et avons même proposé d’ajouter un article selon lequel une réhabilitation sera assurée à l’agresseur. »

Élie Mekhaël indique en outre que le Liban manque de « structures de réponses ». « Les associations spécialisées dotées de résidence intérieure pour accueillir les enfants sont peu nombreuses au Liban, observe-t-il. De plus, il faut mieux travailler l’approche qui doit être pluridisciplinaire. Une formation des acteurs qui assurent une réponse à cet enfant est nécessaire. »

En réponse au problème de l’abus sexuel des enfants, le CSE a mis en place une stratégie pour la protection et la prévention de l’enfance « que nous avons proposé au différents ministères en vue d’être avalisée par le Conseil des ministres », précise Élie Mekhaël.

Pour sa part, Hoda Kara, directrice de Dar el-Amal, note que le but de cet atelier de travail est de mettre l’accent sur la problématique de l’abus sexuel dont sont victimes les enfants et sur « la nécessité pour les différentes parties concernées, à savoir les organismes internationaux, nationaux et gouvernementaux, la société civile et les médias, de se serrer les coudes pour protéger les enfants de la violence sexuelle ». « Le problème existe au Liban et il s’accroît avec la pauvreté, la dislocation familiale, l’ouverture sur les médias sociaux, etc., insiste Hoda Kara. C’est un problème qu’il ne faut pas occulter parce qu’il est de notre responsabilité de protéger les enfants. »

pdf: http://goo.gl/wC2CC

Pays: 

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.