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Summary: Le manque de données rend le problème «
invisible », dit l’UNICEF[Genève, le 31 mai 2005] - La violence à l’encontre des enfants vivant en
institution existe partout, selon les recherches effectuées par l’UNICEF en
prévision d’une importante conférence sur la violence envers les enfants
en Europe et en Asie centrale. Ces études révèlent également des lacunes
flagrantes en termes de connaissances et de données concernant ce
phénomène.
« Les enfants vivant en institution (et cela va des foyers pour enfants aux
centres de détention) sont terriblement exposés, constate Maria Calivis,
Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Europe centrale et orientale et la
Communauté d’Etats indépendants. Ils le sont parce qu’ils sont isolés du
reste de la société et vivent en milieu clos. Et plus ce milieu se referme,
plus le risque de violence augmente et plus les chances qu’on en parle
diminuent.
« Il ne faut pas oublier que ces enfants, avant d’atterrir en institution, ont
déjà traversé bien des épreuves, dit-elle. Ils sont meurtris par des
problèmes familiaux et cela ne fait qu’accroître leur vulnérabilité. »
La Consultation sur la violence à l’encontre des enfants d’Europe et d’Asie
centrale, qui sera l’une des neuf conférences organisées sur le même sujet
dans le monde entier, se tiendra en Slovénie au début du mois de juillet et
elle contribuera à l’Etude du Secrétaire général sur la violence à l’encontre
des enfants, qui devrait être publiée en 2006.
Personne ne connaît le nombre exact d’enfants placés en institution en
Europe et en Asie centrale. Les estimations les plus conservatrices
avancent le chiffre d’un million.
« Il y a des lacunes graves, fondamentales, dans les statistiques dont
nous disposons, dit Mme Calivis. Du coup, le problème devient « invisible »
et cela entrave l’organisation d’interventions efficaces. »
Les résultats actuels des recherches vont probablement provoquer un
débat lors de la prochaine consultation régionale :
· Les études en cours en Irlande font état de maltraitances qui
s’étalent sur des dizaines d’années. Pour l’une des enquêtes, 3 000
plaintes ont été déposées, dont 60 pour cent par des personnes de plus
de cinquante ans qui ont subi des sévices au cours de leur enfance, alors
qu’elles vivaient en institution.
· Le Comité des droits de l’enfant s’est inquiété de ce qu’il n’existe
aucune interdiction visant explicitement les châtiments corporels dans les
institutions en Belgique, en République tchèque, en France, au Kirghizstan
et en Moldova.
· Le rapport sur le Kazakhstan révèle que 80 pour cent des élèves
vivant en pension sont traités « avec cruauté ».
· En Grande-Bretagne, des interviews avec des jeunes vivant en
institution ont révélé que 62 enfants sur 71 se plaignaient de violences
physiques entre enfants. La moitié d’entre eux avaient été victimes de
mauvais traitements, allant d’attaques au couteau et de coups de poing ou
de pied à des actes de vandalisme contre leurs objets personnels ou à des
menaces.
L’UNICEF tire l’alarme dans le domaine de la justice pour mineurs, car les
recherches semblent indiquer que les délinquants juvéniles risquent plus
souvent d’être maltraités au cours des premières étapes de leur détention,
avant le procès. Le Comité des droits de l’enfant a soulevé la question des
membres de la police qui maltraitent les enfants et adolescents placés
sous leur garde en Albanie, en France, en Géorgie, en Roumanie, en
Suisse, en Ukraine et en Ouzbékistan. Il arrive que des jeunes soient
gardés en détention provisoire dans des établissements pour adultes, ce
qui augmente le risque de maltraitance. En Allemagne, on sait qu’ils font
l’objet de menaces, de chantage et même de viol. En Croatie, il arrive au
personnel pénitentiaire de frapper les jeunes à coups de poing, de pied,
voire de matraque.
« Ceci est inacceptable, déclare Mme Calivis. La Convention de l’ONU
relative aux droits de l’enfant définit les normes pour les enfants vivant en
institution. Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a défini leurs
droits, y compris celui d’être élevé dans un milieu d’où la violence est
absente. Les règles existent, il faut les appliquer. »
L’UNICEF exhorte les ministres qui assisteront à la consultation sur les
enfants et la violence au mois de juillet à
· légiférer pour abolir toute forme de violence envers les enfants
dans tous les milieux : institution, école, famille ou communauté
· garantir de ne recourir à l’institutionnalisation ou à la détention
des enfants qu’en dernier ressort
· initier le recueil de données consistantes, comparables et
désagrégées sur les enfants vivant en institution dans toute la région
· présélectionner le personnel travaillant avec ces enfants, le
payer correctement et lui garantir une formation suffisante pour résoudre
les tensions et conflits qui peuvent déboucher sur des actes de violence
· créer une filière administrative qui permettra aux enfants vivant
en institution de déposer plainte et faire en sorte que les jeunes soient au
courant de cette possibilité
· garantir un contact régulier entre ces enfants et leur famille, à
moins que cela ne les mette en danger.
Note aux rédactions
L’UNICEF a rassemblé une série d’études sur la violence à l’égard des
enfants en milieu institutionnel en vue de la Consultation régionale sur la
violence à l’encontre des enfants en Europe et en Asie centrale, qui se
tiendra à Ljubljana (Slovénie) du 5 au 7 juillet 2005, sous la présidence du
Gouvernement slovène, avec le concours du Conseil de l’Europe, de
l’UNICEF, de l’OMS, du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et du
Groupe consultatif des ONG.
Le Secrétaire général des Nations Unies a chargé un expert indépendant,
Paulo Sérgio Pinheiro, de diriger une étude mondiale sur la violence à
l’égard des enfants. Cette étude, qui puise sa source dans le droit de
l’enfant à être protégé contre toutes les formes de violence, a pour objectif
de promouvoir des changements afin de prévenir et éliminer la violence à
l’encontre des jeunes aux niveaux international, régional et local. Il s’agit
d’une œuvre collective entreprise sous l’égide des Nations Unies et
mandatée par l’Assemblée générale afin de rassembler les études
existantes et les informations touchant aux types de sévices, leurs causes
et leur impact sur les enfants et les adolescents (jusqu’à 18 ans). Un
rapport important sera publié en 2006 et ses recommandations seront
soumises à l’Assemblée générale des Nations Unies.
Neuf consultations régionales, y compris celle qui se tiendra en Slovénie en
juillet, rassembleront les informations régionales sur la violence à l’égard
des enfants dans quatre milieux distincts : la famille, la communauté,
l’école et les institutions. Elles définiront un plan d’action et contribueront à
l’étude par leurs recommandations.