Soumis par Louise le
[11 novembre 2015] - En Irak, la loi prévoit l’inscription automatique des mineurs comme musulmans, même lorsque seul l’un des parents se convertit à l’islam. Soutenue par des parlementaires appartenant à des coalitions diverses, des chrétiens ont soumis une proposition d’amendement prévoyant de laisser aux enfants la possibilité de continuer à pratiquer leur religion d’origine et, à 18 ans, la liberté de choisir leur religion « en pleine liberté de conscience ».
Une proposition rejetée à une large majorité le 27 octobre, rapporte l’agence Fides. Elle a réuni seulement 51 voix pour et 137 contre.
La mobilisation se poursuit néanmoins. Elle « a vu converger des militants de différents partis et mouvements politiques, des représentants d’organisations de la société civile et des groupes de chrétiens, de yézidis, de mandéens et de sabéens ».
PRESSION SUR LE PARLEMENT
Selon le site Internet irakien ankawa.com, une délégation de manifestants a été reçue par les fonctionnaires de l’ONU, auxquels a été remis un mémorandum dans lequel est documenté le caractère anticonstitutionnel de la loi en question. « Les fonctionnaires de l’ONU ont, de leur côté, promis d’exercer des pressions sur le parlement irakien afin de chercher à obtenir une modification de la loi en question », indique l’agence vaticane.
Interrogé par l’agence Asianews, Mgr Rabban al-Qas, évêque d’Amadiya et Zakho (au Kurdistan irakien), estime que ce rejet va à l’encontre des chrétiens et des autres minorités irakiennes. Parce qu’il « étouffe leur désir de liberté », il risque de « conduire les chrétiens à partir », accélérant un processus déjà en cours.
La loi en question ne s’applique pas au Kurdistan irakien – cette région autonome maintenant la liberté aux jeunes de choisir leur religion à 18 ans – mais Mgr al-Qad redoute qu’il ne « touche un jour » également son diocèse.
LIBERTÉ DE CHOISIR LEUR AVENIR
« Il ne s’agit pas seulement d’un projet politique. (Ce rejet) porte aussi les traces d’un islam qui veut éliminer les minorités », estime encore cet évêque chaldéen, dont le diocèse – dans le gouvernorat de Dohouk – accueille de nombreux réfugiés chassés de chez eux par Daech. « Si vous changez votre religion, ce sera pour toujours. Une telle mentalité n’a rien d’humain ».
« Non seulement ils ont pris les maisons et les biens des chrétiens, mais maintenant ils veulent aussi prendre leur volonté, leurs espoirs, la liberté de religion et la liberté de choisir leur avenir », déplore-t-il.