Enfants soldats, de nouvelles avancées?

Summary: L'ONU signe avec le Tchad des accords prometteurs pour la démobilisation des enfants soldats: immenses espoirs pour un processus qui reste incertain au vu des difficultés que pose la réinsertion.

(Le 21 juin 2011) - " Aujourd'hui, nous pouvons avoir espoir ", a déclaré, le 14 juin, Radhika Coomaraswamy, représentante du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants dans les conflits armés. Ce jour là, un accord a été signé entre les équipes de l'ONU chargées de la surveillance des droits de l'enfance et des enfants dans les conflits et le gouvernement tchadien, ce dernier s'engageant à retirer les mineurs du conflit et à veiller au respect des droits de l'enfance. Ce texte s'inscrit à la suite de la déclaration de N'Djamena, en 2010, qui annonçait la coopération de cinq pays dans la zone pour mettre fin au recrutement d'enfants soldats par l'armée. D'ici la fin de l'année 2011, les membres de l'ONU et du gouvernement de Mr. Déby espèrent voir une armée composée entièrement d'adultes. 

Liste de la honte

En 2008, le conseil général de l'ONU a dressé la "Liste de la Honte", qui recense les groupes armés et les gouvernements qui tuent des enfants, leur font subir des violences sexuelles, ou les engagent de force dans leurs armées. Dans cette liste figurait, il y a peu, le Tchad. Comment expliquer ce soudain retournement de situation? Pour Mme Coomaraswamy, la menace de sanctions internationales ainsi que le regard porté par les pays étrangers sur le Tchad a joué un grand rôle: "Tous les gouvernements veulent se voir comme légitimes, et veulent être reconnus comme tels par la scène internationale", affirme-t-elle. "Pour cela, ils sont prêts à s'engager". 

Les sanctions peuvent aller jusqu'à " l'interdiction d'exporter ou de fournir des armes, l'interdiction d'apporter une assistance militaire, l'imposition de restrictions aux déplacements des responsables, l'exclusion de ceux-ci de toutes les structures administratives et des mesures d'amnistie, et la restriction des flux de ressources financières vers les parties concernées ". Depuis la publication de la Liste de la Honte, la plupart des pays concernés, soucieux de leur image à l'étranger, tentent d'oeuvrer pour une meilleure protection de l'enfance. 

Le plan d'action mis en place au Tchad prévoit la réinsertion des enfants dans la société par leur retour auprès de leurs familles et communautés d'origine, mais aussi et surtout par leur accès à l'éducation et à des formations pour un futur métier. Le gouvernement s'est pour sa part engagé à démobiliser et désarmer systématiquement les mineurs de l'armée, ainsi qu'à une transparence totale quant à ses listes d'effectifs afin que l'ONU puisse les contrôler à tout moment. 

Difficile réinsertion

Cependant, malgré les promesses de progrès et l'enthousiasme soulevé par la signature du plan d'action, la représentante du secrétaire général reste prudente: "Le travail le plus difficile reste devant nous", précise-t-elle. En plus de la difficulté d'accompagner efficacement les enfants démobilisés, Mme Coomaraswamy souligne les problèmes que posent les démobilisations informelles d'enfants soldats. Dans ces situations, ces derniers sont le plus souvent seuls, livrés à eux-mêmes, ne bénéficiant d'aucune éducation ni formation. 

Bien trop souvent, pour les enfants soldats, une véritable réinsertion est impossible. Malgré les nombreux accords et promesses faites quant à leur protection, ces derniers ne connaissent parfois que l'univers de la guerre et de la violence. Le retour à la paix est, au mieux, difficile: les anciens enfants soldats, une fois démobilisés, doivent revenir à une normalité qu'ils n'ont, pour certains, jamais connu. Recrutés parfois dès l'âge de 10 ans, beaucoup ont été témoins de viols, de vols, de meurtres... incapables de se réadapter, ils quittent parfois les programmes de réinsertion et la formation d'ébéniste, d'agriculteur, ou de couturier qui leur y est dispensée pour retrouver l'armée, les promesses de richesses faciles et de promotion rapide qu'elle offre. Ils préfèrent ainsi retomber dans la violence, puisque cette violence est le seul ordre qu'ils connaissent et qu'ils comprennent. 

Avant le début de la guerre civile qui déchire la Côte d'Ivoire depuis janvier 2011, le programme de réinsertion d'enfants soldats en cours dans le pays était considéré comme l'un des plus efficaces et des mieux implantés. Mais des centaines d'anciens enfants soldats sont retournés grossir les rangs des deux camps quelques semaines à peine après le début du conflit. Preuve de la fragilité de ces structures, le processus de démobilisation et de désarmement doit être entièrement reconstruit et repensé, n'ayant pas su convaincre les enfants et les jeunes adultes de définitivement quitter les rangs de l'armée pour rentrer dans le monde civil. 

pdf: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/enfants-soldats-de-nouvelles-avan...

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