ELECTIONS AU COMITE DES DROITS DE L'ENFANT: Entretien avec la candidate de Madagascar

Summary: Mme Ramanandraibe Bakolalao, 62 ans, de Madagascar, est actuellement Présidente de Chambre à la Cour de Cassation de la Cour Suprême et Présidente du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité. Dans le cadre de ses activités associatives, elle a participé à la rédaction d'ouvrages de vulgarisation du droit tels que:
*Guide Juridique de la femme Malgache en partenariat avec l'UNICEF
*Guide sur le droit foncier, à l'intention des femmes rurales en partenariat avec la fondation Friedrich Elbert

Pourquoi voulez vous travailler au comité des droits de l'enfant?

 J'ai toujours milité pour la défense des droits de l'enfant, j'ai été impliquée dans différentes activités pour la protection des droits de l'enfant ; j'ai enseigné les droits de l’enfant au sein de l'Ecole Nationale Supérieure de la Gendarmerie et de l’Ecole Nationale de la Magistrature et des Greffes, et j'ai été impliquée dans la formation des responsables de la police judiciaire et des magistrats en charge de la protection des enfants. J'ai aussi travaillé au sein de diverses associations qui s'occupent des enfants délinquants, en danger moral ou abandonnés.Ma candidature au comité me permettrait d’élargir mes actions au niveau de la défense des droits de l'enfant.

 

Que pensez vous pouvoir apporter comme contribution dans le travail du Comité?

 Les questions qui me semblent importantes sont celles relatives :

Au droit à l’identité, au travail des enfants, et à la protection des enfants en danger.

La question de l'identité de l'enfant est une question qui semble souvent être occultée, et même les parents ont tendance à négliger les implications sociales et juridiques du droit à l’identité, impliquant entre autres le soutien matériel. Le problème de l'identité constitue en effet un problème très grave qui peut handicaper l'enfant même au niveau psychologique.

Ensuite, comme je l'ai mentionné plus haut, il y a aussi la question de la protection de l'enfant. Il faut protéger les enfants contre toutes les formes de violences telles que la violence résultant de la misère, la violence de l’abandon, ou encore la violence sexuelle et toute forme d’exploitation sexuelle, les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les enfants lors de l'éclatement de la famille. Il faut, dans le cadre de la rééducation, reprendre le chemin éducatif interrompu et reconstituer le lien humain chaleureux qui manque.

Il y a enfin le problème du travail des enfants, qui est un problème particulier surtout dans nos pays en voie de développement et dans les familles pauvres. La protection des enfants ne doit pas seulement se faire au niveau juridique, par l’interdiction du travail des enfants, il faut replacer ce problème dans un contexte plus large de survie de famille faute d’alternative. La réponse devrait donc être économique et non une simple interdiction.

Je pourrais apporter ma contribution sur ces trois questions que je maîtrise bien.


 D'après vous, quelle est la question qui a besoin de plus d'attention dans le domaine des droits de l'enfant?

 La protection des enfants en danger est une question fondamentale dans notre société. Il est important de protéger les enfants contre les violences de toutes sortes parce que dans tous les cas, ces enfants même en atteignant à l'âge adulte gardent des séquelles qui vont se manifester d’une manière ou d’une autre. Devenu adulte, un enfant maltraité a tendance à être violent s'il a été confronté à la violence dans sa jeunesse, ceci créant alors un cercle vicieux. Dans ma carrière de magistrat, j'ai constaté que beaucoup de personnes condamnées pour pédophilie ont eux même été victimes d'abus sexuels pendant leur jeunesse. Il faut donc replacer la protection des enfants contre la violence dans un contexte d'éducation.

 

 

 Quelle est la meilleure réalisation de votre carrière?

 J'ai 38 ans de carrière dans la magistrature de mon pays. Ce qui m'a toujours passionné dans ce secteur c'est les postes qui m'ont permis de toujours me rapprocher des problèmes des enfants et de leurs familles, de travailler pour la protection et le respect de leurs droits ; au cour de ma carrière, j'ai été en charge de l’Ecole Nationale de la Magistrature et des Greffes qui s'occupe de la formation des magistrats et des greffiers. Pendant cette période j'ai eu la possibilité de cordonner la formation des magistrats pour les fonctions Parquet, Siège, Instruction et Juge des enfants.

J'ai assumé notamment les fonctions de formateur pour les fonctions « juge des enfants ». J’ai aussi dirigé les actions pour la mise en place du programme de lutte contre la corruption à Madagascar et j’ai assuré la mise en place du Bureau Indépendant Anti-Corruption (BIANCO).

Je pense que tous ces programmes vont dans le sens de la protection des droits de l'enfant dans la mesure où ils nous permettent de créer des bases d'une société dans laquelle les enfants peuvent grandir dans un pays où des institutions solides les protègent.


 Quelle est votre vision du comité; en d'autres mots, comment pensez vous qu'on pourrait le rendre plus efficace?

En cordonnant bien les actions par rapport aux objectifs fixés et aux problèmes mis en exergue, mais aussi en assurant correctement le suivi de ces actions.


 Quel est le plus grand défi auquel le comité doit faire face?

 La question de l'indépendance du comité, et la question de la transparence au niveau des actions.

 

Comment pensez vous que le comité pourrait travailler plus efficacement avec les ONG?

 J'ai moi même travaillé avec les ONG. Un des problèmes majeurs c'est que les actions des ONG sont souvent dispersées. Il faudrait que les actions soient mieux ciblées, mieux coordonnées et que le comité y apporte un meilleur suivi et une meilleure évaluation des actions cordonnées. Je pense qu'il est nécessaire que le comité travaille plus étroitement avec les ONG pour une meilleure coordination de leurs actions dans la mesure où souvent, les actions en cours des ONG ne sont pas toujours connues par tout le monde et ceci est généralement due à une mauvaise coordination.


 Que feriez vous si vous ne travailliez pas dans le domaine des droits de l'enfant?

 2 domaines qui me tiennent à cœur et dans lesquels je travaille sont les droits de la femme et les droits des enfants

J'ai toujours milité pour les droits de la femme et je pense que les droits de la femme sont fortement liés aux droits de l'enfant, ceci parce que la mère a une grande responsabilité dans l'éducation de l'enfant, donc si je ne travaille pas le domaine des droits de l'enfant, je travaillerai dans les droits de la femme.


 Ou seriez vous si nous n'étions pas entrain d'avoir cet entretien? 

 Je suis dans mon bureau donc je serai entrain de travailler, de vaquer à mes occupations professionnelles.


 Si je vous dis droits de l'enfant en un mot?

Être reconnu comme une personne humaine pouvant bénéficier de droits qui doivent être protégés pour lui permettre de s'épanouir pour devenir une personne à part entière dans la société.



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