Soumis par CRIN le
[Le 17 février 2014] - De multiples crimes contre l'humanité, découlant de politiques établies au plus haut sommet de l'Etat, ont été commis et continuent d'être commis en République populaire démocratique de Corée (RPDC), selon un rapport d'une commission d'enquête de l'ONU publié lundi.
Ce rapport réclame une action urgente de la part de la communauté internationale pour faire face à la situation des droits de l'homme dans le pays, y compris la saisine de la Cour pénale internationale (CPI).
Dans un document de 400 pages contenant des pièces justificatives et des témoignages directs de victimes et de témoins, la Commission d'enquête des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en RPDC a documenté de manière très détaillée les « atrocités innommables » commises dans le pays.
La Commission d'enquête, qui a été établie par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en mars 2013, estime que la gravité, l'ampleur et la nature de ces violations des droits de l'homme mettent en évidence un Etat qui n'a aucun parallèle dans le monde contemporain.
Selon le rapport, ces crimes contre l'humanité impliquent des exterminations, meurtres, esclavage, tortures, emprisonnements, viols, avortements forcés et autres formes de violences sexuelles, persécutions pour des motifs d'ordre politique, religieux, racial ou sexiste, le transfert forcé de populations, les disparitions forcées de personnes et des actes inhumains causant intentionnellement une famine prolongée.
La Commission d'enquête estime que la communauté internationale doit accepter sa responsabilité de protéger le peuple de la RPDC des crimes contre l'humanité, étant donné l'échec manifeste du gouvernement de ce pays à le faire. Selon la Commission, la RPDC affiche de nombreux attributs caractéristiques d'un Etat totalitaire.
Le nombre de prisonniers politiques se situerait entre 80.000 et 120.000 personnes détenues dans quatre grands camps où la famine est utilisée de manière délibérée pour les contrôler et les punir.
La Commission d'enquête de l'ONU exhorte tous les Etats à respecter le principe de non refoulement, qui consiste à ne pas renvoyer de force des réfugiés vers leur pays d'origine.
Bien que le gouvernement nord-coréen n'ait pas répondu aux demandes de la Commission de pouvoir se rendre en RPDC et obtenir des informations, celle-ci a recueilli le témoignage direct de plus de 80 témoins lors d'audiences publiques à Séoul, Tokyo, Londres et Washington. Elle a aussi mené plus de 240 entretiens confidentiels avec des victimes et témoins, y compris à Bangkok.
Le rapport inclut une lettre envoyée par les commissaires au chef de l'Etat nord-coréen, Kim Jong-un, contenant un résumé de leurs constatations les plus graves. Dans cette lettre, les commissaires déclarent qu'ils recommanderont le renvoi de la situation en RPDC à la Cour pénale internationale.
La Commission d'enquête appelle aussi le Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter des sanctions ciblées contre les personnes qui semblent porter la responsabilité la plus lourde pour ces crimes contre l'humanité.