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Summary: Ces deux dernières années, plus de 4 000 enfants et adolescents de trois provinces turques ont échappé aux pires formes de travail des enfants, grâce à une campagne d'inspection du travail lancée par le Programme international de l'OIT pour l'abolition du travail des enfants (IPEC). Aujourd'hui, les partenaires de ce programme en Europe du Sud-Est et en Asie centrale cherchent à partager les fruits de leur expérience avec d'autres pays.
[IZMIR] - Ahmet, 16 ans, travaillait dans une entreprise de menuiserie d'Izmir où sa famille s'est installée il y a dix ans. Son père, travailleur occasionnel rarement employé, se retrouvait au chômage presque toute l'année. Sa maman faisait parfois des ménages mais devait surtout s'occuper de son foyer de sept personnes. Tous les jours, Ahmet manipulait des produits chimiques nocifs et des engins dangereux, dans un environnement où la poussière autant que le bruit dépassaient les seuils de tolérance acceptés. Ignorant sa toux autant que ses autres symptômes jusqu'à ce qu'un fonctionnaire vienne l'interroger. Ce fonctionnaire s'est ensuite entretenu longuement avec l'employeur d'Ahmet. C'était l'un des inspecteurs du travail chargés de contrôler les lieux de travail dans le cadre d'un programme d'action lancé par l'inspection du travail turque en vue d'abolir les pires formes de travail auxquelles sont soumis des enfants dans l'industrie du meuble des provinces d'Ankara, de Bursa et d'Izmir. Une fois l'employeur et la famille convaincus de l'intérêt de la démarche, Ahmet a été orienté vers un centre social créé par le programme. À son inscription, Ahmet a passé une visite médicale complète, qui a permis de diagnostiquer un début de pneumopathie. Ahmet a alors été soigné et inscrit dans une institution où il a pu achever ses études primaires. Ses horaires de travail ont été aménagés pour lui permettre de poursuivre ses études, et au bout d'un an seulement, Ahmet obtenait le certificat permettant de suivre un apprentissage qui débouchera sur un emploi convenable dans la menuiserie. De plus, deux de ses sœurs et un de ses frères ont également été suivis par le centre et scolarisés à l'école primaire. L'inspection avait découvert non seulement un cas de travail d'enfant, mais aussi le non-respect de la réglementation du travail. Ainsi, des aménagements du lieu de travail ont été discutés avec l'employeur, et une nouvelle ventilation a été installée. Grâce au partenariat entre l'OIT, le Programme pour l'abolition du travail des enfants et l'inspection du travail turque, plus de 4 000 enfants des provinces cibles ont échappé aux pires formes de travail des enfants. Ce programme a permis la mise sur pied d'un mécanisme de surveillance et de signalement fiable et global, ainsi que la création d'un logiciel enregistrant l'ampleur et la nature du travail des enfants et leur scolarisation. Les inspecteurs du travail ont adopté une démarche globale, conjuguant les activités de surveillance à des services de suivi et d'orientation. Grâce à la collaboration avec d'autres institutions, les travailleurs mineurs ont été scolarisés, tandis que les plus âgés ont été orientés vers des centres de formation professionnelle et de formation continue, proposant notamment des cours d'alphabétisation. Les familles de ces enfants ont également été suivies et aidées par le biais de formations professionnelles, de conseils et d'activités rémunératrices. "Combattre le travail des enfants devrait être une routine pour tous les inspecteurs du travail dans le monde. C'est ainsi qu'ils contribueront à résoudre le problème des 126 millions d'enfants soumis à un travail dangereux", explique Klaus Günther, spécialiste du travail des enfants à l'OIT. Cependant, les inspecteurs du travail se heurtent souvent à des obstacles pratiques difficilement surmontables pour accomplir cette mission essentielle qui est la leur. C'est pourquoi l'OIT leur apporte un soutien administratif et contribue à leur formation sur le travail des enfants. Suite à la réussite du programme en Turquie, le Programme pour l'abolition du travail des enfants et le Centre international de formation de l'Organisation internationale du Travail, basé à Turin (Italie), ont co-organisé un atelier sur la politique d'inspection du travail et sur le travail des enfants à Istanbul la semaine dernière. Parmi les participants à cette rencontre figuraient des partenaires du programme venus d'Albanie, d'Azerbaïdjan, de Bulgarie, de Géorgie, du Kazakhstan, du Kosovo, du Kirghizistan, de Moldavie, d'Ouzbékistan, de Roumanie, du Tadjikistan, de Turquie et d'Ukraine. "Cet atelier a permis aux pays de partager les fruits de leur expérience avec d'autres et de s'inspirer de l'exemple de l'inspection du travail turque. Qui plus est, il a également contribué à tisser un réseau régional de lutte contre le travail des enfants", conclut Klaus Günther. Informations supplémentaires