Soumis par crinadmin le
Summary: Au Burkina Faso, des milliers de jeunes filles quittent leur village en quête d’un emploi de domestique dans les familles urbaines. Dans la plupart des cas, ce sont encore des enfants, qui ne bénéficient d’aucune forme de protection, et donc enclines à l’exploitation et aux abus. Depuis 2006, Terre des hommes (Tdh) – Lausanne travaille sans relâche à la protection et à la sensibilisation de ces jeunes filles domestiques.
[Le 12 juillet 2013] - Cette fois, Tdh s’efforce de traiter le problème sous un nouvel angle, celui des employeurs. En juillet, des rencontres ont été organisées avec une vingtaine de femmes « employeuses », afin de les sensibiliser aux mauvais traitements réservés à ces enfants domestiques. A l’occasion de la mise en œuvre d’activités sanitaires destinées aux mères et aux enfants, Terre des hommes a pris conscience d’un phénomène touchant de nombreux villages : le déplacement, massif et volontaire, de centaines de filles (dès l’âge de 10 ans) de la province du Sourou en vue de devenir domestiques à Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso. Pour pallier à la situation grandissante, la Fondation a mis en œuvre des actions ponctuelles de sensibilisation en vue de prévenir les dangers engendrés par la migration, telle que l’exploitation. L’expérience de la migration Un des objectifs des filles migrantes du Sourou est de pouvoir acquérir des biens et des revenus pour constituer leur trousseau de mariage. L’expérience de la migration leur donne aussi une valeur supplémentaire, une expérience du monde qui fait office de rite initiatique. Malheureusement, toutes les filles n’en reviennent pas indemnes et certaines vivent des expériences traumatiques, telles que des violences physiques et des situations d’abus sexuels aboutissant parfois à des grossesses non-désirées. Il n’existe pas ou très peu de structures spécialisées pour accueillir et protéger les filles victimes de mauvais traitements. Dans les villes de destination, ce sont les « logeurs » qui prennent en charge les filles migrantes, en les aidant à trouver un emploi et un logement. Cependant, le bien-fondé de ces lieux d’accueil est questionné. Quel est réellement le rôle des logeurs : l’aide et la protection des filles ou l’organisation d’un réseau de travail d’enfants domestiques ? En l’absence d’un véritable accès à l’éducation scolaire ou à une formation qualifiante, l’avenir des filles domestiques du Sourou reste obstrué ou limité. Terre des hommes sensibilise les « patronnes » En parallèle de l’aide apportée aux filles domestiques (sensibilisation, prises en charge sanitaires et accès à des formations professionnelles), Tdh a initié des sessions de formation sur les droits et la protection des enfants auprès d’un groupe de femmes, employeuses des filles domestiques dans quatre quartiers de Ouagadougou (Zogona, Wemenga, Pag-Layiri et Nonssin). L’objectif de ces activités, soutenues financièrement par l’UNICEF, est de créer l’échange et de rendre compte des risques potentiellement graves que prennent les filles en acceptant ces formes de travail. De quatre participantes début 2013, elles sont maintenant plus d’une vingtaine à participer aux rencontres. Le message de sensibilisation semble bien passer. Zalissa, une participante et employeuse de filles domestiques, rapporte : « Tdh nous exhorte à prendre bien soin des filles et à les traiter comme si c’était nos propres enfants. » Un des objectifs du projet est de toucher le maximum de personnes travaillant avec les enfants et de rendre l’action pérenne. Salimata Ouattara, animatrice sociale à Tdh, témoigne : « Notre objectif est de sensibiliser les employeuses afin qu’elles sensibilisent d’autres employeuses. » Le groupe de femmes a rejoint la cause de Tdh et s’est constitué en association. Elles prévoient déjà de mener des actions de sensibilisation, tel le théâtre, afin d’éviter à celles qui sont avant tout « leurs filles », les pires formes de travail. Plus d'informations