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Summary: Au Brésil, la montée de la criminalité chez les mineurs lance un débat national sur l'abaissement de l'âge de la majorité pénale.
[Le 14 mai 2013] - Mardi 9 avril, Victor Hugo Deppman, jeune étudiant de 19 ans, est mortellement blessé à la tête par une arme à feu lors d'un vol à la porte de sa maison, à Belém, un quartier de São Paulo. Des témoins ont dit à la police qu'un homme avait tiré sur le jeune homme lors d'un assault. Le suspect se serait ensuite enfui sur une moto. Un adolescent, d'à peine 18 ans, est soupçonné d'être l'auteur du crime. Selon la police, le suspect ne s’est présenté au commissariat, avec sa mère, qu'après que son frère ait été emmené au poste de police.
La Fondation CASA (Centre de services socio-éducatifs pour adolescents), institution liée au Ministère de la Justice et de la défense de la citoyenneté, cherche à responsabiliser ces jeunes délinquants pour des crimes commis, comme prévu dans le ECA (Statut de l'enfant et de l'adolescent). Il y a, donc, une confusion entre l'impunité et la responsabilité qui, conformément à la loi pénale, c'est la capacité d'une personne à comprendre l'action illicite et ne plus agir en ce sens.
« Le soutien apparent à la réduction de l'âge de la responsabilité pénale révèle la volonté de trouver une solution plus immédiate », déclara Mauro Paulino, directeur général de Datafolha. Pour Luis Fernando Veríssimo, écrivain brésilien, ces cas « extrêmes » testent la rationalité de l'humanité. Pour lui, on « retourne dans le temps biblique de la réciprocité ». Leonardo Sakamoto, journaliste brésilien et fondateur de l'ONG Reporter Brasil, a déclaré dans un de ses articles sur le sujet qu’il avait peur des « maniaques du sang », mais qu’il redoutait encore plus une « société maniaque du sang ». « La vengeance n'est pas une justice », a-t-il ajouté.
Depuis l'arrivée au pouvoir du PSDB à São Paulo il y a 18 ans, l'augmentation de la population carcérale a été intense. Selon le Département pénitentiaire national (DEPEN), la croissance du nombre de détenus à São Paulo au cours de cette période a été de 247%. Rien qu'entre décembre et juillet 2011, le nombre total de détenus dans les prisons et les commissariats de police au Brésil est passé de 514 582 à 549 577. La criminalité est toujours aussi élevée. Selon les données du Ministère de la Sécurité publique, le nombre de meurtres a augmenté de 37,3%, passant de 91 en février à 125 en mars 2013. Par rapport à mars de l’année dernière, l'augmentation a été de 26,2%.
Un rapport onusien alarmiste
Réduire l'âge de la responsabilité pénale signifierait traiter l'effet et non la cause. C'est un discours politiquement opportun, une réponse facile à l'indignation de la population face à la violence et une mesure inoffensive, qui ignore le cœur du sujet. Le problème réside dans les droits fondamentaux niés à tant de jeunes au Brésil. Ainsi, la réduction de l'âge de la majorité est un moyen de transférer le problème.
Plus d'informations
- Guide de CRIN consacré à une justice adaptée aux enfants
- Cessez de faire des criminels des enfants (CRIN, avril 2012)