Soumis par Louise le
[12 octobre 2015] - Un ancien évêque britannique a été condamné mercredi à 32 mois de prison pour des abus sexuels remontant à plus de vingt ans. Il avait pourtant bénéficié à l'époque du soutien d'hommes politiques et de membres de la famille royale.
«Ce que vous avez fait représente l'antithèse de ce qu'on attend de quelqu'un dans ces fonctions», a déploré mercredi le juge. L'ancien évêque, aujourd'hui âgé de 83 ans, purgera la moitié de sa peine en prison avant d'être remis en liberté conditionnelle, a-t-il souligné.
Peter Ball avait plaidé coupable le mois dernier d'avoir abusé de 18 jeunes hommes entre 1977 et 1992 lorsqu'il était évêque de Lewes, au sud de l'Angleterre. Lors de son procès devant le tribunal de l'Old Bailey à Londres, on a appris qu'il avait notamment demandé à certaines de ses victimes de se déshabiller pour prier et qu'il avait menacé de les corriger ou de les fouetter.
Ami du prince Charles
On a appris aussi qu'il y a 22 ans, des ministres, des députés, des directeurs d'école et un membre de la famille royale étaient directement intervenus pour éviter à cet ami proche du prince Charles d'être inculpé dès 1993.
L'Eglise d'Angleterre a fini par se saisir à nouveau du dossier en 2008, conduisant la police à ouvrir une enquête quatre ans plus tard. Peu après, la première victime qui était sortie du silence s'est suicidée, à l'âge de 39 ans.
L'Eglise d'Angleterre a présenté ses «excuses sans réserves». Lord George Carey, qui était l'archevêque de Cantorbéry à l'époque des faits, s'est également excusé au nom de l'Eglise mais a nié toute tentative d'étouffer l'affaire.
«C'est faux», a-t-il insisté, mais il a admis que l'Eglise avait «laissé tomber trop de victimes par le passé et permis à des coupables de continuer à officier».
Douleur des victimes
Pour Richard Scorer, l'avocat de plusieurs victimes de Mgr Ball, «le fait d'avoir dû attendre aussi longtemps pour le voir à la barre» représente «un authentique scandale».
«Voir des membres haut placés dans le clergé et des figures de l'establishment, dont des députés, des ministres et des membres de la famille royale, prendre sa défense n'a fait qu'aggraver la souffrance des victimes, et renforcer l'impression qu'ils étaient abusés avec l'appui institutionnel de l'Église», a-t-il ajouté. (ats/nxp)