AFRIQUE DU SUD: L’augmentation des subventions sociales profite aux enfants

Summary: Les enfants d'Afrique du Sud, le groupe le plus vulnérable du pays, bénéficieront de l'augmentation des subventions sociales récemment présentées dans le budget national.

Le 17 février, le discours sur le budget national de Pravin Gordhan, ministre des Finances d'Afrique du Sud, a largement obtenu l'approbation des experts en développement pour les augmentations des subventions sociales.

Les experts disent que les enfants bénéficieront de deux manières - à travers l'augmentation de l’Allocation d’appui aux enfants (CSG) et la pension de vieillesse, qui ont prouvé leur implication positive dans la subsistance de tous les membres d'une famille.

La CSG est montée à 32,7 dollars par mois et a été élargie pour inclure les enfants âgés jusqu’à 18 ans, alors qu'auparavant seules les personnes s’occupant des enfants âgés jusqu'à 15 ans étaient admises. Au même moment, la pension de vieillesse est passée de 9 dollars à 141 dollars par mois.

"Cette évolution démontre l'engagement en cours du gouvernement à son vaste système de subventions sociales et le fait que les allocations sociales sont devenues partie intégrante de l'orthodoxie de développement du pays", estime David Neves, chercheur à l'Institut des études foncières, agraires et sur la pauvreté de l'Université du Cap occidental.

"Bien que ce ne soit pas une grande augmentation en termes monétaires, c'est une amélioration, surtout parce que la CSG inclura beaucoup plus d'enfants, le seuil d'âge étant plus élevé", ajoute-t-il.

L'augmentation de la tranche d'âge signifie que les personnes s’occupant d'environ 2,4 millions d'enfants pauvres supplémentaires pourront accéder à la subvention, selon les calculs de l'Institut pour les enfants d’Afrique du Sud, ce qui les aidera à nourrir, vêtir, loger et éduquer leurs enfants.

Les dernières statistiques du ministère du Développement social montrent que plus de 12,8 millions d'enfants ont bénéficié de la CSG en fin janvier 2009.

Josée Koch, conseillère politique du Projet régional de lutte contre la faim et la vulnérabilité est d'accord avec Neves que l'augmentation des allocations mensuelles peut être généralement décrite comme un développement positif, mais elle se demande quel impact cela aura sur chacun des bénéficiaires.

"Bien qu’en termes d'augmentation fiscale cela constitue une importante somme d'argent, les R10 (10 rounds) supplémentaires (1,3 dollar) par bénéficiaire de la CSG seront rapidement consommés avec les besoins de base actuels", calcule-t-elle. "Si vous prenez en compte l'inflation, ce n’est pratiquement pas du tout une augmentation".

Toutefois, Koch suggère qu’en ces temps de difficultés financières actuelles causées par la récession économique mondiale, il est logique de dépenser avec prudence. "Le gouvernement sud-africain est conservateur dans son approche financière cette année, mais il a néanmoins montré un signe de soutien aux foyers pauvres", déclare-t-elle. "Une telle approche nous profitera sur le long terme".

Les subventions jouent un rôle important dans la redistribution de la richesse en Afrique du Sud et elles se révèlent être un succès dans la réduction de certaines des inégalités de revenus. "Bien que des inquiétudes sur le détournement des fonds continuent de monter, tout indique que ce n'est pas vrai", explique Neves.

C’est tout le contraire, estime-t-il. Entre autres avantages, les subventions adoucissent les effets de la pauvreté, en améliorant la santé des enfants, en réduisant la malnutrition et en permettant un meilleur accès à la scolarisation.

Les enfants dont les parents reçoivent la CSG sont en moyenne deux centimètres plus grands que ceux qui n'en ont pas, dit Koch. Cela montre que les bénéficiaires des subventions dépensent vraiment l'argent supplémentaire sur plus de denrées alimentaires de meilleure qualité, car le retard de croissance constitue l'une des principales conséquences de la malnutrition.

En outre, les ménages qui reçoivent une pension ont un taux de participation au travail plus élevé de 12 pour cent, explique Koch, ce qui souligne le fait que les transferts d’argent donnent aux membres de la famille plus de liberté de chercher du travail - et si le revenu des ménages augmente, les enfants vivent généralement mieux aussi.

"Les familles savent très bien comment elles ont besoin de dépenser la subvention. Il est important que les gens fassent leurs propres choix en matière de dépense. Le fait que vous êtes pauvre ne signifie pas que vous êtes stupide", souligne Koch. "Les transferts d’argent permettent beaucoup de s’autonomiser et ils ont montré comment ils motivent les bénéficiaires à briser le cycle de la pauvreté".

Il y a un autre effet secondaire positif des subventions sociales – l’augmentation du pouvoir d'achat des populations pauvres stimule l'économie locale. "Pour chaque rand (0,13 dollar) que vous déboursez dans les subventions sociales, vous gagnez trois rands (0,4 dollar) dans l'économie locale", note Koch.

Pourtant, on pourrait faire beaucoup plus pour être certain que les enfants et les adolescents sud-africains sont assurés de leurs droits à l'éducation, à la santé et à une enfance heureuse. Les subventions sociales ne sont véritablement efficaces que si elles sont étroitement liées au bon fonctionnement des systèmes de santé publique et de l'éducation, afin que les enfants pauvres puissent fréquenter les écoles et accéder aux soins de santé de la même manière que leurs pairs qui sont mieux lotis.

"C'est là où la fourniture manque à l'Etat. Nos systèmes de santé et d'éducation sont relativement inefficaces, et 250 rands (32,7 dollars) par mois ne compensent pas cela", déclare Neves.

Mais lorsqu'on compare le système d’assistance sociale d’Afrique du Sud avec celui d'autres pays en développement dans la région, tels que le Lesotho ou le Malawi, l’Afrique du Sud est clairement le pays dont le gouvernement s’engage le plus fortement aux subventions sociales.

"Cela montre que le gouvernement sud-africain est sur la bonne voie. Par comparaison, son système d’assistance sociale est assez fort", estime George Laryea-Adjel, chef de la politique sociale et de l'économie à l'Organisation des Nations Unies pour l'enfance en Afrique du Sud. "Il existe des défis dans certains domaines, mais le gouvernement fait de son mieux pour réduire les goulots d'étranglement opérationnels à travers des plans d'action et l’accroissement des capacités".

Malgré les bonnes intentions, la tendance positive de l'élargissement du filet d’assistance sociale pourrait ne pas durer éternellement. "Les subventions ont rapidement augmenté au cours des dernières années (depuis que l'Afrique du Sud est devenue une démocratie en 1994), mais nous ne pouvons pas continuer à élargir sans cesse. Nous pourrions arriver à un point où les subventions se stabiliseront", prévient Neves.

Cela signifie qu’il faut introduire des moyens plus durables - dont le principal est la création d'emplois - pour atténuer la pauvreté. "La création d’emplois est un instrument essentiel pour réduire le nombre de personnes qui ont besoin de subventions. Cela devrait être une priorité et poursuivi de manière agressive", indique Laryea-Adjel.

Cela ne se fera pas du jour au lendemain, prévient-il. "La transformation va prendre un certain temps. En attendant, nous avons besoin du système de sécurité sociale".

pdf: http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=5715

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