Soumis par crinadmin le
Summary: Dans le nord de l'Ouganda, 20 ans de conflit ont contraint la quasi totalité des habitants à vivre regroupés dans des camps, presque entièrement dépendants d'une aide humanitaire qui laisse à désirer. Désormais, les personnes déplacées sont encouragées à se disperser dans des camps plus petits, plus proches de chez elles. [12 juillet 2006] - Depuis 20 ans, un conflit oppose dans le nord de l'Ouganda les troupes gouvernementales aux rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA, Lord's Resistance Army). La violence contraint 1,6 million d'habitants (soit près de 90 pour cent du peuple Acholi) à s'entasser dans des camps, parfois à quelques kilomètres seulement de leur maison. Dans les districts de Kitgum, de Gulu et de Pader, particulièrement touchés, presque toute la population dépend de l'aide extérieure pour obtenir des soins, de l'eau, des services d'hygiène et de la nourriture. Pour assurer ces services essentiels, le gouvernement ougandais se défausse de ses responsabilités sur les organisations humanitaires. « L'aide humanitaire ne devrait pas être la seule option pour toutes ces personnes déplacées », explique François Delfosse, responsable du projet MSF à Patongo, un village du district de Pader. De plus, malgré la présence d'un nombre important d'ONG dans le nord de l'Ouganda, la qualité de l'aide que reçoivent les gens laisse à désirer. ASSURER LES SERVICES ESSENTIELS À PATONGO Le village de Patongo était initialement un carrefour commercial de quelques milliers d'habitants. Un camp surpeuplé y abrite aujourd'hui 35 à 40.000 personnes supplémentaires. La plupart sont arrivées en 2001 pour fuir les attaques des Karamajong, un groupe d'éleveurs semi-nomades du nord-est de l'Ouganda impliqué dans plusieurs conflits et affaires de vol de bétail. Par peur des attaques de la LRA, les personnes déplacées n'ont depuis pas quitté le camp. Du personnel soignant MSF réalise jusqu'à 1.000 consultations par semaine dans un centre médical géré en collaboration avec le ministère ougandais de la Santé. Les maladies les plus courantes sont le paludisme, les infections respiratoires et les diarrhées. Avec le début de la saison des pluies, l'équipe s'attend à voir le nombre de patients souffrant du paludisme augmenter fortement. Avec seulement 15 lits d'hospitalisation, le centre médical ne suffisait pas. L'équipe a donc construit une structure supplémentaire d'une capacité de 8 lits et permettant d'isoler jusqu'à quatre patients souffrant de diarrhées sanglantes, de méningite ou de rougeole. A l'arrivée de MSF en décembre, le nombre de points d'eau était insuffisant, d'autant que la plupart des pompes étaient hors d'usage et que beaucoup de puits étaient contaminés. MSF a donc construit en urgence un système d'approvisionnement en eau potable puis réalisé dix forages pour être en mesure de fournir jusqu'à 600.000 litres par jour. « Désormais, nous pouvons distribuer 17 litres d'eau par jour et par personne, et notre objectif est d'atteindre 20 litres », explique François Delfosse. L'AIDE SOUMISE AUX ALÉAS DE L'INSÉCURITÉ Une grande partie de l'équipe a dû évacuer Patongo de novembre 2005 à janvier 2006 en raison de l'insécurité croissante, les véhicules civils et humanitaires étant de plus en plus pris dans des embuscades violentes. Les membres de l'équipe recrutés localement ont néanmoins pu assurer la continuité du programme grâce à un approvisionnement en médicaments et en fournitures. « A notre retour, la clinique fonctionnait et était remplie de patients, raconte François Delfosse. Après avoir nettement chuté dans les cinq jours qui ont suivi l'évacuation, le nombre de consultations a vite retrouvé son niveau normal. Ce n'était pas tenable à long terme, mais la mobilisation de l'équipe locale pour faire tourner la clinique pendant cette période d'évacuation était formidable. » DÉCONGESTION Au fil des derniers mois, le niveau de sécurité s'est légèrement amélioré. Le gouvernement ougandais annonce - ce n'est pas une première - la fin prochaine de la guerre et promeut une politique de "décongestion". Il s'agit d'encourager les habitants des gros camps surpeuplés autour de Kitgum, Gulu et Pader à se répartir dans des camps satellites plus petits, plus près de leur village d'origine. En attendant un véritable retour à la maison, cette étape permet aux familles déplacées de s'en rapprocher pour pouvoir cultiver leurs terres. Mais ce processus pose néanmoins de multiples questions. Car c'est aussi un moyen pour le gouvernement de contrôler les Acholis, en les installant dans des emplacements qu'il a lui-même choisis. De plus, le gouvernement table toujours sur les organisations d'aide pour assurer les services essentiels dans les nouveaux camps. Informations supplémentaires
pdf: http://www.msf.fr/site/actu.nsf/actus/ouganda100706?OpenDocument&loc=au