Bulletin de CRIN n°186

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03 Août 2017 subscribe | subscribe | submit information
  • Bulletin n° 186

    Dans ce numéro

    Actualités

    - Éducation
    - Droit et justice
    - Enfants réfugiés et migrants
    - Violences

    Conflits armés  

    République Démocratique du Congo 
    Soudan du Sud
    Cameroun
    Yémen
    Irak
    République centrafricaine

    Accès à la justice au Tchad

    Annonces

    Actualités

    Éducation

    174 organisations de la société civile du monde entier ont signé une déclaration appelant les investisseurs de Bridge International Academies à cesser leur soutien à la plus grande entreprise d’écoles privées à dimension commerciale, opérant dans les pays en voie de développement et soutenue par des donateurs et investisseurs internationaux. La déclaration, qui recense des éléments de preuves variés et des recherches publiées au cours des deux dernières années, soulève de sérieuses préoccupations concernant la transparence de Bridge, ses relations avec les gouvernements, les conditions de travail de son personnel pédagogique et la question de la violation des normes éducatives. Une étude a notamment révélé que les frais totaux pour être scolarisé dans ces écoles sont en réalité bien plus élevés que les 6 dollars par mois promis par la société. Dans une autre étude, 58 % des étudiants de Bridge interrogés ont déclaré avoir manqué des cours parce qu’ils n’avaient pu acquitter les frais.

    Les autorités du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, ont interdit l’utilisation de la langue ouïghouredans le système éducatif jusqu’au secondaire inclu. Le ouïghour est une langue officielle de la région, parlée par des dizaines de millions de personnes. Toute école ou tout individu qui contreviendrait à la nouvelle règle serait sévèrement puni. Les Ouïghours font face à de nombreuses discriminations et répressions culturelles et religieuses, et cette interdiction est l’une des mesures assimilationnistes les plus sévères jamais prises. La Constitution chinoise ainsi que les lois régionales garantissent pourtant la liberté d’utiliser et de développer les langues minoritaires, ainsi que leur utilisation dans l'éducation.

    Droit et justice

    Une cour d’appel aux États-Unis a reporté l’examen de l’action sur le changement climatique intentée par 21 enfants contre le gouvernement fédéral. Cette interruption dans les débats doit permettre à la cour d’examiner une requête de l’administration Trump qui pourrait tout simplement empêcher l’affaire de se poursuivre.

    La chambre basse du Parlement de Jordanie a décidé d’abroger l’article 308 du Code pénal, qui permettait à un violeur d’échapper à des poursuites judiciaires en épousant sa victime. Le débat des parlementaires a donné lieu à des arguments des plus fallacieux, certains affirmant que cette disposition permettait aux victimes d’échapper à la stigmatisation sociale… Le Sénat et le Roi doivent désormais approuver cette réforme. Cette décision suit de près celle des parlementaires tunisiens abolissant une disposition similaire du Code pénal, contenue dans l’article 227 bis.

    Enfants réfugiés et migrants

    Human Rights Watch a publié plusieurs enquêtes sur la situation des migrants en Europe. En Grèce, des enfants sont arbitrairement enregistrés en tant qu’adultes à leur arrivée sur l’île de Lesbos, et se trouvent ainsi dans l’impossibilité d’accéder à leurs droits. De plus, le nombre d’enfants placés en détentiona considérablement augmenté depuis novembre 2016. En Espagne, l’organisation dénonce les conditions de détention déplorables des migrants : si les enfants non-accompagnés sont généralement dirigés vers des structures d’accueil adaptées, ceux qui voyagent avec leur famille sont presque toujours détenus dans des locaux de police pour une période pouvant aller jusqu’à 72 heures. Par la suite, ils peuvent être séparés des membres de leur famille. En France enfin, un rapport dénonce les violences policières à l’encontre des migrants, notamment sur des mineurs. Les témoignages mentionnent l’usage de gaz poivre sur des personnes, parfois en train de dormir, des confiscations de couvertures, des pulvérisations de gaz sur l’eau et la nourriture, et le harcèlement des associations d’aide. Voir également l’enquête du Bureau of Investigative Journalism sur la manière dont les enfants migrants sont traités dans différents pays d’Europe (en anglais).

    Violences

    Au Venezuela, les violences en marge du scrutin organisé pour désigner les membres de l’Assemblée constituante ont fait dix morts, dont deux adolescents. Les manifestants violemment réprimés contestent le pouvoir politique en place, dans un contexte de crise économique majeure. Cette dernière a engendré des pénuries de médicaments et a ruiné les hôpitaux qui fonctionnent avec 3% du matériel nécessaire. Faute de traitements disponibles, la mortalité infantile a augmenté de 30% et des maladies éradiquées ressurgissent.

    Un nouveau rapport de Human Rights Watch et interACT dénonce les opérations chirurgicales non nécessaires auxquelles sont soumis les enfants intersexes aux États-Unis, causant des dégâts physiques et psychologiques irréversibles. D’après le rapport, de nombreux médecins pratiquent toujours des opérations sur les organes sexuels sur des enfants trop jeunes pour donner leur opinion, alors qu’il n’y a pas de risque à repousser ces opérations. Ces actes chirurgicaux, pratiqués dans le seul but d’assigner un sexe à l’enfant, incluent dans certains cas une stérilisation, et comportent de nombreux risques (incontinence, pertes de sensation, traumatismes psychologiques) dont beaucoup sont irréversibles. Malgré les critiques de plus en plus nombreuses à l’encontre de ces procédures, la communauté médicale est toujours partagée sur la manière de protéger les droits des personnes intersexes. Human Rights Watch recommande d’interdire dans la loi fédérale toutes les procédures visant à modifier les organes sexuels internes ou externes des enfants trop jeunes pour donner leur consentement, lorsque ces procédures peuvent être reportées sans risque. L’American Academy of Pediatrics a depuis publié un communiquérelevant l’importance d’initier un dialogue ouvert et transparent sur les alternatives pour les enfants intersexes. Le communiqué reconnaît l’importance du rapport de Human Rights Watch, mais est encore bien loin de se prononcer pour une interdiction stricte des chirurgies non-consenties… Par ailleurs, toujours aux États-Unis, un enfant intersexe de 12 ans est parvenu à obtenir un dédommagement après quatre années de bataille juridique. Pendant sa petite enfance, des chirurgiens avaient retiré ses organes sexuels masculins pour le conformer au genre féminin, genre auquel il ne s’est jamais identifié. Ses parents adoptifs avaient engagé une action en justice contre trois médecins et des membres des services sociaux.   

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    Conflits armés

    République Démocratique du Congo

    Trois experts ont été désignés par les Nations unies pour enquêter sur les violations des droits de l’homme dans les provinces des Kasaïs. De son côté, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (le BCNUDH, qui intègre le département des droits de l’homme de la Mission des Nations unies en RDC et le bureau local du Haut-commissariat aux droits de l’homme) a annoncé avoir constaté une très forte augmentation des violations des droits de l’homme sur le territoire. Contrairement à ce que le gouvernementveut laisser croire, ces chiffres proviennent du bilan dressé tous les mois depuis plusieurs années par la BCNUDH sur les violations en RDC, et ne présagent donc pas des résultats de l’enquête spécifique sur le Kasaï diligentée par les Nations unies. Le conflit a déplacé 850 000 enfants, privé 300 000 enfants d’écoleet 200 000 enfants de soins de santé. Lire le dernier numéro du bulletin consacré aux conflits armés (en anglais), avec un éditorial sur le Kasaï.


    Soudan du Sud

    Les civils sont victimes de violences sexuelles à grande échelle dans le conflit au Soudan du Sud. Selon un rapport d’Amnesty International, depuis décembre 2013, femmes et enfants y sont témoins ou victimes de violences sexuelles, d’actes de torture et d’humiliations tant de la part des forces gouvernementales que de celles de l’opposition.  Sur les 168 victimes interrogées, 124 ont raconté avoir été violées, et la plupart ont rapporté que la violence sexuelle avait été systématiquement utilisée lors des attaques contre leur communauté. Tandis que le gouvernement a condamné les agressions sexuelles et promis que les coupables seraient poursuivis, les survivants dénoncent quant à eux l’impunité pour les auteurs et le manque d’aide médicale et psychologique pour les victimes.  


    Cameroun

    Une fois encore, Amnesty International dénonce l’usage de la torture dans le cadre de la lutte gouvernementale contre Boko Haram, qui continue d’enlever des civils dans la région. Un nouveau rapport dénonce la banalisation de la torture dans le contre-terrorisme. Les témoignages recueillis montrent que beaucoup de prisonniers ont été arrêtés non pas les armes à la main, mais sur de simples suspicions d’appartenance à Boko Haram. Des mineurs comptent parmi les victimes des 24 méthodes de torture répertoriées par Amnesty. Certains témoins rapportent des décès, et 130 hommes et jeunes garçons sont portés disparus depuis décembre 2014 après une rafle des forces de sécurité camerounaises dans deux villages du nord du pays. Le rapport établit également qu’une école a été utilisée comme lieu de détention et de torture. Le barreau du Cameroun dresse des constats convergents dans son rapport 2016 sur les droits de l’homme, dont la quatrième partie est consacrée aux droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme. Télécharger le rapport d’Amnesty International. Lire un résumé. Télécharger le rapport du barreau du Cameroun.


    Yémen

    Le Yémen est confronté à la pire épidémie de choléra au monde, et celle-ci s’aggrave de jour en jour. En trois mois, 368 207 cas suspects de choléra et 1 828 décès ont été signalés, dont un quart seraient des enfants. Les directeurs de l’Organisation mondiale de la santé, du Programme alimentaire mondial et de l’Unicef ont déclaré que près de 80 % des enfants au Yémen avaient besoin d'une aide humanitaire immédiate, et que 2 millions de ces enfants souffraient de malnutrition aiguë. Dans la troisième année de conflit, les usines de traitement des eaux usées fonctionnent à peine, la moitié des centres de santé sont fermés, et le personnel médical n’a pas été payé depuis huit mois. Plusieurs organisations ont appelé l’ONU à ajouter l’Arabie saoudite sur sa liste annuelle de pays ayant commis des graves violations des droits de l’enfant durant un conflit. Le pays est à la tête de la coalition de forces armées qui participe au conflit au Yémen, commettant des violations graves des droits de l’enfant au cours de 23 attaques menées en 2016 contre des objectifs civils. L’Arabie saoudite a figuré sur la liste des Nations unies jusqu’en 2016 où elle en avait été retirée suite à de probables pressions politiques.
    Lire le numéro du bulletin sur les conflits armés (en anglais), avec un éditorial sur les maladies et la faminedans les conflits.


    Irak

    Le bilan de la bataille de Mossoul pourrait ne jamais être connu. La dernière phase de la reprise de la ville par les forces irakiennes a été particulièrement violente, la vieille ville est presque entièrement détruite, et d’après le témoignage d’un commandant de l’armée irakienne, « après l’annonce de la libération, ordre a été donné de tuer tout ce qui bouge ».  Très peu de civils sont sortis vivants des décombres depuis la libération de la ville, et les rares survivants étaient dénutris et déshydratés. De l’aveu du commandant, « chaque jour, je vois que nous faisons la même chose que Daech (...) Plus tôt dans la guerre, nous arrêtions de nombreux combattants de Daech et nous les amenions aux services de renseignement. Mais maintenant, nous arrêtons très peu de personnes ».


    République centrafricaine

    Les enfants sont particulièrement touchés par le regain de violence après le départ des forces françaises il y a un an. L’Unicef a averti que les plus jeunes étaient la cible de meurtres, de viols et de recrutement dans des groupes armés. Pour un défenseur des droits de l’homme centrafricain, l’impunité joue un rôle dans la perpétuation des violences. Un rapport de Human Rights Watch à ce sujet documente les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par toutes les parties entre la fin de l’année 2014 et avril 2017. L’organisation appelle à soutenir la Cour pénale spéciale pour que les responsables soient poursuivis et ainsi contribuer à enrayer le cycle de violence.

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    Accès des enfants à la justice

    Tchad

    Chaque mois, nous vous présentons un rapport sur l’accès des enfants à la justice dans un pays du monde. Le projet vise à établir le statut de la Convention relative aux droits de l'enfant (CDE) dans les législations nationales, le statut des enfants impliqués dans des procédures judiciaires, les moyens juridiques qui permettent de contester des violations des droits de l'enfant et les considérations pratiques à prendre en compte en utilisant ces moyens.

    Le Tchad a ratifié la CDE, lui conférant la primauté sur la législation tchadienne à l’exception de la Constitution. Aucune loi spécifique n’a cependant encore repris toutes les dispositions de la CDE. N’ayant pas de capacité juridique, les enfants ne peuvent saisir les tribunaux que par le biais d’un parent ou tuteur. La procédure pénale leur permet de participer en tant que victimes (partie civile) par le biais de leur parent ou tuteur. L’aide juridique est, en théorie, accessible mais n’est pas efficacement mise en oeuvre. Bien que la Commission Nationale des Droits de l’Homme ait le pouvoir d’examiner toutes les violations des droits de l’homme, elle n’utilise pas ce droit pour le moment. Enfin, seules 20% des décisions de justice sont respectées.

    Télécharger le rapport complet en français et en anglais

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    Annonces

    Appels à contribution

    • Pour le rapport du Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU sur le champ d’action de la société civile. Les contributions doivent être soumises avant le 30 septembre 2017. Plus d’informations (en anglais). Appel à contributions(en français).

    • Pour le rapport du  Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU sur les droits de l'enfant dans les situations humanitaires. Les contributions doivent être soumises avant le 8 septembre 2017. Plus d'informations.

    Appel à projet

    Opportunité de financement de l’Union Européennesur la violence contre les enfants, pour des projets nationaux ou transnationaux, ouverts à des candidats des pays membres de l’UE et d’Islande.
    Plus d’informations
    Date limite : 14 novembre 2017

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    Le mot de la fin

    Commentaire du barreau camerounais dans son rapport 2016 sur les droits de l’homme, sur la loi sur le terrorisme adoptée en 2014.

    « En adoptant une loi qui punit de mort les auteurs, coauteurs et complices d’actes terroristes au sens du droit international des Droits de l’Homme, l’Etat du Cameroun, en plus d’élargir l’assiette des faits qualifiables de terrorisme, a réffirmé son attachement à la pratique de la peine de mort ; ce qui laisse craindre la reprise des exécutions.
    Au surplus, cette loi, telle que rédigée, suscite en chaque citoyen un sentiment permanent de peur voire de terreur dans l’exercice de ses libertés.
    L’interprétation erronée des dispositions de la loi nouvelle participerait également de la restriction des libertés de manifestation (pacifique), de réunion, de grève, de communication sociale, âprement acquises en 1990 et consacrerait un recul en matière de Droits de l’Homme. A ce jour, plus d’une centaine de personnes sont poursuivies pour terrorisme devant le tribunal militaire de Yaoundé, à la suite des manifestations en zone anglophone, mais pour quelles garanties liées au respect du procès équitable ? »

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