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Qu’est ce que la violence des gangs ?
Selon l’Etude de l’ONU sur la Violence contre les enfants (UNVC, 2006 : 305), « dans beaucoup d’endroits dans le monde, les gangs constituent un facteur important de violence entre et sur les enfants».
La plupart des pays enregistrent un certain degré de violence des gangs. Les gangs ont tendance à agir dans ou à proximité des écoles, même lorsque leurs membres ne sont pas écoliers. En plus de la violence contre les enfants non affiliés aux gangs, les membres qui déçoivent le gang risquent également d’être victime de cette violence, si par exemple, ils désobéissent à un ordre donné par le chef, ou s’ils violent une règle intérieure. Bien que la majorité des membres soient de sexe masculin, les gangs sont constitués de garçons et de filles. Cela reflète la croyance répandue que l’agressivité physique et verbale est saine et normale, ou même « nécessaire » au bon développement de l’homme.
L’étude (UNVC, 2006: 306) souligne que les garçons rejoignent les gangs pour diverses raisons :
« Dans certains cas, l’absence d’éducation et de soutien affectif chez eux peut pousser de jeunes adolescents à devenir membres de gangs, dans d’autres cas, l’affiliation à un gang est le seul moyen de devenir autonome ou de se sentir en sécurité. Aux USA, une étude ethnographique des écoliers immigrants mexicain et d’Amérique centrale a montré que ces derniers rejoignent des gangs pour trouver une identité culturelle positive en tant que Latinos alors qu’ils se sentent menacés par les stéréotypes négatifs ».
L’implication des enfants dans des groupes armés organisés qui agissent en dehors des zones de guerres définies, à savoir, les organisations de crimes organisés (trafic de drogue), de milices ethniques ou religieuses, groupe vigilante (auto-justicier), et des organisations militaires, est particulièrement inquiétante. L’étude montre que « les enfants qui travaillent pour des groupes armés sont directement impliqués dans des actes de violence, tels que le meurtre d’autres membres du groupe et de tiers non affiliés (UNVC, 2006 : 306).
Cependant, la plupart des gangs ne correspondent pas au stéréotype décrit par les politiciens et les médias en Europe et Amérique du Nord qui, par exemple, présentent les gangs de rue comme étant de grandes entités bien organisées, et très violentes qui ont mainmise sur les voisinages (Klein et al., 2006). Les types d’actions entreprises par les gangs et leur composition varient significativement de pays en pays. En règle générale, aux Etats-Unis, où une grand part de la recherche sur les activités des gangs a été réalisée, les victimes de meurtres commis par des gangs sont d’autres membres de ce gang. Les excès des médias et des programmes communautaires alimentent les craintes au sein des communautés face aux gangs (Klein et Maxson, 2006). Une étude comparative européo-américaine a montré que les activités liées aux gangs de rue en Europe « sont moins sévères et ont une moindre létalité » qu’aux US. La forme de violence la plus commune chez les gangs européens semble être les luttes physiques (Klein et al., 2006).
Néanmoins, l’appartenance à un gang de rue est normalement associée à une forme de comportement violent, et si l’on en croit l’étude européo-américaine citée ci-dessus, par cette appartenance, les membres ont plus de chances d’avoir recours aux armes.
Il est important de reconnaître qu’au Royaume-Uni, par exemple, les « paniques morales » liées à la prévalence de cas de violence commise en gangs sont alimentées par les rapports médiatiques, les craintes publiques et la rhétorique politique. Tout ceci contribue à faire naître une méfiance générale des jeunes. Il a été prouvé que cette méfiance s’intensifie en raison des croyances stigmatisantes et les attitudes discriminantes en particulier, par exemple, envers les enfants et les jeunes qui portent un certain type de vêtements ou qui se comportent d’une certaine façon, laissant croire, à tort, aux adultes qu’ils font partie d’un gang. Ce problème est présenté en plus de détail sur le micro site de CRIN sur la non-discrimination.
Comment lutter contre ?
Selon l’Etude de l’ONU, les tactiques d’application de lois répressives, utilisées par de nombreux gouvernements pour combattre la participation des enfants dans les conflits organisés et armés, sont inefficaces pour de nombreuses raisons, à savoir :
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Elles n’abordent pas le problème à la racine ;
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Dans la majorité des pays touchés par ce problème, la justice pour mineurs et le système pénal ne sont pas adéquats et aggravent le problème ;
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Les groupes armés ont tendance à devenir plus organisés et de plus en plus violents lorsqu’ils sont confrontés uniquement à des tactiques répressives.
Certains pays d’Amérique latine ont adopté des mesures répressives et des réformes législatives qui, d’une part, « vont à l’encontre des principes des droits de l’Homme, et qui d’autre part, ont des effets négatifs sur les niveaux de violence et sur l’organisation des gangs de jeunes…
L’adoption de stratégies de sécurité, centrées sur des mesures répressives, est marquée par une rhétorique sévère, la négligence de mesures préventives à long terme et l’absence de données visant à guider et à déterminer l’impact de telles stratégies » (UNVC, 2006 : 307).
Lors d’une visite en Amérique centrale, par exemple, l’expert indépendant sur la violence contre les enfants a montré que des adolescents se trouvaient en détention sur un soupçon d’appartenance à un gang, car ils étaient tatoués ou portaient des signes distinctifs. Qui plus est, « des arrestations à grande échelle de membres présumés de gang ont également contribué à l’augmentation de la population dans des centres de détentions déjà bien pleins. Ceci a provoqué des conflits violents au sein de ces établissements. Ces institutions exposent aussi les jeunes détenus aux réseaux des gangs, ainsi les liens internes de gangs et les rivalités entre les groupes ennemis augmentent » (Ibid).
Dans ses observations conclusives à l’intention du Salvador en 2010, le Comité des droits de l’enfant a relevé l’approche répressive utilisée par le passé pour combattre les gangs des « Maras » par le gouvernement et a recommandé un nombre d’interventions à suivre pour lutter contre ce problème.
Le CRIN a également fait rapport d'une critique envers une « loi anti-gang » au Honduras.
L’étude de l’ONU conclut que « la pression continue exercée par les agences internationales de protection de l’enfant doivent se concentrer sur l’éradication de toutes les législations de ce type qui placent certains mineurs sous des régimes juridiques plus durs par rapport à d’autres mineurs » (UNVC, 2006 : 307). Cette étude souligne que les stratégies utilisées pour lutter contre la violence chez les jeunes doivent être développées selon des données fiables.
En règle générale, les programmes et politiques devront s’attaquer au spectre complet de facteurs sociaux, économiques et politiques qui mène à la marginalisation des jeunes et au développement de la culture du gang.
Pour plus d’information sur les enfants et la violence en gang, cliquez ici.
Références
Klein M., Weerman F., and Thornberry T. (2006), ‘Street Gang Violence in Europe’, European Journal of Criminology, Vol. 3 (4): 413–437.
Klein, M. W. and Maxson, C. L. (2006), Street gang patterns and policies, Oxford: Oxford University Press.
L’étude du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les enfants (2006). Accessible ici : http://www.unviolencestudy.org/