Soumis par crinadmin le
Quâentend-on par abandon ?
Lâabandon dâenfant est dĂ©fini par le fait de laisser un enfant seul sans avoir lâintention de rentrer pour veiller Ă sa sĂ©curitĂ© et Ă son bien-ĂȘtre. On peut compter parmi les causes de ce phĂ©nomĂšne des facteurs socio-culturels et les maladies mentales. Dans de nombreuses juridictions, lâabandon dâun enfant est considĂ©rĂ© comme un acte criminel grave. Par exemple, dans lâĂ©tat de GĂ©orgie aux Etats-Unis, il est illĂ©gal dâabandonner un enfant « sciemment » et volontairement.
Une Ă©tude rĂ©cemment conduite dans des pays de lâEurope occidentale (Belgique, France, NorvĂšge, SuĂšde, Portugal et Royaume-Uni) a fourni des informations sur les raisons derriĂšre le placement dâenfant de moins de trois ans en institutions. Lâabandon a Ă©tĂ© citĂ© dans quatre pour cent des cas. En Europe centrale et du sud-est (Croatie, RĂ©publique TchĂšque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Roumanie et Slovaquie), lâabandon a Ă©tĂ© citĂ© dans 32 pour cent des cas. Au BrĂ©sil, une enquĂȘte nationale conduite auprĂšs de 589 institutions, financĂ©es par lâĂ©tat, a montrĂ© que 18 pour cent des enfants sont institutionnalisĂ©s suite Ă un abandon (UNVC, 2006).
Les motifs dâabandon sont complexes et varient de pays en pays et au fil du temps. Par exemple, en 1972, un comitĂ© belge releva trois raisons poussant Ă lâabandon : 1) la grossesse dâune mĂšre et le dĂ©part du pĂšre de lâenfant ; 2) la difficultĂ© des mĂšres, qui ont eu du mal Ă sâajuster sur le plan social et moral au dĂ©but de leur vie, Ă accepter leurs responsabilitĂ©s ; 3) les grossesses rĂ©sultants dâaffaires extra-conjugales, oĂč les femmes abandonnent leur bĂ©bĂ© (Barthelemy, 1972). Toutefois, avec le temps et lâĂ©volution des valeurs morales, ces motifs se sont transformĂ©s : les relations extra-conjugales sont moins stigmatisĂ©es, la protection sociale Ă©volue en Belgique. Cependant, la pauvretĂ© comme motif poussant Ă lâabandon nâa jamais disparu avec le temps. Les systĂšmes de protection sociale inadĂ©quats augmentent le risque dâabandon chez les individus qui ne sont pas en position dâĂ©lever un enfant dâun point de vue financier. La complexitĂ© et lâinaccessibilitĂ© des dĂ©marches dâadoption risquent Ă©galement dâaugmenter le nombre dâabandons. De la mĂȘme façon, le manque dâinstitutions de soins alternatifs, qui puissent prendre en charge les enfants dont les parents ne sont pas en mesure de sâoccuper dâeux en raison dâun manque de fonds, risque Ă©galement dâaugmenter ces chiffres. On observe des taux dâabandons dâenfants plus bas dans les sociĂ©tĂ©s qui possĂšdent de solides structures sociales et des lois libĂ©rales en matiĂšre dâadoption. Ce sont les enfants handicapĂ©s notamment qui sont le plus exposĂ©s au risque dâabandon. Il arrive, dâailleurs, que cette pratique soit socialement acceptĂ©e et mĂȘme encouragĂ©e (UN, 2005). « Lâexposition dâenfants », un dĂ©rivĂ© de lâinfanticide, constitue Ă©galement une forme dâabandon : un enfant est laissĂ© dehors dans un endroit oĂč il est peu probable quâil soit trouvĂ©.
Dans ses Observations concluantes Ă lâintention des Etats, le ComitĂ© des droits de lâenfant a frĂ©quemment fait rĂ©fĂ©rence Ă lâabandon. En 2003, par exemple, il releva « le rejet » ou lâabandon de jumeaux dans la rĂ©gion de Mananjary, Ă Madagascar. Par ailleurs, dans un rapport au Nicaragua, il souligne « les difficultĂ©s rencontrĂ©es par certains parents, certaines familles, Ă savoir, le chĂŽmage, la malnutrition et la pĂ©nurie de logements corrects, des Ă©lĂ©ments qui peuvent provoquer lâabandon ou lâabus, et dont la finalitĂ© est le placement des enfants en institutions ou sur le registre de lâadoption ».
Comment lutter contre ?
LâEtude de lâONU sur la Violence contre les enfants (UNVC, 2006 : 218) appelle tous les gouvernements Ă rĂ©duire leurs taux dâabandon et dâinstitutionnalisation en « garantissant aux parents lâaccĂšs Ă un soutien appropriĂ©, y compris Ă des services et Ă des programmes de crĂ©ation de revenus. La premiĂšre prioritĂ© doit ĂȘtre de soutenir les familles des enfants handicapĂ©s et dâautres enfants qui courent un risque Ă©levĂ© dâabandon ou dâinstitutionnalisation ».
Le ComitĂ© des droits de l'enfant a fait bon nombre de recommandations aux Etats en ce qui concerne lâabandon. En 2003, dans ses Observations concluantes Ă lâintention du Bangladesh, il a priĂ© le gouvernement de « prendre les mesures appropriĂ©es pour prĂ©venir lâabandon dâenfants, soit, entre autres, grĂące Ă un soutien adĂ©quat apportĂ© aux familles ».
En 2001, il demanda au Lesotho de « renforcer lâapplication de lâordonnance alimentaire et dâaccorder une attention particuliĂšre Ă lâapport dâun soutien appropriĂ© aux familles qui en ont besoin, notamment en matiĂšre de formation et dâautonomisation des parents. Ceci, afin de rĂ©duire le nombre dâabandons ».
En 2003, dans ses Observations finales adressĂ©es Ă lâItalie, le ComitĂ© insiste que le gouvernement « revoit et modifie, de toute urgence, la loi dans le but de garantir que les enfants nĂ©s hors mariage aient lĂ©galement une mĂšre dĂšs leur naissance (conformĂ©ment Ă la dĂ©cision Marckx c/ Belgique de la Cour europĂ©enne des droits de lâHomme et du principe âMater semper certa estâ), et dâencourager la reconnaissance de ces enfants par leur pĂšre (une façon dâempĂȘcher les abandons âfacilesâ dâenfants) ».
Pour accĂ©der Ă davantage de documentation sur lâabandon, veuillez cliquer ici.
Â
Références
LâĂ©tude du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies sur la violence contre les enfants (2006). Accessible ici : http://www.unviolencestudy.org/.
Barthelemy J (1972), âSocial aspects of child abandonmentâ, Rev Med Liege, 27,pp. 414-418.
UN Secretary-Generalâs Study on Violence against Children, Regional Desk Review: Violence against Children in West and Central Africa (2005).Â