Soumis par Louise le
L'Ă©ducation des enfants roms en RĂ©publique TchĂšque :
Les recommandations de lâECRI dans le domaine de lâĂ©ducation portaient sur la surreprĂ©sentation des enfants roms dans les Ă©coles spĂ©ciales pour enfants handicapĂ©s mentaux et sur la situation des Ă©lĂšves roms dans les Ă©coles ordinaires. Dans les deux cas, on observe une sĂ©grĂ©gation des enfants roms dans lâĂ©ducation. Le premier problĂšme est abordĂ© plus loin dans la section sur les recommandations du quatriĂšme cycle faisant lâobjet dâun suivi intermĂ©diaire. A propos du second, lâECRI note quâil existe toujours de nombreuses Ă©coles «rĂ©servĂ©es aux Roms», dans lesquelles la proportion dâĂ©lĂšves roms peut atteindre jusquâĂ 90 %. Ce phĂ©nomĂšne est liĂ© Ă la sĂ©grĂ©gation dans le logement mais rĂ©sulte aussi dâun libre choix des parents, de nombreux parents roms craignant que leurs enfants ne soient victimes de brimades dans les Ă©coles mixtes. De plus, dans les Ă©coles ordinaires, les classes pour Ă©lĂšves identifiĂ©s comme ayant des besoins spĂ©ciaux finissent invariablement par accueillir principalement des enfants roms. Dans ces classes, comme dans les Ă©coles dĂ©crites ci-dessus, le programme est rĂ©duit54 et lâenseignement de moins bonne qualitĂ©. Alors que, dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les attentes sont moindres Ă lâĂ©gard des rĂ©sultats scolaires des enfants concernĂ©s, cette situation ne fait que renforcer cette tendance. Le systĂšme en place produit des enfants dont le niveau dâĂ©ducation et dâemployabilitĂ© est faible, perpĂ©tuant ainsi le cycle de pauvretĂ© dans lequel se trouve prise la population rom. (para 81)
LâECRI recommande vivement aux autoritĂ©s de mener Ă bien le projet dâintroduire au moins une annĂ©e dâĂ©cole maternelle obligatoire et gratuite pour tous les enfants avant lâentrĂ©e dans lâenseignement primaire gĂ©nĂ©ral. (para 83)
Dans sa deuxiĂšme recommandation faisant lâobjet dâun suivi intermĂ©diaire, pour donner un Ă©lan supplĂ©mentaire Ă lâintĂ©gration de chaque enfant rom dans les filiĂšres gĂ©nĂ©rales de lâenseignement, Ă la seule exception de ceux qui ont besoin dâun enseignement spĂ©cialisĂ© en raison dâun grave handicap mental ou de handicaps multiples, lâECRI exhortait les autoritĂ©s aux niveaux appropriĂ©s Ă transfĂ©rer un nombre substantiel dâenfants des Ă©coles primaires spĂ©cialisĂ©es vers lâenseignement gĂ©nĂ©ral, sur la base dâobjectifs annuels clairs et ambitieux. Dans ses conclusions adoptĂ©es le 23 mars 2012, lâECRI notait que, malgrĂ© les mesures prises pour renforcer le caractĂšre inclusif de lâĂ©ducation, elle nâĂ©tait pas en mesure de conclure que sa recommandation Ă©tait satisfaite. (para 99)
LâECRI note que certains obstacles sâopposent aux progrĂšs en ce domaine. PremiĂšrement, il existe un trĂšs fort soutien en faveur du maintien des Ă©coles pratiques. Certains responsables politiques, lâadjoint au DĂ©fenseur public des droits et les enseignants spĂ©cialisĂ©s de ces Ă©coles sont dâardents dĂ©fenseurs du statu quo. Il serait Ă leur avis quasiment impossible pour les Ă©lĂšves des Ă©coles pratiques, oĂč est dispensĂ© un programme rĂ©duit, de suivre lâenseignement des Ă©coles ordinaires. MĂȘme si cela est vrai pour certains enfants qui ont dĂ©jĂ passĂ© plusieurs annĂ©es dans une Ă©cole pratique, lâECRI ne peut admettre quâil serait impossible de transfĂ©rer plus de 10% seulement dâenfants rĂ©Ă©valuĂ©s vers une Ă©cole ordinaire. Il sâagit avant tout dâĂ©viter que les futures gĂ©nĂ©rations dâenfants roms soient orientĂ©es Ă tort vers des Ă©tablissements conçus pour les enfants atteints de handicaps mentaux et que leurs chances dans la vie sâen trouvent ainsi rĂ©duites. DâaprĂšs une ONG, 53 % seulement des enfants issus des Ă©coles pratiques poursuivent leurs Ă©tudes au terme de la scolaritĂ© obligatoire et 98 % dâentre eux suivent alors un enseignement professionnel de niveau peu Ă©levĂ©. (para 105)
LâECRI prend note dâun dĂ©veloppement qui pourrait sâavĂ©rer positif pour ce qui est de transfĂ©rer les enfants vers lâenseignement ordinaire et, Ă lâavenir, de leur Ă©viter dâĂȘtre orientĂ©s vers une Ă©cole pratique. Des amendements Ă lâarticle 16 de la loi sur les Ă©tablissements scolaires (concernant lâĂ©ducation des enfants, des Ă©coliers et des Ă©tudiants prĂ©sentant des besoins Ă©ducatifs spĂ©ciaux) ont Ă©tĂ© adoptĂ©s le 19 mars 2015 prĂ©voyant la mise en place dans les Ă©coles ordinaires de mesures de soutien individuel pour les enfants qui prĂ©sentent des besoins Ă©ducatifs spĂ©ciaux. Ces mesures de soutien sont dĂ©finies comme «des ajustements nĂ©cessaires dans lâĂ©ducation et les services Ă©ducatifs adaptĂ©s aux conditions de vie de lâenfant sur les plans sanitaire, culturel, environnemental ou autres ». Ce projet recueille une large adhĂ©sion et lâECRI soutient pleinement cette approche inclusive de lâĂ©ducation66. Elle suivra avec attention la mise en Ćuvre de ces dispositions dans la pratique. (para 107)
En conclusion, lâECRI regrette profondĂ©ment de constater que la situation globale des enfants roms dans lâĂ©ducation nâa guĂšre changĂ© depuis son quatriĂšme rapport. Elle considĂšre que les autoritĂ©s devraient mettre en avant des propositions claires sur les moyens de rĂ©duire le nombre dâĂ©lĂšves roms dans les Ă©coles pratiques et de transfĂ©rer ces Ă©lĂšves dans la scolaritĂ© ordinaire Ă la suite de nouveaux diagnostics reposant sur des mĂ©thodes actualisĂ©es. (para 108)
Plus d'information :
- Romeurope : Rapport 2015
- France : L'ONU dénonce les expulsions de force systématiques de Roms (Libération - 11 septembre 2015)
- Italie : Une victoire juridique importante souligne l'incapacité des autorités à protéger les droits des Roms (Amnesty International - 17 juin 2015)