ECRI : Rapport octobre 2015 sur la RĂ©publique TchĂšque

L'Ă©ducation des enfants roms en RĂ©publique TchĂšque :

Les recommandations de l’ECRI dans le domaine de l’éducation portaient sur la surreprĂ©sentation des enfants roms dans les Ă©coles spĂ©ciales pour enfants handicapĂ©s mentaux et sur la situation des Ă©lĂšves roms dans les Ă©coles ordinaires. Dans les deux cas, on observe une sĂ©grĂ©gation des enfants roms dans l’éducation. Le premier problĂšme est abordĂ© plus loin dans la section sur les recommandations du quatriĂšme cycle faisant l’objet d’un suivi intermĂ©diaire. A propos du second, l’ECRI note qu’il existe toujours de nombreuses Ă©coles «rĂ©servĂ©es aux Roms», dans lesquelles la proportion d’élĂšves roms peut atteindre jusqu’à 90 %. Ce phĂ©nomĂšne est liĂ© Ă  la sĂ©grĂ©gation dans le logement mais rĂ©sulte aussi d’un libre choix des parents, de nombreux parents roms craignant que leurs enfants ne soient victimes de brimades dans les Ă©coles mixtes. De plus, dans les Ă©coles ordinaires, les classes pour Ă©lĂšves identifiĂ©s comme ayant des besoins spĂ©ciaux finissent invariablement par accueillir principalement des enfants roms. Dans ces classes, comme dans les Ă©coles dĂ©crites ci-dessus, le programme est rĂ©duit54 et l’enseignement de moins bonne qualitĂ©. Alors que, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les attentes sont moindres Ă  l’égard des rĂ©sultats scolaires des enfants concernĂ©s, cette situation ne fait que renforcer cette tendance. Le systĂšme en place produit des enfants dont le niveau d’éducation et d’employabilitĂ© est faible, perpĂ©tuant ainsi le cycle de pauvretĂ© dans lequel se trouve prise la population rom. (para 81)

L’ECRI recommande vivement aux autoritĂ©s de mener Ă  bien le projet d’introduire au moins une annĂ©e d’école maternelle obligatoire et gratuite pour tous les enfants avant l’entrĂ©e dans l’enseignement primaire gĂ©nĂ©ral. (para 83)

Dans sa deuxiĂšme recommandation faisant l’objet d’un suivi intermĂ©diaire, pour donner un Ă©lan supplĂ©mentaire Ă  l’intĂ©gration de chaque enfant rom dans les filiĂšres gĂ©nĂ©rales de l’enseignement, Ă  la seule exception de ceux qui ont besoin d’un enseignement spĂ©cialisĂ© en raison d’un grave handicap mental ou de handicaps multiples, l’ECRI exhortait les autoritĂ©s aux niveaux appropriĂ©s Ă  transfĂ©rer un nombre substantiel d’enfants des Ă©coles primaires spĂ©cialisĂ©es vers l’enseignement gĂ©nĂ©ral, sur la base d’objectifs annuels clairs et ambitieux. Dans ses conclusions adoptĂ©es le 23 mars 2012, l’ECRI notait que, malgrĂ© les mesures prises pour renforcer le caractĂšre inclusif de l’éducation, elle n’était pas en mesure de conclure que sa recommandation Ă©tait satisfaite. (para 99)

L’ECRI note que certains obstacles s’opposent aux progrĂšs en ce domaine. PremiĂšrement, il existe un trĂšs fort soutien en faveur du maintien des Ă©coles pratiques. Certains responsables politiques, l’adjoint au DĂ©fenseur public des droits et les enseignants spĂ©cialisĂ©s de ces Ă©coles sont d’ardents dĂ©fenseurs du statu quo. Il serait Ă  leur avis quasiment impossible pour les Ă©lĂšves des Ă©coles pratiques, oĂč est dispensĂ© un programme rĂ©duit, de suivre l’enseignement des Ă©coles ordinaires. MĂȘme si cela est vrai pour certains enfants qui ont dĂ©jĂ  passĂ© plusieurs annĂ©es dans une Ă©cole pratique, l’ECRI ne peut admettre qu’il serait impossible de transfĂ©rer plus de 10% seulement d’enfants rĂ©Ă©valuĂ©s vers une Ă©cole ordinaire. Il s’agit avant tout d’éviter que les futures gĂ©nĂ©rations d’enfants roms soient orientĂ©es Ă  tort vers des Ă©tablissements conçus pour les enfants atteints de handicaps mentaux et que leurs chances dans la vie s’en trouvent ainsi rĂ©duites. D’aprĂšs une ONG, 53 % seulement des enfants issus des Ă©coles pratiques poursuivent leurs Ă©tudes au terme de la scolaritĂ© obligatoire et 98 % d’entre eux suivent alors un enseignement professionnel de niveau peu Ă©levĂ©. (para 105)

L’ECRI prend note d’un dĂ©veloppement qui pourrait s’avĂ©rer positif pour ce qui est de transfĂ©rer les enfants vers l’enseignement ordinaire et, Ă  l’avenir, de leur Ă©viter d’ĂȘtre orientĂ©s vers une Ă©cole pratique. Des amendements Ă  l’article 16 de la loi sur les Ă©tablissements scolaires (concernant l’éducation des enfants, des Ă©coliers et des Ă©tudiants prĂ©sentant des besoins Ă©ducatifs spĂ©ciaux) ont Ă©tĂ© adoptĂ©s le 19 mars 2015 prĂ©voyant la mise en place dans les Ă©coles ordinaires de mesures de soutien individuel pour les enfants qui prĂ©sentent des besoins Ă©ducatifs spĂ©ciaux. Ces mesures de soutien sont dĂ©finies comme «des ajustements nĂ©cessaires dans l’éducation et les services Ă©ducatifs adaptĂ©s aux conditions de vie de l’enfant sur les plans sanitaire, culturel, environnemental ou autres ». Ce projet recueille une large adhĂ©sion et l’ECRI soutient pleinement cette approche inclusive de l’éducation66. Elle suivra avec attention la mise en Ɠuvre de ces dispositions dans la pratique. (para 107)

En conclusion, l’ECRI regrette profondĂ©ment de constater que la situation globale des enfants roms dans l’éducation n’a guĂšre changĂ© depuis son quatriĂšme rapport. Elle considĂšre que les autoritĂ©s devraient mettre en avant des propositions claires sur les moyens de rĂ©duire le nombre d’élĂšves roms dans les Ă©coles pratiques et de transfĂ©rer ces Ă©lĂšves dans la scolaritĂ© ordinaire Ă  la suite de nouveaux diagnostics reposant sur des mĂ©thodes actualisĂ©es. (para 108)

Plus d'information :

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.