Soumis par crinadmin le
Summary: DĂ©claration finale des participants sur
lâĂ©limination de la violence Ă lâĂ©gard des
enfants dans lâOcĂ©an indien, 27 Avril 2005.
Observatoire des Droits de lâenfant de la rĂ©gion OcĂ©an indien
Consultation sous-rĂ©gionale dans le cadre de lâEtude du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral
sur la violence contre les enfants
27 avril 2005
Nous, participants Ă la Consultation sous rĂ©gionale de lâOcĂ©an indien sur
lâEtude du SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral des Nations Unies sur la violence contre des
enfants qui sâest tenue du 25 au 27 avril 2005 Ă Antananarivo, Madagascar,
Rappelant que la Commission de lâOcĂ©an indien a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e dans le but
dâaffirmer et de renforcer lâidentitĂ© de lâOcĂ©an indien tout en encourageant
la coopération entre les pays membres, entre autres dans les domaines
sociaux et la lutte contre de la pauvreté,
Se rĂ©jouissant de la mise en place dâun Observatoire des droits de lâenfant
de la rĂ©gion OcĂ©an indien dans la cadre de la Commission de lâOcĂ©an
indien, et en partenariat avec lâUniversitĂ© de Maurice et lâUNICEF,
ConsidĂ©rant quâil est urgent de faire en sorte que les enfants bĂ©nĂ©ficient
universellement des droits et principes consacrant lâĂ©galitĂ©, la sĂ©curitĂ©,
lâintĂ©gritĂ© et la dignitĂ© de tous les ĂȘtres humains,
Notant que ces droits et principes sont consacrés dans un certain nombre
dâinstruments internationaux, dont la 1. DĂ©claration universelle des droits
de lâhomme, 2. le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, 3.
le Pacte international relatif aux droits Ă©conomiques, sociaux et culturels,
4. La Convention sur lâĂ©limination de toutes les formes de discrimination Ă
lâĂ©gard des femmes, 5. la Convention relative aux droits de lâEnfant et ses
deux Protocoles facultatifs, 6. la Charte africaine des droits et du bien-ĂȘtre
de lâenfant, et 7. la Convention contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants,
Rappelant que ces différents instruments doivent servir de base à toute
programmation, programme, politique et stratĂ©gie selon lâapproche droit,
ConsidĂ©rant que la Convention relative aux droits de lâenfant, qui lie tous
les Etats de lâOcĂ©an indien, consacre le droit de lâenfant dâĂȘtre protĂ©gĂ©
contre toute forme de violence, dâatteinte ou de brutalitĂ©s physiques ou
mentales, dâabandon ou de nĂ©gligence, de mauvais traitement ou
dâexploitation, y compris la violence sexuelle, dans son article 19 mais aussi
dans les articles 2, 3, 6, 9, 12, 20, 24(3), 28(2), 32, 34, 35, 36, 37 et 39,
Réaffirmant les principes généraux de la Convention relative aux droits de
lâenfant, en particulier que lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant doit ĂȘtre la
considération principale dans toutes les actions concernant les enfants, et
que chaque enfant a le droit dâexprimer son opinion sur toute question
lâintĂ©ressant et que cette opinion soit prise en considĂ©ration,
TrĂšs prĂ©occupĂ©s de constater que la violence Ă lâĂ©gard des enfants
perdure dans les Etats de lâOcĂ©an indien sous diffĂ©rentes formes, en
particulier toutes les violences sexuelles, les chĂątiments corporels, la
violence dans les familles, la violence institutionnelle, que ce soit le fait des
parents mais aussi des professionnels de lâenfance ou de toute autre
personne, ce qui fait obstacle Ă la pleine jouissance par chaque enfant de
tous ses droits et donc Ă la mise en application de la Convention relative
aux droits de lâenfant,
RĂ©affirmant que la violence Ă lâĂ©gard des enfants constitue une violation
fondamentale des droits humains et des libertés fondamentales et
empĂȘche partiellement ou totalement les enfants de jouir de leurs droits et
libertés, et préoccupés que ceux-ci ne soient toujours pas protégés dans
les cas de violence Ă lâĂ©gard des enfants,
Reconnaissant que certaines formes de violence Ă lâĂ©gard des enfants
prennent racines dans des usages, croyances, coutumes ou traditions qui
considĂšrent lâenfant comme un ĂȘtre subordonnĂ© Ă lâadulte et non comme
un titulaire de droits Ă part entiĂšre,
Constatant avec préoccupation que certains enfants placés dans certaines
situations, dont les enfants vivant dans la rue ou en dehors de leur milieu
familial, les enfants mariés précocement ou de force, les enfants en conflit
avec la loi et les enfants privés de leur liberté, les enfants travailleurs, en
particulier les enfants domestiques ou impliqués dans les pires formes de
travail, les enfants en situation dâhandicap, les enfants impliquĂ©s dans le
trafic de drogue, et les filles sont particuliÚrement exposés à la violence,
Ayant Ă lâesprit la DĂ©claration mondiale en faveur de la survie, de la
protection et du dĂ©veloppement de lâenfant et le Plan dâaction adoptĂ©s par
le Sommet mondial pour les enfants, ainsi que la Déclaration du Millénaire
et ses objectifs qui appellent notamment au renforcement des mécanismes
nationaux et internationaux de sauvegarde et de protection des enfants,
Rappelant la rĂ©solution 57/190 de lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale demandant au
Secrétaire général des Nations Unies de nommer un expert indépendant
pour conduire une Ă©tude approfondie de la violence contre les enfants,
ainsi que la RĂ©solution 2002/92 de la Commission des droits de lâhomme,
Rappelant que la violence contre les enfants exercée dans la famille et
dans la société se répand partout, quels que soient le revenu, la classe
sociale et la culture, et que des mesures urgentes et efficaces doivent ĂȘtre
prises pour en Ă©liminer les effets,
Alarmés de constater que les enfants ont trÚs peu accÚs à la justice ou aux
services médico-sociaux,
Convaincus, eu égard aux considérations qui précÚdent, de la nécessité
dâune dĂ©finition explicite et complĂšte de la violence Ă lâĂ©gard des enfants,
dâun Ă©noncĂ© trĂšs clair des droits Ă garantir pour faire disparaĂźtre la violence
contre les enfants sous toutes ses formes, dâun engagement des Etats Ă
assumer leurs responsabilitĂ©s et dâun engagement de la communautĂ©
régionale et internationale à mettre fin à la violence contre les enfants
sous toutes ses formes,
Convaincus que lâĂ©limination de la violence contre les enfants sera facilitĂ©e
par lâadoption dâune approche globale tenant compte des facteurs qui
contribuent à ces phénomÚnes, notamment le sous-développement, la
pauvreté, les disparités économiques, l'inéquité des structures
socioéconomiques, les dysfonctionnements familiaux, le manque
d'éducation, l'exode rural, la discrimination fondée sur le sexe, le
comportement sexuel irresponsable des adultes, les pratiques
traditionnelles préjudiciables et la traite des enfants,
Estimant qu'une action de sensibilisation du public est nécessaire et qu'il
importe de renforcer le partenariat communautaire, national et régional
entre tous les acteurs et d'améliorer l'application de la loi au niveau
national,
Tenant dûment compte de l'importance des traditions et des valeurs
culturelles positives de chaque peuple pour la protection de l'enfant et son
dĂ©veloppement harmonieux, ainsi que de lâimportance de la communautĂ©,
NOUS NOUS ENGAGEONS A
1. Rendre compte de la présente consultation dans nos pays respectifs,
tant Ă lâendroit du Gouvernement, du Parlement et des autres institutions
de lâEtat, quâen direction des populations, en particulier des enfants, ainsi
quâĂ la consultation rĂ©gionale de Johannesbourg ;
2. Nous constituer en rĂ©seau de protection des droits de lâenfant dans
lâOcĂ©an indien et Ă tout mettre en oeuvre pour que ce rĂ©seau soit Ă lâavant-
garde de lâaction menĂ©e en faveur de lâapplication effective de la CDE.
NOUS DEMANDONS
A NOS GOUVERNEMENTS DE :
1. Faire parvenir, si ce nâest dĂ©jĂ fait, les rĂ©ponses du Gouvernement au
questionnaire de lâEtude dans les plus brefs dĂ©lais ;
2. Encourager la participation des enfants dans le cadre de lâĂ©tude du
Secrétaire général en assurant, entre autres, leur présence lors de la
Consultation régionale en Afrique du Sud en juin 2005 et son suivi;
3. Renforcer la coopĂ©ration en matiĂšre dâĂ©laboration des normes et de
recherche scientifique sur la violence contre les enfants et les
problĂ©matiques qui y sont liĂ©es, la collecte et lâanalyse de donnĂ©es, entre
autres Ă travers lâObservatoire de lâOcĂ©an indien ;
4. Favoriser les échanges entre les partenaires publics et la société civile
de la région Océan indien engagés dans la défense et la protection des
droits de lâenfant afin de renforcer la synergie et la coordination des
actions ;
5. Accorder toute la priorité voulue aux problÚmes transfrontaliers qui
affectent les enfants de la région, en particulier ceux qui constituent une
forme de violence contre les enfants, entre autres le trafic de la drogue, le
tourisme sexuel, la vente et le trafic dâenfants, la prostitution et la
pornographie impliquant des enfants ;
6. Ratifier dans un dĂ©lai raisonnable, lorsquâils ne lâont pas fait, les deux
Protocoles facultatifs Ă la CDE, la Convention sur l'Ă©limination de toutes les
formes de discrimination Ă l'Ă©gard des femmes, la Convention sur
lâĂ©limination de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains
ou dĂ©gradants, la Convention 182 de lâOIT sur les pires formes de travail
des enfants, la Convention des Nations Unies contre le crime organisé
transnational, le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir le trafic des
personnes, en particulier des femmes et des enfants, et la Charte africaine
des droits et du bien-ĂȘtre de lâenfant, ou y adhĂ©rer et retirer les rĂ©serves ;
7. Poursuivre les réformes légales en matiÚre de droits et de protection
des enfants, en conformité avec les obligations internationales, en
assurant des procédures amies des enfants et appropriées à leur
développement, en interdisant la peine de mort, les chùtiments corporels
et les mariages forcés et/ou précoces, et en édictant des normes pour les
services sociaux;
8. Assurer les moyens nécessaires, tant humains que financiers, afin que la
lutte contre la violence Ă lâencontre des enfants soit une prioritĂ© nationale
et rĂ©gionale, en particulier pour lâapplication effective des lois, la
sensibilisation et les services de prise en charge ;
9. Reconnaßtre et renforcer le rÎle et les capacités des organisations de la
sociĂ©tĂ© civile dans la lutte contre la violence Ă lâencontre des enfants et les
associer dans la prise de décision;
10. Mettre en place une stratégie effective en matiÚre de prévention ;
11. Sâassurer que tous les professionnels qui sâoccupent des enfants, y
compris les cadres de la fonction publique amenés à prendre des décisions
sur toute question concernant les enfants, reçoivent une formation
adĂ©quate sur les droits de lâenfant et leur prise en charge;
12. Sâassurer que les spĂ©cialistes des enfants des diffĂ©rents services
sociaux, légaux, médicaux ou autres, soient dotés de capacités adéquates
13. Garantir lâaccĂšs Ă la justice et aux services, ainsi que
lâaccompagnement de lâenfant dans toute dĂ©marche judiciaire, y compris
par un défenseur propre, un travailleur social ou toute autre personne de
son choix ;
14. Mettre en place dans chaque pays des mécanismes indépendants de
protection des enfants, tel quâun ombudsperson des droits de lâenfant;
15. Renforcer les systĂšmes de collecte de donnĂ©es et dâanalyse, y compris
policiÚres, pénitentiaires et judiciaires
16. Renforcer les services de prise en charge des enfants, victimes et
auteurs, et des auteurs de violence, et renforcer le support adéquat des
familles et des communautés, tout en développant une politique de
gratuité à moyen et long terme des services hospitaliers pour les enfants
victimes ;
17. Elaborer un programme inter-iles de réhabilitation/réinsertion des
auteurs de violence ;
18. Promouvoir lâadoption, dans le cadre de la Commission de lâOcĂ©an
indien, dâune dĂ©claration commune aux Etats de lâOcĂ©an indien qui prend
en compte les résultats de la consultation sous-régionale.
NOUS DEMANDONS
A LA COMMISSION DE LâOCEAN INDIEN, AUX ORGANISATIONS REGIONALES
ET INTERNATIONALES, ET AUX AGENCES SPECIALISEES DE :
1. Mettre en place un programme de formation interĂ©tatique en sâappuyant
sur lâexpertise et les ressources propres Ă la rĂ©gion.
NOUS DEMANDONS
A LâOBSERVATOIRE DES DROITS DE LâENFANT DE LA REGION OCEAN INDIEN
DE :
1. RĂ©aliser et diffuser une Ă©tude sur la violence contre les enfants, entre
autres en collectant les données existantes et les bonnes pratiques et en
menant une analyse comparative des textes juridiques, tout en incluant
des recommandations pour des réformes politiques, institutionnelles et
légales ;
2. Evaluer les progrĂšs rĂ©alisĂ©s sur la lutte contre la violence Ă lâencontre
des enfants dans les pays de lâOcĂ©an indien en 2010.
Owner: Observatoire des Droits de lâenfant de la rĂ©gion OcĂ©an indien