Summary: Une des lacunes de nos dĂ©mocraties 1 Committee on the Rights of the Child Day of General Discussion State Violence Against Children Friday, 22 September 2000 â OHCHR (Palais Wilson, Geneva) Submission by Coordination des ONG pour les droits de lâenfant en Belgique francophone. 2 La violence dâEtat sur les enfants Note de la Coordination des ONG pour les droits de lâenfant en Belgique francophone MĂȘme si globalement la situation sur le plan du respect des droits des enfants en Belgique est positive et que la plupart des acteurs considĂšrent ce thĂšme comme prioritaire et fondamental, il existe un certain nombre de problĂšmes que les diffĂ©rents gouvernements de lâEtat fĂ©dĂ©ral devraient sâemployer Ă rĂ©gler. Ces aspects ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s dans le rapport alternatif des ONG rĂ©digĂ© en rĂ©ponse au rapport officiel dĂ©posĂ© par la Belgique au ComitĂ© des droits de lâenfant en juin 1999. Pour ce qui touche aux thĂšmes abordĂ©s lors de la journĂ©e thĂ©matique du ComitĂ©, la Coordination tient Ă apporter les Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion qui suivent. 1. Mauvais traitements, abus, nĂ©gligences dans la prise en charge des enfants par lâEtat Dans les discours, tout le monde soutient que les interventions de lâEtat Ă lâĂ©gard des enfants, en particulier ceux qui sont privĂ©s de leur milieu familial ou qui en sont retirĂ©s pour ĂȘtre pris en charge par des structures officielles, sont fondĂ©es sur lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant. Dans la pratique, on dĂ©plore encore trop souvent que : - un trop grand nombre dâenfant sont retirĂ©s de leur milieu familial sans que des programmes dâassistance et dâaide aux familles puissent ĂȘtre mis en place. La pauvretĂ© des familles, le manque de logements ou lâinadĂ©quation du logement sont encore trop souvent Ă la base de dĂ©cisions de sĂ©paration des familles. Trop peu dâattention est consacrĂ©e aux programmes de prĂ©vention et aux alternatives au placement ;$ - pendant le placement des enfants, on dĂ©plore encore rĂ©guliĂšrement un manque dâinvestissement dans un travail visant Ă maintenir les contacts entre lâenfant et sa famille. Maltraitance dâenfants : les programmes de lutte contre ces phĂ©nomĂšnes sont inadĂ©quats en ce quâils crĂ©ent bien souvent plus de problĂšmes quâils nâen rĂ©solvent. Une rĂ©glementation rĂ©cente en CommunautĂ© française de Belgique impose Ă tout intervenant de porter connaissance dâune « instance compĂ©tente » (non correctement dĂ©finie) des faits de maltraitance dont ils sont avertis. Cela favorise la dĂ©mission des services dâaide, souvent plus soucieux de protĂ©ger eux-mĂȘmes que dâaccorder une aide adĂ©quate. Niveau de vie : un grand nombre dâenfants et de familles vivent dans la pauvretĂ©. Le rapport rĂ©cent de lâUNICEF concernant la pauvretĂ© dans les pays riches a remis cette problĂ©matique en lumiĂšre de maniĂšre particuliĂšrement fondĂ©e. Pourtant, le systĂšme de sĂ©curitĂ© sociale est trĂšs dĂ©veloppĂ© en Belgique. De trĂšs nombreuses formes dâintervention sociales existent pour divers « risques » sociaux. Cependant, un certain nombre de personnes ne parviennent pas Ă bĂ©nĂ©ficier de ces interventions ou celles-ci ne leur permettent que de survivre. Des familles et particuliĂšrement des enfants en font parties. En outre, une catĂ©gorie de personnes au moins est carrĂ©ment exclue de tout systĂšme de protection sociale : les familles en sĂ©jour illĂ©gal. Or, elles rĂ©sident bien sur le territoire mais lâEtat ne se reconnaĂźt aucune obligation Ă leur Ă©gard, au mĂ©pris de lâarticle 27 de la CIDE. 3 Dans ces trois exemples, placement, maltraitance, niveau de vie, lâintervention de lâEtat est soit malencontreuse, soit contre-productive, soit encore source dâexclusion. Câest pourquoi, nous recommandons que des politiques plus adĂ©quates de soutien aux familles les plus pauvres soient mises en place, qui sâattachent Ă rĂ©pondre aux vĂ©ritables besoins de ces familles. Câest la mise en Ćuvre rĂ©elle de lâarticle 27 §§ 1 Ă 3 de la C.I.D.E. relatif au droit Ă un niveau de vie dĂ©cent qui garantira le droit de lâenfant Ă vivre dans son milieu familial et qui permettra que les conditions matĂ©rielles soient source de maltraitance. Ceci implique de sortir du cadre de la politique de lâaide Ă la jeunesse pour apporter des solutions en terme de logement, de santĂ©, de scolaritĂ©, etc, 2. Violence de lâEtat dans le contexte du maintien de lâordre public Loi sur la protection de la jeunesse : lâemprisonnement des mineurs et lâusage de stupĂ©fiants La Belgique est Ă la recherche d'un modĂšle de justice pour les enfants en conflit avec la loi. Tentant de rompre avec une philosophie rĂ©habilitative qui, en pratique, s'est vue fortement rĂ©amĂ©nagĂ©e dans le sens d'une repĂ©nalisation assortie de garanties juridiques plus claires, la tendance gĂ©nĂ©rale et convergente se dessinant dans les discussions actuelles est l'adoption d'un modĂšle dit « sanctionnel ». Les ONG pensent que le dĂ©fi majeur pour cette opĂ©ration rĂ©side dans la question des droits Ă©conomiques et sociaux des jeunes. En effet, le filet protectionnel abandonnĂ© en faveur d'une responsabilitĂ© pĂ©nale des mineurs, cette question du dĂ©veloppement d'une politique sociale Ă©mancipatrice se pose avec davantage d'acuitĂ©. "Un droit sanctionnel mĂȘme rĂ©parateur nous mĂšnera Ă des dĂ©rives s'il se dĂ©veloppe de maniĂšre isolĂ©e" Dans ce contexte, deux phĂ©nomĂšnes continuent Ă inquiĂ©ter : dâune part le recours toujours aussi important Ă la privation de libertĂ© pour des mineurs (dans des centres fermĂ©s spĂ©cialisĂ©s, dans des prisons pour une courte durĂ©e ou en prison avec bien souvent des adultes quand le juge de la jeunesse a renvoyĂ© lâaffaire devant une juridiction pour adultes) et la politique en matiĂšre de stupĂ©fiants. Alors que tout indique que le recours aux stupĂ©fiants augmente chez les jeunes mais quâil sâagit avant tout dâun phĂ©nomĂšne de sociĂ©tĂ©, lâEtat belge est incapable dâimaginer dâautres formes de rĂ©action Ă lâusage de stupĂ©fiants quâune pĂ©nalisation. Les actions de prĂ©vention voire de tolĂ©rance Ă certaines formes dâutilisation de stupĂ©fiants restent embryonnaires ou au stade expĂ©rimental (alors quâune forme de « dĂ©pĂ©nalisation » de lâusage privĂ© de drogues douces existe pour les adultes.. Lâenfermement des mineurs Ă©trangers en centres fermĂ©s MalgrĂ© les dispositions de la Convention internationale relative aux droits de lâenfant et la Convention europĂ©enne des droits de lâHomme, la Belgique procĂšde encore Ă lâenfermement de mineurs dâĂąge demandeurs dâasile ou en sĂ©jour irrĂ©gulier en centres fermĂ©s. Il sâagit dâune privation de libertĂ© qui nâest motivĂ©e par aucun autre Ă©lĂ©ment que la situation de sĂ©jour. Bien plus, une expertise mĂ©dico-psychologique a dĂ©montrĂ© que des enfants enfermĂ©s dans ces conditions subissent un traumatisme grave et difficilement rĂ©parable. Dans le mĂȘme ordre dâidĂ©e, dâautres droits de ces enfants sont bafouĂ©s : le droit Ă lâenseignement, le droit au loisirs, le droit Ă 4 la participation, ⊠Il sâagit probablement dâune des plus graves formes de violation des droits de lâenfant perpĂ©trĂ©e par la Belgique acutellement. La pĂ©nalisation de phĂ©nomĂšnes sociaux : dĂ©crochage scolaire, fugues Une autre forme de lâimportance accordĂ©e Ă une rĂ©ponse Ă caractĂšre sĂ©curitaire plutĂŽt que sociale concerne certains phĂ©nomĂšnes sociaux tels que le dĂ©crochage scolaire ou les fugues. Ici aussi, la tendance est Ă une rĂ©action policiĂšre alors que des moyens prĂ©ventifs et sociaux nâont pas nĂ©cessairement Ă©tĂ© mis en place. Ces dĂ©rives sĂ©curitaires ont en outre pour consĂ©quence que les confrontations entre les jeunes et la police devient trĂšs conflictuelle et source dâengrenages et surenchĂšres. Cela dĂ©bouche sur des provocations mutuelles au point que Ă certaines pĂ©riodes et dans certains quartiers, les jeunes ne sont plus capables de voir la police comme les gardiens de la paix publique mais plutĂŽt comme la cause de certains conflits. 3. Conclusions La plupart du temps, les politiques sont envisagĂ©es dans un esprit positif ou avec dâexcellentes intentions mais finissent par aboutir Ă lâeffet inverse de celui espĂ©rĂ©. Manifestement, une des lacunes de nos dĂ©mocraties occidentales rĂ©side dans la difficultĂ© de se donner les moyens dâappliquer correctement les lois, dâen Ă©valuer lâapplication au regard des intentions premiĂšres et surtout de traduire un certain nombre dâintention, la plupart du temps louables, en actes concrets et positifs. Câest pourquoi, la Coordination des ONG prĂ©conise, Ă la suite des recommandations du ComitĂ© des droits de lâenfant, la mise sur pied dâune structure permanente de contrĂŽle de lâapplication de la Convention relative aux droits de lâenfant, Ă tous les niveaux. Pour la Coordination des ONG pour les droits de lâenfant, BenoĂźt VAN KEIRSBILCK
occidentales réside dans la difficulté
dâappliquer correctement les lois,
dâen Ă©valuer lâapplication au regard
des intentions premiĂšres et surtout
de traduire un certain nombre
dâintention, la plupart du temps
louables, en actes concrets et
positifs.
La violence dâEtat sur les enfants
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