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Summary: PLUMTREE, Zimbabwe, 2 sep (IPS) - Un nouveau type de migration est en cours au Zimbabwe.
Alors que dans le passé les gens traversaient les frontières pour se rendre en Afrique du Sud et au Botswana pour chercher du travail et échapper à leur situation répressive, aujourd'hui une migration silencieuse des enfants séropositifs à la recherche d’un traitement anti-rétroviral (TAR) est en train de se produire. Les profondes plaines rurales de Ndolwane, à Plumtree dans le sud-ouest du Zimbabwe, partagent une frontière avec le Botswana. Et de là, un nombre croissant de familles amènent leurs enfants séropositifs au Botswana et en Afrique du Sud à la recherche du TAR. Cela, signalent certaines organisations confessionnelles (FBO), a été stimulé par les longues listes d'attente pour obtenir les anti-rétroviraux (ARV) au Zimbabwe, où les programmes gouvernementaux pour fournir des médicaments gratuits aux malades du VIH n’arriveraient pas à répondre à la demande. "Voilà comment les gens sont désespérés de pouvoir fournir un traitement à leurs enfants", a déclaré Khumbulani Khaphela, pasteur d'une église évangélique travaillant dans les zones rurales de Plumtree. "Certaines familles, après avoir appris que d'autres ont envoyé leurs enfants à travers la frontière, nous ont contactés pour les aider à s’y rendre aussi", a-t-il expliqué. Les églises sont censées financer les voyages médicaux comme faisant partie de leur contribution aux efforts visant à sauver la vie des enfants séropositifs. Les habitants de Plumtree ne sont pas étrangers à la migration. Des hommes et femmes ont été obligés de quitter leurs villages frappés par la pauvreté puisque le manque d'accès à l'eau courante, l’augmentation du chômage, le manque de soins médicaux et une litanie de malheurs frappent durement les communautés rurales. Des milliers de gens ont quitté leurs maisons pour aller travailler au Botswana et en Afrique du Sud tout en envoyant une partie de leurs revenus à leurs familles. Mais cette migration, déclarent les chercheurs sur le VIH/SIDA et les aînés locaux, a contribué à la propagation du virus puisque les maris vivant et travaillant loin de leurs femmes et familles se sont engagés dans des relations sexuelles extraconjugales et sont rentrés au pays séropositifs. Cela a entraîné la naissance de plusieurs enfants séropositifs. La migration vers les pays limitrophes à la recherche d’un soin médical pour les enfants a également été partiellement alimentée par le nombre croissant de citadins séropositifs qui envahissent les zones rurales pour obtenir un TAR. Ils ont cherché un traitement dans les hôpitaux ruraux où les listes d'attente pour les ARV sont considérées comme étant plus courtes que celles dans des grandes villes comme Bulawayo. Toutefois, les FBO disent qu’il y a eu aussi des informations selon lesquelles des parents des centres urbains, comme Bulawayo, ont eu également recours au transport de leurs enfants vers les pays voisins pour un traitement. "Selon ce que nous entendons, il est facile pour les enfants atteints de la tuberculose et du VIH d’être traités dans les hôpitaux publics sud-africains", a déclaré Josphat Dakamela, un aîné de village à Plumtree. "Que pouvons-nous faire? Tout le monde sait qu'il n'y a pas de médicaments dans le pays [au Zimbabwe], alors ce qui se passe ici n'est pas une surprise". Ce, malgré les assurances données par les autorités que les infections à VIH continuent de diminuer dans ce pays pauvre d'Afrique australe. Bien que le gouvernement du Zimbabwe offre un traitement anti-rétroviral gratuit, cela est difficile à obtenir pour beaucoup de personnes vivant avec le virus étant donné que les malades aussi doivent passer par une sélection rigoureuse avant d'être placés sur de longues listes d'attente pour le TAR. Selon un rapport des Nations Unies, pour les quelque 160.000 enfants vivant avec le VIH au Zimbabwe, seulement un sur 16 a accès aux médicaments qui prolongent la vie. Les activistes anti-SIDA affirment que les ressortissants zimbabwéens travaillant dans les pays voisins ont évité de rechercher un traitement là-bas parce qu'ils n'ont aucun statut juridique et craignent d'être expulsés. Mais pour les jeunes enfants la situation est différente puisque les gouvernements sud-africain et botswanais tentent de fournir des soins de santé gratuits pour tous les enfants dans le cadre de leurs propres engagements aux Objectifs du millénaire pour le développement. "Beaucoup savent que le traitement des enfants dans les pays où ils se sont installés est gratuit et ils ont profité de cela pour y envoyer les enfants malades", a souligné Khaphela. Ces parents sont aidés par l'existence des opérateurs de transport transfrontalier qui depuis des années exploitent les postes frontaliers poreux pour amener des Zimbabwéens en Afrique du Sud puisqu’ils cherchent du travail. Maintenant, ils aident aussi les enfants séropositifs. "Faire passer les gens par la frontière n'a jamais été un problème, mais amener les enfants de six ans en Afrique du Sud pour un traitement est quelque chose de nouveau", déclare Mongameli Sibanda, un transporteur transfrontalier. Il affirme que certains des enfants qu'il transporte sont visiblement en mauvaise santé. Cela a ajouté une urgence à son travail plus que par le passé. Maintenant, ses courses transfrontalières sont critiques parce qu’il file pour amener les enfants en Afrique du Sud. "C’est triste que nous ayons des enfants qui recherchent un traitement en dehors du pays. Ces choses doivent être faites ici [au Zimbabwe]", a fait observer Sibanda. Dans le passé, les agents de santé de première ligne se sont plaints du fait que des parents zimbabwéens ont attendu trop longtemps avant de rechercher un traitement pour les enfants vivant avec le VIH. Mais cela est en train de changer lentement dans certaines zones rurales. Ces circonstances désastreuses sont en effet amplifiées chez des populations rurales comme celles de Plumtree, qui font face à la crise en traversant la frontière en quête d’un traitement. (FIN/2010)
pdf: http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=6081