Soumis par crinadmin le
SANAA, 2 juillet 2008 (IRIN) - Le Conseil suprême de la maternité et de l’enfance (CSME), un organisme public, a élaboré un plan d’action national destiné à mettre un terme à la pratique des mutilations génitales féminines/excisions (MGF/E) au Yémen. Ce plan (le premier en son genre au Yémen) vise en premier lieu à réduire la prévalence des MGF/E de 30 pour cent d’ici à 2012. Il doit encore être soumis à l’approbation du Cabinet, mais il a déjà été débattu lors d’un atelier, le 24 juin, auquel participaient 65 représentants d’agences des Nations Unies, du gouvernement, des bailleurs de fonds et de la société civile. Selon une nouvelle étude inédite sur cette pratique, présentée au cours de l’atelier, les MGF/E sont pratiquées dans cinq des 21 gouvernorats du Yémen ; le gouvernorat d’al-Hodeidah affiche un taux de prévalence de 97,3 pour cent, celui d’Hadhramaut, de 97,3 pour cent, celui d’al-Mahrah, de 96,5 pour cent, celui d’Aden, de 82,2 pour cent, et celui de Sanaa, de 45,5. Réalisée par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le centre de recherche sur le développement sexospécifique (CRDS) de l’université de Sanaa et l’Union des femmes yéménites, cette étude distingue quatre types de MGF/E, selon la classification établie par l’Organisation mondiale de la santé. La plus courante est celle de type 2 (ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres), observée dans 83 pour cent des cas étudiés. Les MGF de type 1 (ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce) représentent 13 pour cent des cas. Dans le cadre d’une étude démographique réalisée en 1997, il avait été découvert que 23 pour cent des femmes et des fillettes avaient subi des MGF/E, dont 69 pour cent dans les régions situées le long du littoral ; 15 pour cent dans les montagnes ; et cinq pour cent dans les régions désertiques et dans les hautes terres. Nouvelles politiques Selon le plan, le ministère de la Santé doit prendre des arrêtés municipaux, instaurer des codes de conduite et adopter des politiques de lutte contre les MGF/E : toutes les formes de MGF/E doivent être interdites ; la question des MGF/E doit être abordée dans le cadre du programme scolaire ; les médias et les leaders des communautés doivent diffuser des messages de lutte contre les MGF/E ; et les dignitaires religieux doivent dissocier les MGF/E de la religion. Les professionnels de la santé doivent prêter le serment de ne pas pratiquer de MGF/E ; les adolescents et les enfants doivent contribuer à sensibiliser les populations aux dangers des MGF/E, et les leaders des communautés doivent décourager cette pratique. Des campagnes médiatiques doivent également être menées au sein des communautés qui pratiquent encore les MGF/E, et des points de convergence doivent être établis dans les gouvernorats. Dans la plupart des cas, selon Hosnia el Qaderi, directrice exécutive du CRDS, les MGF/E sont imputables aux traditions religieuses et culturelles. « Mais le saint Coran ne parle à aucun moment de MGF/E. [Malgré tout, les gens] pensent que les MGF/E permettront de garantir la chasteté de la femme et la préserveront de la perversion », a-t-elle expliqué à IRIN. D’après Mme el Qaderi, dans 99 pour cent des cas, la MGF/E est pratiquée entre 7 et 10 jours après la naissance (tout comme la circoncision), mais elle provoque souvent des complications de santé : « Les MGF/E provoquent souvent des saignements, étant donné que les organes génitaux sont composés d’un grand nombre de vaisseaux sanguins. Beaucoup de femmes ont dit qu’elles avaient perdu leurs filles au cours de l’excision. Mais les décès qui ont lieu au domicile des intéressées ne sont pas enregistrés ». En 2001, le ministère de la Santé avait interdit que les MGF/E soient pratiquées dans les centres de santé publics et privés.