Soumis par Louise le
[ 22 juin 2015 ] â Une magistrate canadienne a Ă©tĂ© nommĂ©e lundi Ă la tĂȘte dâune commission indĂ©pendante qui enquĂȘtera sur la façon dont lâONU a gĂ©rĂ© lâaffaire dâagressions sexuelles prĂ©sumĂ©es dâenfants par des soldats français et africains en RĂ©publique centrafricaine (RCA). Cette commission dâenquĂȘte externe sera prĂ©sidĂ©e par Marie Deschamps, ancienne juge Ă la Cour suprĂȘme du Canada. Ses deux autres membres seront Hassan Jallow (Gambie), procureur du Tribunal international pour le Rwanda, et Yasmin Sook, directrice de la Fondation pour les droits de lâHomme en Afrique du sud. Marie Deschamps avait remis en avril Ă son gouvernement un rapport sur les agressions sexuelles dans les forces armĂ©es canadiennes.
Selon le porte-parole de lâONU StĂ©phane Dujarric, ces experts « travailleront de maniĂšre indĂ©pendante » et auront libre accĂšs aux documents et au personnel de lâONU. Il a soulignĂ© que les personnes qui accepteront de tĂ©moigner devant la commission « seront protĂ©gĂ©es des reprĂ©sailles » et les a encouragĂ©es Ă contacter les experts directement. La commission commencera son travail en juillet et espĂšre rendre ses conclusions dans un dĂ©lai de dix semaines.
Sa mission sera « de passer au crible la rĂ©ponse de lâONU aux accusations dâexploitation et dâabus sexuels par des forces militaires Ă©trangĂšres non placĂ©es sous le commandement de lâONU, et dâĂ©valuer la validitĂ© des procĂ©dures en vigueur » pour ce genre dâaffaires. Les Nations unies ont Ă©tĂ© vivement critiquĂ©es pour leur lenteur Ă rĂ©pondre Ă des allĂ©gations dâabus sexuels trĂšs graves commis sur des enfants en RCA entre dĂ©cembre 2013 et juin 2014. Ces accusations, qui visent notamment 14 soldats français, font lâobjet dâune enquĂȘte judiciaire en France. LâONU a aussi Ă©tĂ© accusĂ©e dâavoir sanctionnĂ© un fonctionnaire qui avait, de sa propre initiative, transmis un rapport aux autoritĂ©s françaises pour les alerter.
Les enfants, ĂągĂ©s de 8 à 13 ans, auraient Ă©galement Ă©tĂ© violĂ©s par des soldats du Tchad et de GuinĂ©e Ă©quatoriale. Les militaires français faisaient partie de lâopĂ©ration Sangaris menĂ©e par la France en RCA et nâĂ©taient pas sous le commandement de lâONU. Des Casques bleus sont par ailleurs mis en cause dans un rapport interne de lâONU pour avoir Ă©changĂ© de lâargent ou des tĂ©lĂ©phones contre les faveurs sexuelles de centaines de femmes en HaĂŻti et au Liberia. Pour Ă©viter de tels abus, un rapport dâexperts publiĂ© mardi prĂ©conise dâĂ©carter des missions de maintien de la paix les pays bafouant les droits des enfants ou de dĂ©noncer les pays contributeurs de troupes qui ne prennent aucune sanction face Ă de tels actes.
Plus d'informations
- Communiqué de l'ONU (Centre d'actualités de l'ONU, 22 juin 2015)
- Tout l'historique de l'affaire (en anglais) : The UN's Dirty Secret: The untold story of child sexual abuse in the Central African Republic and Anders Kompass (Code Blue Campaign, 29 mai 2015)
- Un résumé de l'affaire dans le CRINmail (CRIN, 8 mai 2015)
- Lettre de plusieurs ONG Ă Ban Ki-moon, lui demandant plus de transparence (CRIN, 6 mai 2015)
- Centrafrique : 13 soldats français soupçonnés d'abus sexuels sur des enfants (Le Monde, 30 avril 2015)
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